Philéas a quitté son port d'attache dès les premiers jours de mai à destination des îles des Baléares.
Les îles Baléares (en catalan Illes Balears, en castillan Islas Baleares) sont une communauté autonome de l'Espagne.
Il s'agit d'un archipel situé en mer méditerranée qui comprend cinq îles principales, ainsi que quelques îlos, réparties en deux groupes :
- les îles Gymésies composée de Majorque, Minorque, et la petite île de Cabrera.
- les îles Pityuses composée d'Ibiza et Formentera.
Minorque (Menorca en catalan et en
castillan ; du latin Balearis Minor) est une des Îles Baléares. Elle est située au nord-est de Majorque.
Elle a été appelée Nura (îlot du feu) par les Phéniciens en l'honneur de leur dieu Baal. Son point culminant, El Toro, s’élève à 358 m au-dessus de niveau de la mer.
L'île a de nombreux monuments en pierre mégalithique : navetes, taulas, et talaiots. Rocailleuse et battue par les vents,
l'île est la plus préservée de l'archipel.
Sa capitale est Maó (ou Mahón) d’où viendrait le nom de la sauce mayonnaise.
L'origine du mot mayonnaise est controversée, la
première acception du mot apparaissant en 1806. Il pourrait venir de Mahón, ville occupée par les Anglais et conquise par
le maréchal de Richelieu en 1756. Son cuisinier lui aurait
présenté cette sauce, baptisée « la mahonnaise », fabriquée avec les
deux seuls ingrédients dont il disposait : œuf et huile. Néanmoins, cette
sauce commençait à être décrite un peu avant cet évènement.
Un
produit typique de l'archipel est la soubressade (sobrasada), élaborée à partir de viande
de porc hachée, assaisonnée d'une quantité plus ou moins importante de poudre
de piment rouge piquant. Le flao, un flan au lait de brebis, est un des desserts typiques de l'archipel. Le fromage de Maó connaît une belle popularité à l'extérieur de
l'île.
Une
présence prolongée des Britanniques se traduit par un goût des Minorquins pour
le gin, que les insulaires mélangent à de la limonade pour obtenir de la pomada à l'occasion des fêtes patronales.
Paysage
typiquement méditerranéen, très rocailleux : de nombreuses calanques,
accessibles parfois uniquement par bateau ou de longues heures de marche. Elles
font le bonheur des touristes aussi minorquins qu’étrangers. Eloignée des
grands centres de location de voiliers , Minorque reste l’un des rares
endroits de méditerranée où il fait bon naviguer pendant les mois de juillet et
août. En 2010, nous avons pris le temps de flâner le long de ses 200 kilomètres
de côtes, parsemées de plus de 70 plages, la plupart de sable fin et éloignées
des voies carrossables. Avec un bord de mer aussi préservé et des paysages aussi sauvages, Minorque a tout
naturellement été classée réserve
de biosphère par l'UNESCO.
C’est
avec plaisir que nous faisons découvrir Minorque à Flore, notre équipière en
herbe. Fornels est notre escale d’atterrissage après notre traversée. Mahon et
Ciutadella sont bien sûr au programme. Notre séjour à Minorque sera court, nous
nous attarderons davantage à Majorque cette fois.
En route vers Majorque, la météo est encore instable et le temps n'est guère de saison. Cependant l'équipage ne se plaint pas car les mouillages ne sont pas surpeuplés.
A puerto de Soller une fête n'attendait que nous, la fête des Moros i Cristians. Journée agréable pendant laquelle la population locale se déplace en masse pour commémorer la bataille de 1561 qui opposa les chrétiens et les maures.
Le mouillage ne manquait pas d’animation : défilés des autochtones en costumes d’époque, arrivée par la mer des attaquants à grands coups de pétards et feux d’artifice et….maquillage à la suie des badauds (dont nous faisions partie) par les combattants des lieux. Spectacle intéressant pour les yeux mais les oreilles ont souffert et s’en souviennent encore….
Du jeudi 16 mai au dimanche 19 mai : Relâche à Palma de Majorque pour quelques jours pour visites touristiques et pour y déposer notre apprentie équipière Flore qui doit rejoindre la France dimanche matin.
