Brume persistante,
visibilité nulle et vent inexistant passant Sud pour 1 à 3 nœuds, Saint Pierre
semble s’opposer à notre appareillage et cherche à retenir davantage les « mailloux(1) ». Qu’importe
l’AIS(2) et le RADAR seront nos yeux et les brises diesel prendront
le relais, avec parcimonie, en attendant le retour d’Eole. Il ne boudera pas
sur 1200 nautiques sauf à être damné !
Quatre jours durant le brouillard perdure, d’intensité
variable selon le moment de la journée. Eole paresse, fait des caprices et souffle peu. Tantôt sous voile, tantôt sous voile et moteur
Philéas progresse cahin-caha. Nous avons en tête la carte des naufrages remise
par Enrique le directeur du port de Saint Pierre et ne tirerions aucune gloire
à y voir apparaître le nom de nos voiliers ! Les grands bancs de Terre Neuve ne sont pas
un endroit de villégiature où s’attarder. Nous mettons quatre jours et quatre
nuits à nous en extirper. Les températures de l’eau et de l’air reprennent de
l’altitude. Le rideau se lève et gomme notre myopie. Notre vision dépasse enfin
le bout de notre étrave. Les poissons volants
réapparaissent, les océanites tempêtes frôlent de nouveau la surface de la mer
à la tombée du jour, le soleil rend à l’Atlantique sa belle couleur bleue et
les fonds abyssaux garantissent de l’eau sous les quilles(3)….. Si
les poissons boudent encore nos lignes de traîne, réfrigérateur et cambuse
encore bien garnis nous autorisent quelques délais pour savourer notre premier
poisson cru ou notre premier sashimi.
La nuit une myriade d’étoiles
illumine le ciel. Par mer plate elles se reflètent sur un plan d’eau lisse
dénué de la moindre petite ride : un vrai miroir ! La voie lactée
apporte la touche finale à ce tableau, parfait modèle des précis d’astronomie,
tandis que les planctons bioluminescents réveillés par leur contact un peu
brutal avec la coque jaillissent de chaque bord de Philéas : un vrai feu
d’artifice naturel détonant de beauté. A la poupe Philéas laisse dans son
sillage une large bande bioluminescente encadrée de multiples petits cercles
blancs.
24 heures avant notre arrivée aux
Açores, Eole sort enfin de sa léthargie et tourne au nord-est, la mer se joint
à la partie et rend les conditions de navigation plus mouvementées. Cirés et
bottes testent avec assiduité la
salinité des embruns mais au moins nous filons.
Le 11 août, dix jours après notre
départ de St Pierre, Florès se dresse devant nous mais le vent taquin nous
refuse un accès direct à l’unique port de l’île. Nous tirons des bords avant
d’embouquer la passe étroite bordée de rochers débouchant sur Lajès. A
l’intérieur le ressac incessant ballote les bateaux amarrés aux catways(4),
certaines aussières consentent(5). Pour notre première nuit à quai
nous sommes bercés, parfois un peu brutalement. Mais qu’importe nous sommes à
l’abri et heureux de retrouver les cinq autres voiliers de la dernière garde
MédHermione.
Le bilan de cette demi-traversée de
l’Atlantique est plutôt positif ; le vent, certes, nous a souvent fait
défaut mais aucun cyclone, aucune dépression ne sont venus chatouiller nos
coques et nos gréements ni malmener les équipages.
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Beauté sauvage |
Depuis 2012, année de notre précédent
passage, Florès a su garder son authenticité, sa nature encore vierge et
exubérante. L’île aux fleurs regorge de trésors naturels et comble ses
visiteurs. Les paysages rivalisent de beauté sauvage qui laisse sans voix.
Lacs, cascades, piscines naturelles, flore abondante font de cette petite île un
vrai joyau, encore préservé de la main destructrice des promoteurs immobiliers.
Seuls les hortensias ont perdu de leur superbe en ce mois d’août ; la
période de floraison est écoulée et seules quelques boules encore bleues
témoignent de l’explosion florale
passée. Florès doit son nom à la diversité de ses plantes, 850 variétés y
abondent dont 56 endémiques : canas rocas, fort jolies bien que ruinant
l’écosystème local, strelitzias, belladones, cubres –fleurs jaunes qui
recouvraient l’île lors de sa découverte- pour ne citer que celles-là.
