MARIE GALANTE - ILES DE LA PETITE TERRE ET POINTE A PITRE
L’archipel de la
Guadeloupe n’a rien perdu de sa séduction. Nous sommes sous le charme de ce
bassin de navigation hors du commun. Nous savourons chaque instant de notre
présence.
Marie Galante, la
discrète, vit au rythme de ses pêcheurs et des navettes journalières débarquant
leur flot de touristes en quête d’un rapide tour de l’île. Bien peu s’y
attardent davantage hormis les gens de mer qui y jettent l’ancre de Grand Bourg
à l’anse Canot. Le soir Marie Galante
retrouve sa quiétude et sa nonchalance pour notre plus grand plaisir.
Port de Grand Bourg - Marie Galante |
Equipée de palmes,
masque et tuba je profite de la marée basse pour explorer le platier situé à
l’est des îlots. A certains endroits les coraux sont pratiquement à fleur
d’eau, je me fraye un chemin entre les pâtés de corail, explore les cavités
dans lesquelles se cachent de timorés diodons porc-épics aux aguets. Les
poissons coffres moutons, aux corps rigides en forme de fer à repasser ont une allure
singulière. Leur carapace de plaques osseuses hexagonales ne laisse de passage
que pour la bouche, l’anus, les narines, les ouvertures branchiales et les
nageoires. En abondance des chirurgiens bleus, des girelles, des agoutis, des
balaous au rostre étroit et pointu tel une aiguille, des poissons perroquets,
feux tricolores reconnaissables à leurs dents soudées en forme de bec et pour
les adolescents dits intermédiaires à leur dos et tête couverts de mouchetures
d’un brun rougeâtre mélangées à des écailles blanches. Cachée dans une cavité
une langouste évolue lentement.
Après deux bonnes heures de
« snorkeling » je me rapproche de la plage, mon regard est attiré par
une raie Pastenague américaine aux yeux exorbités peu esthétiques. Elle tente
de se dissimuler dans le sable, trop tard nous nous regardons dans le blanc…
des yeux. J’évite cependant de m’approcher trop près, la base de sa queue est
armée d’un aiguillon venimeux dont la piqûre est douloureuse voire mortelle.
A terre la visite
de l’île dévoile un autre type de faune : des iguanes ont pris possession
des lieux depuis longtemps. Au milieu des chemins, sous les feuillages, sur les
buissons, ils sont omniprésents. Ces gros lézards à l’allure de dinosaures
peuvent impressionner mais ils sont totalement inoffensifs.
En bordure de
plage, dans de faibles profondeurs d’eau évoluent des jeunes requins citrons
qui attendent de s’étoffer avant d’aller en découdre de l’autre côté de la
barrière de corail.
Plus loin des pluviers courent sur le sable et à mon
approche, se sentant menacés par mon appareil photos, s’envolent.
Inutile de préciser
qu’un séjour aux îles de la Petite Terre est un moment de pur bonheur. Nous
sommes délogés de ce site paradisiaque par l’annonce d’une houle de nord-ouest.
Nous empruntons la passe avant d’être pris au piège par la mer. Le cap est mis
sur la Guadeloupe, côte sud de Grande Terre et mouillons quelques heures plus
tard devant l’îlet Gosier.
Le bourg de Gosier
situé à 7 km de Pointe à Pitre doit son nom au pélican. Cet oiseau de mer doté
d’une grande poche dilatable destinée à attraper les poissons est également
appelé grand gosier. Il est devenu l’emblème de la ville. Nombril touristique
de la Guadeloupe elle concentre hôtels, restaurants, bars et un casino. Sa
situation géographique en fait un point de départ central pour les excursions à
Basse Terre et à Grande Terre, les deux ailes du papillon, surnom imagé de la
Guadeloupe. Ici aussi Gosier est victime de son activité touristique ; la
commune est de plus en plus bétonnée et le bourg lui-même ne jouit d’aucun
intérêt particulier.
Le choix de ce lieu
d’escale est lié au côté pratique ; nous devons effectuer quelques achats
sur le site de la marina et avons un rendez-vous avec …mamy boudin. Le vendredi
en fin après-midi un marché rassemble primeurs locaux, traiteurs et petits
artisans. Nous avons gardé en mémoire la délicieuse saveur des boudins
antillais cuisinés par notre fameuse mamy boudin. Nos papilles salivent déjà à
la perspective de ces friandises. Fruit (de l’arbre) à pain, corossols,
caramboles, papayes et bananes remplissent également notre panier.
Plus loin des tiges
de canne à sucre sont aplaties dans un broyeur artisanal pour en extraire le
jus. Hop là une bouteille complète mon avitaillement, le ti ‘punch du soir n’en
sera que meilleur !
Complètement
déshydratée j’épanche ma soif non pas au bar du coin, lieu par trop commun,
mais en sirotant de l’eau de coco aspirée à la paille directement du coco
frais. Puis sabrée par un petit coup de machette, la noix se fend en deux et me
livre sa chair gélatineuse que je mange avec délice. Pas de colorant, pas de
conservateur, pas de sucre ajouté. La simplicité au service de la santé !