Palma de Majorque (en catalan : Palma ; en castillan : Palma de Mallorca) est la ville principale de l'île de Majorque, capitale des îles Baléares et constitue à elle seule l'une des comarques de l'île. Le nom de la ville remonte à 123 avant J.-C.,
l'année où Quintus Cecelius Metellus fonda la cité et lui donna le nom
des palmes reçues lors de son triomphe à Rome. Généralement appelée, par
simple usage, Palma de Majorque, son nom officiel a toujours été Palma, ce qui fut confirmé en 2008. En 2011, une nouvelle loi (Ley de Capitalidad) redonna, cette fois à titre officiel, son nom de Palma de Majorque à la capitale régionale.
Palma de Majorque et sa fameuse cathédrale |
Un retour à Toulon est prévu fin juin pour une période d'indisponibilité pour entretien pendant les mois d'été.
Lundi 20 mai
2013 : Ile de Cabrera (l’ile aux chèvres)
Située au sud-sud ouest de Majorque, Cabrera, petite île de sept kilomètres sur cinq, creusée de plusieurs baies profondes est entourée de nombreux îlots. Son relief est accidenté et son point culminant, Alto de Picamoscas domine à 172 m.
La région est célèbre
pour ses grottes et pour une tentative de débarquement ratée des forces communistes pendant la guerre civile. Nous ne manquons pas de nous rendre aux fameuses grottes du Dragon (coves del Drach) découverte par le spéléologue français Edouard-Alfred Martel qui l’explora en 1896 suivant les indications de l’archiduc Louis Salvador.
Quatre salles et l’un des plus grands lacs souterrains du monde (177m de long par 40 m de large pour une profondeur de 7 à 9m) se dévoilent peu à peu. Après avoir cheminé sur un parcours balisé en observant les stalactites, stalagmites et autres prouesses de la nature nous atteignons le lac Martel.
Là des musiciens donnent un concert de musique classique depuis une chaloupe illuminée à l’issue duquel nous traversons le petit lac à bord d’une barque en direction de la sortie. Une formidable visite !
La contrée eut également la faveur des rois de Majorque pour leurs vacances estivales.
Lundi 27 mai 2013 au petit matin Appareillage en direction du Nord-Est
Comme d'habitude en méditerranée le vent ne se distingue pas par sa régularité. Tantôt Philéas file 7 noeuds, tantôt le compteur affiche 4,5 noeuds. Mais bon nous sommes en vacances...
Un coup de vent est annoncé à partir de mardi, nous décidons de mouiller dans un premier temps dans la baie d'Alcudia bien protégée puis de rejoindre la marina en fin de séjour. La baie d'Alcudia aurait pu être attrayante si les promoteurs, une fois encore, ne l'avaient pas sacrifiée sur l'autel du tourisme de masse. Le long de la plage les hôtels rivalisent sans jamais discontinuer.
En revanche la ville ancienne d'Alcudia, située à 2 km du port est un lieu charmant. Il est agréable de flâner dans ses ruelles pittoresques qui se cachent derrière les remparts médiévaux de pierres dorées. Erigée sous le roi Jaume II, la construction date du XIVème siècle. D'une structure quadrangulaire renforcée par 26 tours cette fortification s'étend sur un périmètre de 1,5 km. Le mur atteint une hauteur moyenne de 6 mètres, un fossé complète ce dispositif. A l'origine 3 portes ouvraient l'accès à la ville, 2 seulement subsistent. En 1974 le centre urbain historique d'Alcudia fut classé "ensemble historique artistique".
Un grand marché prend possession de la ville historique le mardi matin. Pour une fois nous sommes au rendez-vous. Mais que de monde !!! Les vacanciers en quête de soleil et de bronzage envahissent les rues. Beaucoup d'allemands bien sûr mais aussi quelques français en cette fin de mois de mai.
Nous reviendrons pour profiter en toute quiétude de ce lieu historique à l'heure de la "siesta" ou de la "bronzette". Ici comme dans toutes les villes espagnoles d'ailleurs, les boutiques ferment entre 14h00 et 17h00 voire 18h00.