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Poissons offerts par les pêcheurs de Florès |
Impossible de parler des Açores sans
insister sur la gentillesse, l’hospitalité et la serviabilité des Açoréens. Comme bien souvent dans les îles Portugaises,
les services sont rendus sans compter et avec empressement. Nous y sommes d’autant plus sensibles que bien
souvent les plaisanciers sont considérés comme une source de profits et
l’amabilité est une option d’autant plus rare que le site est touristique. En signe de bienvenue les pêcheurs de Florès côtoyés
sur les quais nous offrent généreusement et à plusieurs reprises quelques
poissons. « C’est la tradition ici à
Florès » est leur réponse à notre étonnement.
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Fresque MédHermione |
La mer s’est calmée et le fameux
anticyclone des Açores a dompté le vent, un peu trop d’ailleurs ! Avant de
laisser l’île aux fleurs à sa quiétude, nous immortalisons notre passage à Lajès ; Marco du voilier
Black Niboune a peint une fresque sur un mur de protection du port. Le nom des
six voiliers de l’arrière garde vient compléter le tableau(6).
Lajès de Florès est aussi le lieu de
débarquement d’Alain après 9 mois et demi passés à bord, 9 mois et demi de compagnonnage et de souvenirs communs.
Nathalie embarque à son tour avec sa bonne humeur et son éternel sourire. Après
quelques jours consacrés au tourisme vert et aux plaisirs des yeux, l’équipage
renouvelé appareille de Florès en direction du sud, à la conquête des Açores.
Horta, sur l’île de Faial, est notre
dernier lieu de regroupement avant le retour de la flottille à Toulon. Pour
notre plus grand plaisir l’été açoréen nous offre un ensoleillement exceptionnel
et des températures propices à la baignade. Les équipages s’affairent sur les
pontons, effectuent des travaux de maintenance indispensables, les plus curieux
s’adonnent au tourisme ou encore se retrouvent autour d’un verre chez Peter au
mythique café sport. Henrique Azevedo a ouvert ce bar en 1918, ses descendants
ont repris le flambeau ; José –dit Peter- en a fait un lieu mythique, un
lieu convivial de rencontres, d’échanges, d’entraides entre marins.
Aujourd’hui
l’emblématique Café Sport vit de sa
notoriété mais l’esprit « Peter » n’est plus au rendez-vous. José
Henrique, 3ème génération a
de toute évidence sombré dans des logiques commerciales. Si le Café Sport
a perdu son âme, les navigateurs s’y arrêtent toujours pour y effectuer un pèlerinage ou par simple curiosité.
L’heure de l’appareillage a sonné
pour cinq des six voiliers encore sur zone, pressés de rejoindre leur port base.
Seul Philéas entend profiter davantage de la douceur de vivre de l’archipel et
des paysages d’une grande beauté.
Pour davantage
d’informations sur FLORES et sur FAIAL, consultant l’article de juillet 2012 de
mon blog en cliquant sur le lien : Archives 2012
Nous ne nous attardons pas à Faial que nous avons eu
l’occasion de visiter en 2012 et mettons le cap sur São Jorge situé à 20
nautiques d’Horta. Toute en longueur -55 kilomètres pour 7 km de large- sa
silhouette est facilement identifiable. L’île est une longue falaise parcourue
sur toute son étendue par une route à 800 m d’altitude. Nous accostons dans le
petit port de Velas. José, le maître de port, nous attend sur le quai prêt à
réceptionner nos aussières. Son accueil est si amical que l’espace d’un
instant, je me laisse à penser qu’il connaît déjà l’un d’entre nous. Mais non,
José a naturellement le sens de l’hospitalité. La marina a un petit côté
familial qui donne envie de s’y éterniser. Velas, ville principale de São
Jorge, avec ses petites ruelles pavées ont un certain charme. Il est plaisant
d’y flâner en observant les façades des maisons. Une légende raconte qu’un jour, un navire pirate
sombra dans les parages avec toute une cargaison de bougies dispersant sa
cargaison flottant sur la mer. Le bourg en aurait tiré son nom : « la ville des bougies ».