Si en 2012 la
visite de Pointe à Pitre nous avait échappé, nous entendons bien l’inscrire
dans le programme de notre journée. Nous flânons nonchalamment dans les rues de
la capitale épargnée par les centres commerciaux. Les magasins tenus par les
chinois, ici aussi, sont légions. Des petites boutiques, garantes d’un centre
ville animé, égayent les rues. Nous
déambulons au milieu de rues et ruelles tracées au carré et bordées
d’habitations aux façades ouvragées agrémentées de balcons aux rambardes de
bois ou de fer forgé. Ici les amateurs d’architecture traditionnelle sont
comblés par les plus beaux alignements de façades créoles de la ville. Un peu
plus loin l’hôtel de ville trace la frontière avec les nouveaux quartiers
probablement plus fonctionnels mais beaucoup moins gracieux.
Impossible de
manquer le marché couvert St Antoine, fort animé, situé sur la plus ancienne
place de Pointe à Pitre. Appelée aussi « marché à la viande » il
accueillit au début des années 1960 les bouchers sur des étals bétonnés, construits au fond de la halle au marché.
Les halles métalliques datent de la fin du XIXème siècle. Ici les fruits
(goyaves, ananas, bananes jaunes et
vertes) sont des promesses permanentes de douceur caraïbe. Fleurs, corbeilles
d’épices, paniers artisanaux se mélangent gracieusement pour créer une ambiance
exotique. Les vendeuses sont maîtresses dans l’art de mettre leurs étals en
valeur.
Plus loin, le
quartier des grand-mères savantes dont les talents d’herboriste font merveille dispensent
leurs recettes miraculeuses : une pincée de poudre et le mal de dos
disparaît ! une macération de cette écorce et fini les jambes lourdes et
pour vous monsieur, le célèbre
bois-bandé qui « pa ni pwoblèm » permet en deux cuillères à soupe de
retrouver vos élans de jeunes hommes !
Ici encore plus
qu’à Fort de France, le marché est une explosion de couleurs, de saveurs,
d’odeurs de mille épices et de bonne humeur.
Si vous n’avez rien
prévu pour vos vacances estivales, la Guadeloupe vous invite le 10 août, jour
de la St Laurent, patron des cuisiniers à célébrer ses cuisinières. Venues de
tous les villages de l’île, elles se retrouvent à la basilique de Pointe à
Pitre en vêtements traditionnels avec des paniers remplis de mets plus
appétissants les uns que les autres.
Un peu d’histoire
A l’ouest, Basse Terre offre les tropiques en version nature sur les pentes boisées de la Soufrière, son volcan pointe à 1467 mètres d’altitude.
Pointe à Pitre ne prend
véritablement son essor qu’avec l’occupation anglaise. En 1748 les habitants
d’un bourg voisin rattachent leur commune à la mer, les Anglais ayant créé les
bases du développement des échanges maritimes.
En 1763 les Français reprennent
l’île et le gouverneur de la Bourlamaque apporte un soutien régulier à son
développement. Sortant dès lors d’une existence presque confidentielle, Pointe
à Pitre devient progressivement la plaque tournante de la Caraïbe. La ville est
marquée par la Révolution mais plus encore par le tremblement de terre de 1843
qui la détruit presque entièrement. Reconstruite en 1847 elle connaît ensuite
bien d’autres malheurs : épidémie de choléra en 1865, incendie en 1899,
conflits sociaux à la fin du siècle et violent cyclone de 1928. Pointe à Pitre
est aussi un important centre industriel depuis la construction à Carénage en
1869 de l’usine Darboussier qui accueille la canne à sucre venant de Baie
Mahault, Petit Bourg et d’une partie de
Grande Terre jusqu’en 1974.
A partir de 1935 l’arrivée des
premiers hydravions à la Darse, en provenance de métropole, donne un nouvel
essor à la ville jusqu’en 1966 date à laquelle la Guadeloupe construit son
premier aérodrome. Pointe à Pitre devient le poumon économique de la
Guadeloupe. Le passage du cyclone Hugo en
1989 fait des ravages mais toutefois épargne les vastes maisons coloniales à
balcons de bois de la ville.
Un peu de géographie
La géographie s’est montrée
malicieuse en offrant à la Guadeloupe une silhouette de papillon posé sur la
mer des Caraïbes. Ses deux ailes entourent Pointe à Pitre capitale économique
du département. A l’est Grande Terre est tapissée de champs de cannes à sucre
et est bordée de plages.
A l’ouest, Basse Terre offre les tropiques en version nature sur les pentes boisées de la Soufrière, son volcan pointe à 1467 mètres d’altitude.
Nous quittons la vie citadine
pour Les Saintes, un archipel plein de charme composé de deux iles principales
habitées et d’ilets déserts aux noms très imagés qui font sourire : l’îlet
à Cabris, les Roches Percées, le Grand Ilet, la Redonde, la Coche, le Pâté, les
Augustins… Aucun ombre de présence humaine sur ce chapelet d’îlots rocheux … hormis
à l’îlet à Cabris qui accueille un Hermite et ses cabris.
Nous mettons le cas sur Terre de
Haut, l’une des deux îles habitées de l’archipel, mais aussi la plus prisée par
les touristes.
Bonjour Brigitte. J'espère que la beauté de la Guadeloupe te change les idées. Je vous souhaite une bonne continuation pour votre périple. Plein de gros bisous. Liliane
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