Les touristes nordiques en tenue légère sont vite repérés parmi les méditerranéens qui eux déambulent en pulls et pantalons. Depuis un mois nos tenues d’été sont rangées dans les placards, seuls nos bras parfois dénudés et nos visages ont pris quelques couleurs.
Le reste du corps reste éblouissant de blancheur ! Je n’ai gouté à l’eau…salée que par deux fois, la première par obligation lors d’une opération de sauvetage de notre annexe mal amarrée.
A vrai dire je n’ai pas eu le temps de regarder le thermomètre avant de sauter dans la grande bleue (20° tout de même).
Coucher de soleil lors de notre traversée vers Barcelone.
Située au sud-sud ouest de Majorque, Cabrera, petite île de sept kilomètres sur cinq, creusée de plusieurs baies profondes est entourée de nombreux îlots. Son relief est accidenté et son point culminant, Alto de Picamoscas domine à 172 m.
L’archipel a été déclaré Parc National en
avril 1991 par le gouvernement espagnol pour préserver les plantes endémiques
rares et la faune. L’accès en est limité et nécessite l’obtention d’un permis.
Cabrera est un paradis pour les oiseaux de mer, dont le rare goéland
d’Audouin et pour les oiseaux de proie comme l’aigle pêcheur, le faucon pèlerin
et le faucon Eleaonora.
Le goéland d’Audouin plus petit que le goéland argenté a un grand bec rouge
à bout noir et des pattes foncées. Vu du dessous, en vol, le bout de l’aile
paraît beaucoup plus noir que chez son cousin. Son cri est une sorte de plainte
nasale.
Les eaux de l’archipel abritent poissons,
tortues, dauphins, baleines (encore faut-il
avoir la chance de les rencontrer…) et certaines variétés de corail. Il
est plus aisé de voir les oiseaux de mer.
La grande baie accueillant Philéas nous séduit par son côté sauvage et sa
quiétude. Nous sommes sous le charme de ce mouillage calme et tranquille situé
à seulement 30 nautiques de Palma de Majorque.
Un peu d’histoire
L’ile fut probablement habitée dès l’époque préhistorique ; des
vestiges de constructions ont été retrouvés. Des céramiques et des pièces de
monnaies romaines et byrantines ont également été découvertes.
Si l’île est aujourd’hui paisible et sauvage, son passé est bien
mouvementé. Elle a de tout temps servi d’escale aux navigateurs, tour à
tour phéniciens, carthaginois, romains
et byrantins. Au XIVème siècle pour défendre les îles contre les pirates qui
pillent les côtes sans vergogne, une forteresse y est construite. Dès qu’une
voile suspecte apparaît à l’horizon, les vigies allument un feu pour la
signaler à la côte de Majorque et, bientôt toute la grande île est sur le pied
de guerre… Avec les siècles, les assauts des pirates cessent, et Cabrera coule
des jours heureux, à l’exception de l’épisode napoléonien.
Cabrera avant Sainte Hélène
Cabrera avant Sainte Hélène
Y a-t-il une île de la Méditerranée où Napoléon n’ait pas laissé sa
trace ? Cabrera fut le cadre de
l’une des nombreuses tragédies des campagnes napoléoniennes. Défaite en
Andalousie en 1808, l’armée française est livrée aux mains de l’Espagne
victorieuse et de son alliée britannique. Les soldats survivants sont
envoyés en détention sur la désertique
Cabrera. S’ensuivent 5 années de souffrance pour 9 000 prisonniers. Plus de la
moitié meurent de maladies et de faim. Ils sont enterrés près du château et un
mémorial a été érigé en 1847 au centre de l’île.
En 1916 l’île tombe dans le giron
de l’armée et à partir de 1973 elle devient le théâtre de manœuvres militaires.
Pendant la saison de nidification, les côtes et les îlots reçoivent des déluges
de fer et de feu massacrant une partie des oiseaux nicheurs et faisant fuir le
reste. Les écologistes ont gain de cause en 1986 et le classement en
« parc national » est acquis en 1991. Souvenir de ces années d’acier,
on ne peut toujours pas se balader partout car le sol reste truffé d’obus qui
n’ont pas encore explosé !