L’île est un paradis pour le marcheur invétéré comme pour le
promeneur du dimanche. Des pâturages riches et verdoyants couvrent la
quasi-totalité de l’île : hortensias, bruyères, fougères et belladones
pour les fleurs, châtaigniers, pins, eucalyptus, hêtres, liquidambars, cryptomerias
du Japon... Le cadre exubérant de São Jorge permet de découvrir des panoramas
fantastiques, du sommet des falaises dont les flancs plongent vertigineusement
dans la mer ou sur les fajãs, surfaces planes qui s’étendent jusque dans
l’océan.
Les fajãs, véritables symboles de l’île –on en compte 46 dont 30 sur
la côte nord- sont issues des éruptions volcaniques du centre de l’île dont la
lave s’est répandue sur la mer ou alors d’affaissement de terrain suite à des
secousses sismiques. Elles ont été transformées en vergers fertiles, en champs
de cultures d’ignames, de maïs, de légumes. Le café, le thé et les fruits
tropicaux (bananes) poussent sur celles qui bénéficient de microclimats très
favorables.
Les fajãs sont particulièrement fertiles sur la côte Sud moins
élevées et plus exposées au soleil. Sur la côte nord elles sont toutes petites
et se situent au fond de ravins de plusieurs centaines de mètres de profondeur
dont certains abritent des lagunes d’eau cristalline. La plupart de ces fajãs
ont été abandonnées après le séisme de 1980. A l’est et à l’ouest s’ouvrent des
précipices escarpés. De ces sommets dévalent des ruisseaux qui se transforment
vite en impressionnantes cascades dont le saut atteint des dizaines de mètres
avant d’exploser à la surface de l’océan. Ici et là des belvédères ont été
aménagés pour goûter au charme des côtes escarpées et des cascades qui dégringolent le flanc des
falaises.
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Piscine naturelle |
A São Jorge tout est émerveillement pour les yeux. Plus loin des
piscines naturelles comblent les amateurs de baignades dans un cadre sauvage,
tantôt entre des massifs de pierres volcaniques, tantôt avec une vue
extraordinaire sur les cascades.
Les paysages et la beauté sauvage de São Jorge resteront
gravés dans nos mémoires et nos palais se souviendront longtemps du fameux
fromage de l’île. Et oui les Français que nous sommes, sevrés depuis plusieurs mois de vrais fromages,
apprécient enfin la saveur d’un vrai fromage goûteux. Le fromage traditionnel
pèse environ 10 kg. Il est obtenu à partir de 100 litres de lait de vache (lait
entier non pasteurisé). Il sèche pendant un mois dans des caves naturelles puis
pendant deux mois dans des caves d’affinage climatisées. Il existe aussi un
fromage spécial plus âgé de 4 ou 5 mois au goût plus prononcé.
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Fromagerie Canada |
La production de
l’île s’élève à environ 2 400 tonnes par an. Cependant les petites
fabriques traditionnelles ferment les unes après les autres et se regroupent
dans des coopératives pour des raisons de rentabilité. A l’issue d’une journée
de tourisme bien remplie nous faisons un détour par la fromagerie familiale « Canada » pour en vérifier les
horaires. Surprise, à pratiquement 20h00 le maître fromager est encore à la tâche.
Avec plaisir il nous invite à une visite commentée de ses caves et nous fait
déguster de généreux morceaux de son fromage à différentes phases d’affinage. C’est
avec un petit fromage de 3,5 kg que nous quittons São Jorge en direction de
Terceira, l’île voisine distante d’une cinquantaine de nautiques.
Nous naviguons la nuit et arrivons au petit matin. La marina
est remarquablement bien située, au pied de la ville dont le centre historique
est classé au patrimoine de l’humanité depuis 1983 par l’UNESCO.
Angra do Heroismo se distingue tant pour avoir été la
première ville au milieu de l’Atlantique, que pour son architecture remarquable.
La cité se caractérise par son plan rigoureux tracé au XVI° siècle, un quadrilatère
linéaire suivant le modèle d’architecture renaissance espagnole, scrupuleusement
respecté depuis, -avec une orientation nord-sud pour s’abriter des vents
dominants du quart ouest- ainsi que par son harmonie. Détruite à 80% par un séisme de 23 secondes -7,8 sur l’échelle
de Richter- il n’a fallu que 10 ans pour la remettre sur pied. Dans sa zone historique presque toutes les
constructions datent des XVII° et XVIII° siècles.
Terceira entourée
d’une route circulaire principale est traversée par une multitude de routes
secondaires. Comme dans toutes les îles des Açores, disposer, sans réservation,
d’un véhicule en juillet et en aout relève d’une gageure ; le parc
automobile n’est pas très important. La navigation à la voile sujette aux aléas
de la météo ne se prête pas vraiment à l’anticipation de ce genre de besoin.
Conséquence : nous devons attendre qu’un véhicule se libère pour parcourir
les routes de Terceira et empruntons les bus locaux pour nous rendre à
Biscoitos.
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musée de Biscoitos |
Dans ce petit village un musée très intéressant évoque
l’histoire séculaire de la production de Verdelho
et expose diverses antiquités relatives au travail de la vigne : cordes en
nerf de bœuf, de baleine et en poil de queue de vache, pressoirs et tuiles de
Marseille. Notre guide, passionné, nous relate l’histoire de la vigne à
Biscoitos, des cépages locaux à l’importation des cépages des Etats-Unis moins
bien adaptés au terroir açoréen et sujets à la philoxera, de la création par
greffes d’une variété hybride plus résistante…. Notre guide est
intarissable. Notre visite se termine bien entendu par une dégustation.
Biscoitos abrite aussi une vaste piscine naturelle, la baie
des Colombes, située au milieu de couches de lave provenant d’anciennes
éruptions volcaniques. Sur cette partie la plus sèche de l’île, de curieuses vignes
les curraletas, poussent sur des terrains désolés grâce à des murets de pierres
qui les protègent créant un microclimat. Elles produisent un vin qui ne titre
pas moins de 14° et qui donne ensuite un apéritif doux à 17° soit un digestif
parfumé à 19°, la liqueur Angelica.
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Eglise de Sao Sebastiao |
Le jour suivant, motorisés, nous poursuivons nos séquences
découvertes et faisons une halte à São Sebastião, hameau réputé pour son église
datant de la fondation du bourg -1509-. Remaniée jusqu’au XVI° siècle elle
présente un portail et d’intéressantes fresques gothiques uniques aux Açores,
découvertes en 1930. Un petit restaurant, recommandé à juste titre par
les guides touristiques, nous retient quelques heures pour la dégustation de
plats typiques de Terceira. Le menu du jour affiche « soupe du Saint Esprit et Cozido »,
-sorte de pot au feu- suivis de
l’ « alcatra », viande
cuite dans un four à pains pendant plus de 7 heures et en dessert excellent riz
au lait. Dès le premier plat nous sommes rassasiés, le serveur insiste pour que
nous goûtions l’« alcatra ».
Comment refuser une spécialité locale, nous nous inclinons… Et pour finir ce repas de communion il nous
apporte le dessert avec un large sourire.
|
grotte de Natal |
Plus enclins à
succomber à une sieste digestive qu’à faire du tourisme nous poursuivons
néanmoins notre circuit vers l’intérieur de l’île. La route serpente au milieu
de cryptomerias et de massifs d’hortensias. Nous parvenons à la grotte de
Natal, tunnel de lave d’environ 700 mètres de longueur. Le centre de Terceira
compte une quarantaine de grottes, certaines d’environ 100 mètres de profondeur
et de plus de 4 kilomètres de long. La plupart sont fermées au public pour des
raisons de sécurité.
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fumerolles de furnas do Enxoffre |
Je vous fais grâce de la description de tous les sites touristiques
de l’île et conclue rapidement par un
aperçu de la « furnas do Enxoffre ».
Un petit sentier rejoint des caves d’où s’échappent des fumerolles. Des volutes
tourbillonnent dans un paysage au milieu de nulle part. L’herbe est jaunie
presque brune pas endroit suite aux émanations de gaz.
Bien qu’en escale nous conservons toujours un œil sur les
prévisions météo qui finissent toujours par nous dicter notre programme. En l’occurrence
l’annonce d’un coup de vent contrarie la suite de nos projets. La sagesse
l’emporte, nous décidons de faire l’impasse sur São Miguel et filons
directement sur Santa Maria.