Jeudi 23 mai en
route vers La calo d’Els homos morts -(nom barbare pour
un site aussi charmant…)
Nous nous décidons à quitter le mouillage idyllique de Cabrera pour
rejoindre la côte sud de Majorque. L’île est sans conteste le lieu de
villégiature des touristes allemands. Les autochtones ne s’y trompent pas et s’efforcent de répondre à leurs attentes.
L’allemand y est couramment utilisé et les commerçants s’adressent à moi dans
la langue de Goëthe sans hésitation alors que je m’essaie à mes quelques
connaissances fraichement acquises d'un espagnol encore hésitant …. Les
cartes des restaurants sont traduites en allemand, anglais mais jamais en
français. A Porto Petro une vendeuse d’un commerce local fait office
d’exception elle parle 6 langues dont le français.
A cette époque de l’année en tout cas, nous ne rencontrons, sur le plan
d’eau, que de très rares voiliers navigant sous pavillon français. Lorsque
l’occasion se présente nous nous congratulons de loin ou de près…. Au mouillage
à Porto Colom un catamaran de 17 mètres, l’un des premiers lagoon aux
lignes plus marines que ses descendants modernes est attiré par le petit
Philéas (petit mais racé) et hop c’est parti pour un apéro avec tapas à bord de
notre voisin géant. Avec l’équipage, des fiers marins bretons amis de grands
noms de la voile dont feu Tabarly (dont c’est d’ailleurs bientôt le triste
anniversaire de sa disparition en mer), nous parlons bien sûr bateaux et
souvenirs de navigation. Ah ces marins !!!!.
Samedi 25 –
Dimanche 26 mai 2013 – Porto Cristo
Petit port de pêche plaisant dont les
origines remontent au XIIème siècle. La ville servait alors de port à Manacor.
Il n’en reste pas trace aujourd’hui et les édifices actuels datent des XIXème
et XXème siècles. La bourgade a réussi
à garder un certain charme malgré l’afflux de visiteurs.
La région est célèbre
pour ses grottes et pour une tentative de débarquement ratée des forces communistes pendant la guerre civile. Nous ne manquons pas de nous rendre aux fameuses grottes du Dragon (coves del Drach) découverte par le spéléologue français Edouard-Alfred Martel qui l’explora en 1896 suivant les indications de l’archiduc Louis Salvador.
Quatre salles et l’un des plus grands lacs souterrains du monde (177m de long par 40 m de large pour une profondeur de 7 à 9m) se dévoilent peu à peu. Après avoir cheminé sur un parcours balisé en observant les stalactites, stalagmites et autres prouesses de la nature nous atteignons le lac Martel.
Là des musiciens donnent un concert de musique classique depuis une chaloupe illuminée à l’issue duquel nous traversons le petit lac à bord d’une barque en direction de la sortie. Une formidable visite !
La contrée eut également la faveur des rois de Majorque pour leurs vacances estivales.
Comme d'habitude en méditerranée le vent ne se distingue pas par sa régularité. Tantôt Philéas file 7 noeuds, tantôt le compteur affiche 4,5 noeuds. Mais bon nous sommes en vacances...
Un coup de vent est annoncé à partir de mardi, nous décidons de mouiller dans un premier temps dans la baie d'Alcudia bien protégée puis de rejoindre la marina en fin de séjour. La baie d'Alcudia aurait pu être attrayante si les promoteurs, une fois encore, ne l'avaient pas sacrifiée sur l'autel du tourisme de masse. Le long de la plage les hôtels rivalisent sans jamais discontinuer.
Un grand marché prend possession de la ville historique le mardi matin. Pour une fois nous sommes au rendez-vous. Mais que de monde !!! Les vacanciers en quête de soleil et de bronzage envahissent les rues. Beaucoup d'allemands bien sûr mais aussi quelques français en cette fin de mois de mai.
Nous reviendrons pour profiter en toute quiétude de ce lieu historique à l'heure de la "siesta" ou de la "bronzette". Ici comme dans toutes les villes espagnoles d'ailleurs, les boutiques ferment entre 14h00 et 17h00 voire 18h00.
Vendredi 31 mai : Alcudia
En ce dernier jour du mois de mai Eole s’en donne à cœur joie en s’offrant
un « coup de vent » (1). Autant dire que cela décoiffe….
Nous optons pour la sagesse et attendons tranquillement la fin des hostilités.
Le ciel est dégagé et Alcudia bien protégée par ses remparts millénaires est
épargnée par le vent rageur.
Dans les ruelles d’Alcudia, une ambiance presque estivale y règne même si
les températures atteignent difficilement vingt degrés.
Les touristes nordiques en tenue légère sont vite repérés parmi les méditerranéens qui eux déambulent en pulls et pantalons. Depuis un mois nos tenues d’été sont rangées dans les placards, seuls nos bras parfois dénudés et nos visages ont pris quelques couleurs.
Le reste du corps reste éblouissant de blancheur ! Je n’ai gouté à l’eau…salée que par deux fois, la première par obligation lors d’une opération de sauvetage de notre annexe mal amarrée.
A vrai dire je n’ai pas eu le temps de regarder le thermomètre avant de sauter dans la grande bleue (20° tout de même).
Samedi 1er juin : Cala Murta
Agréable petite cala préservée, aux escarpements rocailleux avec une petite
plage de cailloux. Un petit rocher en forme de château se dresse à l’entrée
telle une sentinelle. Quelques amateurs
prennent le soleil sur la plage. Rares sont les aventuriers qui se jettent à
l’eau encore un peu fraîche. En soirée la cala désertée nous
appartient. Juste avant le coucher du soleil la luminosité met en exergue la
couleur ocre des rochers. Confortablement installés dans le cockpit nous
profitons de ce tableau reposant. Nos yeux ne s’en lassent pas. Au petit matin
les animaux profitent de la quiétude du site avant l’arrivée des premiers
humains. Deux chèvres se déplacent sur le flanc de la montagne et s’arrêtent
pour un petit déjeuner. Les goélands commencent leur balai aérien tandis qu’un
cormoran juvénile prend son bain.
Dimanche 2 juin : Journée de labeur
Nous levons l’ancre pour doubler le cap
Formentor. La météo semble nous le permettre. Mal nous en prend !!! Les
prévisionnistes espagnols ont dû râter un épisode ! Ni la direction ni la
force du vent ne reflètent la réalité. Nous prenons un ris(2) puis
deux dans la grand-voile, enroulons le génois et hissons la trinquette(3).
Après avoir tiré des bords carrés pendant près de trois heures(4),
nous doublons le cap Fomentor espérant une situation meilleure de l’autre côté.
Que néni, la houle y est encore plus prononcée ! Que faire dans ces conditions ? Continuer ainsi pendant une
vingtaine de nautiques pour rejoindre Puerto Soller ou mouiller dans la cala
San Vicente ? Cette dernière option est vite écartée, la houle rentre et
s’écrase contre le rivage. En tirant des bords il nous reste à parcourir pas
loin de 50 nautiques…. Faisant contre fortune bon cœur nous rebroussons chemin
et doublons le cap Formentor en sens inverse pour rejoindre la baie bien
abritée de Pollensa.
Deux fois la distance, trois fois le temps et
quatre fois la peine !
Aujourd’hui nous déjeunerons à l’heure
espagnole c’est sûr. Nous mouillons effectivement vers 15h30 après une
navigation au près et en boucle de 36 nautiques….
Mardi 4
juin : Tourisme dans les terres
Un matin comme je les aime au
mouillage ! Tout est calme et tranquille. La mer d’huile semble encore
endormie tandis que le soleil pointe le bout de son nez. Confortablement installée dans le cockpit j’observe, tout en
prenant mon petit déjeuner, le plan d’eau, le vol des oiseaux et les voiliers
ancrés.
La baie de Pollensa vue de la mer n’est guère attrayante, l’expansion des
constructions en a rompu le charme. Les bars, restaurants, et résidences de
vacances s’alignent sur le rivage sans discontinuité. En revanche vu de la
terre le tableau est plus flatteur. Un décor de voiliers avec pour toile de
fond les crêtes découpées de la péninsule de Formentor s’offre aux promeneurs.