24 heures plus tard nous accostons à la petite marina de Vila
do Porto située sur la plus petite île et la plus sud du groupe oriental, Santa
Maria. Ce petit bout de terre de 17 km de long sur 9.5 km de large est une île
de contrastes. Au centre la terre est
fertile, la côte nord constamment exposée au soleil est plus désertique,
pas un arbre ne dispense son ombre et pas une vache ne trouverait à paître. Au
Sud Est des piscines naturelles attirent les estivants tandis qu’au sud, à
Praia une plage de sable …blanc est réputée pour être la plus belle des
Açores.
Le 28 août, au terme d’une quinzaine de jours de vagabondage
sous le signe du soleil (pas un jour de pluie, quelques heures tout au
plus), et de températures agréables, nous laissons, à regret, derrière nous cet
archipel recelant de trésors : population hospitalière, nature sauvage, paysages fantastiques. Quiétude, respect de
l’environnement, plaisir des yeux, paradis des marcheurs, chaleur humaine, les
qualificatifs pour décrire les Açores sont légion. L’archipel appelle à un séjour plus long, mais la saison déjà bien avancée a raison de nos envies. Il nous reste tout de même une demi-traversée de
l’Atlantique à effectuer. Le cap est mis sur Gibraltar.
au
sujet des acores
uniquement îles visitees par PHILEAS
L’archipel des Açores est constitué
d’un chapelet de neuf îles principales et fait partie de la Macaronésie,
ensemble d’îles comprenant les Açores, les Canaries, les îles du Cap Vert et
Madère. Il s’étend sur près de 600 km à environ 760 milles marins à l’ouest de
Lisbonne et 2110 milles marins à l’est des Etats-Unis.
Les Açores sont divisées en trois groupes
: l’occidental –Florès et Corvo-, le central – Terceira, Graciosa, Sao Jorge,
Pico et Faial- et l’oriental –Sao Miguel et Santa Maria-.
Les Açores sont des terres de
contrastes : les terras do pão,
littéralement « terres de pain », plaines paisibles coudoient les
montagnes embrumées et les ravins mystérieux. De récentes études menées par des
géologues allemands de l’université de Kiel ont conclu que toute la Macaronésie
est née d’un mouvement volcanique dit du Hotspot, la pointe de la plaque
euro-africaine située à 50 milles au sud-ouest de Madère. Les îles des Açores
sont apparues après les Canaries, après Porto Santo et après Madère, vers le
tertiaire moyen, sauf Santa Maria où la découverte de couches sédimentaires
accrédite sa formation pendant le miocène. La formation des îles açoréennes
remonte à environ 4 millions d’années
pour Terceira, 0,62 million pour Graciosa, São Jorge et Faial et guère plus de
300 000 ans pour Pico la cadette. La sismicité a toujours été importante,
sauf dans le groupe occidental et principalement à Pico et Faial. Ces îles sont
situées dans une zone très délicate ; trois zones tectoniques s’y
rencontrent en forme de « T » : la plaque nord-américaine (Florès
et Corvo dont le relief indique une orientation nord-sud), la plaque eurasienne
(Graciosa, São Jorge, Terceira et São Miguel) et la plaque africaine (Faial,
Pico et Santa Maria). Ainsi les deux îles occidentales attirées vers
l’ouest, se séparent du reste de
l’archipel à raison d’environ 2,50 cm par année.
Deux types d’activité volcanique ont
façonné l’étrange géographie de l’archipel. La première, de type explosif, a
formé les caldeiras comme à Faial ou à São Miguel ; le volcan s’est
effondré sur lui-même, formant un cratère évasé où repose souvent aujourd’hui
un lac en apparence paisible. Les caldeiras sont constituées de trachytes, sauf
à Corvo composé de basaltes et à Graciosa composée à la fois de trachytes et de
basaltes. La seconde activité volcanique, de type effusif, a entraîné des
coulées de lave et a formé les mistérios (mystères) au nombre de quatre à Pico - deux au sud et deux au nord-, les biscoitos
(biscuits) - paysages déchiquetés de basaltes noirs qui se dressent au bord de
la mer formant des piscines naturelles-, et les fajãs , sortes d’avancées
relativement planes nées de l’effondrement des falaises. Ces conditions
géographiques, en apparence peu avantageuses, et causes de grandes catastrophes
dans l’histoire de l’archipel, ont néanmoins permis aux hommes de
survivre : les premiers habitants
s’installèrent par exemple sur les fajãs pour cultiver café, bananes ou
pommes de terre, grâce à un climat plus doux et moins soumis aux vents
violents. La terre volcanique, très fertile, est propice à la culture. Et enfin
l’adondance du basalte a encouragé l’émergence d’une architecture bien
spécifique, tant religieuse que civile, jusque dans les adegas, ces caves en
pierres traditionnelles qu’on peut voir au nord de Pico.
De forme trapézoïdale, la petite île
de Florès est tout au bout de l’archipel des Açores, ce qui en fait le point le
plus occidental de l’Europe, une Europe étendue pour l’occasion jusqu’à son
extrême périphérie.
Florès a été pendant trois décennies
(des années 1960 à 1994) un poste avancé du Centre d’Essais des Landes de
Biscarosse. L’arrivée des Français dans cette région reculée s’accompagna d’un
certain développement logistique, économique…et social. Une route fut
construite entre Cedros et Ponta Delgada,
le premier avion atterrit en 1968, le premier hôpital ouvrit ses portes l’année
suivante. Une soixantaine de nos compatriotes vivait sur l’île de façon
permanente, mais ils n’étaient plus qu’un trentaine sur la fin. Un avion
Transal importait tous les mois des aliments de l’Hexagone : le Restaurante da Cercle –Mess de l’hôtel
baptisé « Hotel dos Franceses »
-aujourd’hui Hotel Servi Flor- était
ainsi une véritable option
gastronomique. Le prix d’un billet d’avion pour Bordeaux, sans escale, revenait
trois fois moins cher que pour Lisbonne ! La présence française se
traduisit aussi par une certaine influence artistique et culturelle :
beaucoup de gens parlent encore français sur l’île et la peinture sur soie prit
un véritable essor. Côté fromages, le
camembert, le brie ou le roquefort firent une apparition remarquée !
Pendant l’été 1993 le colonel Leclerc donna une fête pour célébrer la fermeture
de la base des Français qui perdait son sens depuis la chute du mur de Berlin
et la in de la guerre froide. Tout le monde ne se réjouit pas de ce
départ ; le commerce en pâtit lourdement. Le centre de santé, qui ne
bénéficiait plus de l’aide des médecins français, dépérit lentement. Sans
parler des quelques 34 familles portugaises dont l’un des membres
travaillait pour la base et qui se retrouvait tout à coup sans emploi !
L’île dont la forme évoque un
pentagone irrégulier est dominé par un cône volcanique, une caldeira qui
s’étale en pente douce et compose des cratères secondaires jusqu’à la mer. Son
point culminant, au Cabeço Gordo atteint 1 043 m.
Sa situation centrale dans
l’Atlantique lui assurant une position stratégique, elle concourut au
développement des relations commerciales transatlantiques (oranges, baleines…)
et aux premiers pas de l’aviation. Le premier avion qui traversa l’Atlantique passa par Horta en
1919.
En 1957, une violente éruption
volcanique sous-marine finit par former, à coups de panaches de fumées et de
jaillissements de pierres, un îlot à l’extrême nord-ouest de l’île : les
troubles sismiques durèrent presque un an. La nouvelle formation s’unit à la
côte et depuis l’érosion s’échine à rogner cette masse imposante de cendres et
de roches.
En 1998, un nouveau tremblement de
terre enregistré à 6,8 sur l’échelle de Richter provoqua de nouveaux
dégâts ; de nombreuses églises furent endommagées.
L’économie de Faial repose
aujourd’hui sur l’agriculture, les produits laitiers, l’élevage, la pêche, le
commerce et bien sûr sur le tourisme.
São Jorge est une des cinq îles du groupe central de
l’archipel. Elle est séparée de l’île de Pico de seulement 15 km.
La côte de l’île est particulièrement difficile d’accès, les
falaises atteignant plusieurs centaines de mètres de hauteur par endroit. Les
effondrements de ces falaises ont donné naissance à des terrasses basses à
proximité de la mer, appelées Fajãs. Celles-ci sont particulièrement fertiles et
leurs microclimats permettent des cultures très variées et exotiques comme le
café sur la Fajã do Vimes.
L’île compte plus de deux cents volcans de nature basaltique,
alignés sur des failles orientées nord-ouest sud-est. La zone la plus ancienne
constitue le complexe de Topo et se trouve au sud-est de São Jorge. Des
datations radiométriques lui confèrent un âge compris entre 550 000 ans et
110 000 ans.