Éole a pris un jour de congé. Que faire de mieux qu’explorer l’intérieur de
Majorque aujourd’hui ?
Nous dédions notre première visite au monastère de Lluc. En 1229 un berger
aurait trouvé une statuette miraculeuse à Lluc. Depuis, ce site a pris une
dimension religieuse et en 1268 une chapelle fut érigée et l’endroit est devenu
le premier lieu de pèlerinage de Majorque. Une basilique fut construite de 1622
à 1691. Les éléments décoratifs les plus récents datent du XXème siècle, ils
sont l’œuvre du célèbre architecte Gaudi. L’intérieur de style baroque n’est
guère harmonieux. Les visiteurs affluent en masse à Lluc. Durant notre présence
trois bus ont déversé des groupes de touristes français et leurs guides
francophones.
Deia, accessible par une petite route pittoresque encaissée entre les
rochers est semble-t-il le lieu à ne pas manquer.
Nous apprécions (enfin moi
surtout le chauffeur se doit de rester attentif aux nombreux virages…) la
beauté des paysages et atteignons un adorable petit village de montagne aux
maisons blotties autour de l’église. Un petit cimetière tout fleuri au sommet
de la bourgade surplombe la mer et la campagne environnante. Installé à Deia
en 1895 le poète Robert Graves repose ici. De nombreux artistes ou écrivains
comme Picasso ou encore Anaïs Nin se sont laissés séduire eux aussi par le
charme de Deia.
Le bourg est devenu LA destinatiion chic des
« people » qui descendent à l’hôtel de luxe « La
residencia ».
Nous poursuivons notre escapade au cœur de la sierra de Tramuntana.
Inscrite au patrimoine de l’UNESCO en 2011 cette chaîne de montagne aux
versants escarpés s’étale sur 90 km le long de la côte ouest de Majorque. Entre
mer et montagne les paysages naturels préservés cohabitent depuis le moyen âge
avec les terrasses agricoles en pierre sèche où se déploient oliveraies, vignes,
vergers et potagers. La sierra est ponctuée de villages et de sentiers de
randonnées pittoresques. Une authenticité aux antipodes du tourisme de
masse !
Nous poursuivons notre ballade et nous attardons un peu plus loin à
Valldemossa où les ruelles sont une
incitation à la flânerie.
Nous
apprécions l’atmosphère qui y règne, moins huppée qu’à Deia.
Un lavoir siège au
cœur du village, réminiscence de ma petite enfance… Il ressemble à celui du
village de ma grand-mère. Les lavandières sont d’un autre temps mais les
pierres auraient bien des histoires a raconté si elles pouvaient s’exprimer.
En 1835 une ordonnance royale dissout les congrégations, abolit les
couvents et expulse les moines. La chartreuse de Valldemossa est alors
désertée. Trois ans plus tard, durant l’hiver 1838 George Sand et son amant
Frédéric Chopin s’y installent pour quatre mois. Les villageois de l’époque
n’apprécient guère la présence de ces deux originaux. A l’intérieur de la
chartreuse un petit musée est consacré
à ces deux habitants célèbres. Aujourd’hui les Majorquins leur rendent hommage. Ironie ? Non pas du
tout, plutôt une manne touristique non négligeable !
Après un mois de navigation aux îles Baléares entre Minorque et Majorque
notre séjour touche à sa fin. Nous appareillons pour Barcelone à la découverte
des œuvres de Gaudi.
Coucher de soleil lors de notre traversée vers Barcelone.
(1)Coup de vent : force 8 soit 62 à 74 km/h avec des rafales ponctuelles
entre 75 et 88 km/h.
(2)Prendre un ris diminuer la surface de la voile.
(2)Prendre un ris diminuer la surface de la voile.
(3)Le génois et la trinquette sont deux voiles d’avant. La trinquette a une
superficie moindre et est hissée lorsque le vent se renforce.
(4)Tirer des bords : Un voilier ne peut progresser s’il est face au
vent. Il est nécessaire de naviguer en zigzags pour utiliser le vent contraire
et rejoindre la destination souhaitée.
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