L’île a connu deux éruptions volcaniques historiques en 1580
et en 1808. Une éruption sous-marine a été signalée au sud-ouest de l’île en
1964.
Les principales ressources sont l’élevage, la culture des
céréales et des fruits. Les autres productions importantes sont la pêche et la
fromagerie. Le fromage de l’île est le plus connu des Açores. Une large part de
sa production est exportée vers l’Amérique du Nord.
L’île, 29 km de long
et 18 km de large, de forme elliptique doit son nom au fait d’avoir été
découverte la troisième, vers 1450. Elle est également la troisième île de
l’archipel en terme de superficie. Comme ses sœurs, elle est volcanique avec
trois stratovolcans en sommeil : Cinco Picos le plus ancien, Guilherme
Moniz et Santa Barbara. Le volcan de Pico Alto, dont la caldeira est encombrée
de très nombreux dômes et de coulées de lave épaisse de nature trachytique, est
considéré comme une excroissance du volcan de Guilherme Moniz. La caldeira de
Cinco Picos est la plus large de tout l’archipel avec un diamètre de 7 km.
L’île a connu une éruption volcanique en 1761 au Pico
Vermelho et une éruption sous-marine en 1867. Entre fin 1998 et 2000 eut lieu
une seconde éruption sous-marine au large de Terceira à environ 12 km, la
dernière éruption historique aux Açores.
Les populations vivent surtout sur le pourtour de l’île, le
centre étant constitué de collines et de quelques petits lacs issus de
l’activité volcanique.
Son agglomération principale Angra do Heroismo est la
capitale historique des Açores et compte 35500 habitants. Elle est classée au
patrimoine mondial de l’Unesco pour son architecture des 16° et 17° siècles. En
1980 un tremblement de terre endommagea Angra do Heroismo causant 71 victimes.
SANTA MARIA
L’île est constituée à l’ouest
d’un plateau uniforme, érodé et dénudé. Sa partie orientale est plus accidentée
et relativement boisée. D’origine volcanique Santa Maria a connu plusieurs
phases d’édification et d’érosion depuis la fin du Miocène. Elle a également
connu des phases d’immersion liées à d’importantes transgressions marines. Son volcanisme
est considéré comme éteint aujourd’hui.
Première terre peuplée
des Açores, Santa Maria vit les premiers pionniers débarquer des caravelles en
1439, originaires de l'Algarve, de l'Alentejo ou de Beiras. Par la suite la
plupart des familles arriveront surtout de l'Algarve comme en témoignent les
cheminées caractéristiques que l'on trouve sur l'île.
En 1944 compte tenu de
l'immense intérêt stratégique des Açores, l'aéroport de Santa Maria est
construit à des fins militaires. Il sera l’étape obligée de tous les vols
transatlantiques, les avions n’ayant pas l’autonomie suffisante pour faire la
traversée d’une seule traite. Aujourd’hui le temps où Vila do Porto (la
capitale) était un point de chute dans l’archipel, est révolu. L’été quelques liaisons maritimes y sont
encore organisées. Le reste de l’année les seuls vols effectués sont entre São
Miguel et Santa Maria.
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Iles visitées par Philéas : Florès, Faial, Sao Jorge, Terceira et Santa Maria
(en 2012 Florès, Faial, Pico et rapidement Sao Miguel) |
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(1)
Mailloux :
Français ou résidants non originaires de St Pierre et Miquelon.
(2) AIS :
système d’identification automatique qui permet de connaître l’identité, le
statut et la position des navires aux alentours, mais qui permet surtout de
prévenir un risque de collision.
(3)
Philéas
a deux quilles.
(4) Catway :
un catway est un petit appontement flottant parcourant la longueur d’un bateau
amarré, destiné à la circulation des personnes. Le catway est amarré à un
ponton ou un quai.
(5) Consentir : terme marin ancien
qui signifie casser, se rompre ; on le retrouve dans un proverbe dont la
première partie est très connue des marins : « trop fort n’a jamais manqué, alors que fort
assez a parfois consenti. »
(6) Neuf
voiliers MédHermione sont passés à Florès : Black Niboune, Atène, Embellie
V pour la 1ère vague puis les six voiliers de l’arrière garde –Diadem, Abalone,
P’tit Mousse, Eraünsia, Bellatrix et Philéas-.