Notre traversée débute sous de bons
auspices ; le vent de secteur sud
sud-est, force 2 à 31, fait preuve de clémence envers
l’équipage en période de réadaptation. Philéas file 5 à 62 nœuds vers le
sud-ouest.
Avant l’appareillage nous avions envisagé
une première nuit au mouillage pour nous garantir un bon repos avant d’assumer
nos 6 heures de quart nocturnes. Les derniers jours de préparatifs notre
capital sommeil a été fortement entamé. Mais finalement nous répugnons à gaspiller
un vent aussi favorable et changeons d’avis. Le vent en Méditerranée n’est
connu ni pour sa constance, ni pour sa mesure. « Mieux vaut un tien que deux tu l’auras ». Nous devrions gagner
une cinquantaine de milles avant l’accalmie annoncée pour jeudi par les
prévisionnistes.
20h
-02h du matin – Premier quart de nuit
La
mer est un vrai sapin de Noël ! Philéas est encerclé : des feux de
navigation tous azimuts. Un exercice militaire regroupant une grande partie de
bâtiments de la force d’action navale et des navires étrangers se déroule
depuis ce matin en Méditerranée.
Le
vent forcit quelque peu, Philéas accélère sans doute pour échapper à ses
poursuivants….
Minuit,
la fatigue s’immisce puis m’accable pendant mes deux dernières heures de quart. Une lutte titanesque est déclarée. 2
heures du matin, la relève salvatrice met fin au combat, faute de combattants.
Christian
n’est pas épargné par l’appel grandissant du sommeil : 6 heures de veille
demandent de l’énergie et de l’endurance. Nous avons largement puisé dans nos
réserves ces dernières semaines.
Mercredi
17 septembre – 1 h du matin : Branle-bas
Eole,
taquin, choisit l’obscurité pour appuyer sur l’accélérateur. Christian quitte
sa bannette en pestant contre les éléments qui n’ont pas la décence d’attendre
l’heure de la relève. Le génois3 est enroulé. Nous prenons deux ris4 dans la
grand-voile et envoyons la trinquette. Bien entendu la mer nous gratifie d’une thalassothérapie
bien fraîche. Ah les joies des manœuvres au pied de mât ! Les automatismes
se remettent en place.
La
météo espagnole diffuse un avis de vent fort. Les prévisions du départ auraient-elles
radicalement changé ? Prudence nous sommes en Méditerranée. Changement de
programme pour Philéas, une escale à Fornells sur l’île de Minorque est
décidée. L’équipage pourra s’y ressourcer. Au petit matin nous prenons un corps
mort5 et
allons…dormir satisfaits de nos 210 premiers milles.
Jeudi
18 septembre – 08h00 – Appareillage
Des
cris et de grands gestes attirent notre attention ; Gilles, skipper d’Abalone,
arrivé hier en soirée, soit une douzaine d’heure après Philéas, a pris une
bouée non loin de nous. Ses deux équipiers dorment encore et récupèrent des
conditions de navigation agitées. Après le départ du Club Nautique Gilles avait
opté pour une première nuit de repos au mouillage avant de faire route.
19
septembre : A la conquête de l’Ouest – Matinée de pétole
Faute
de vent nous sortons, à
contrecœur, notre atout : la brise Volvo !
Las
d’attendre le retour du vent nous mouillons Cala
de la Calobra pour la pause déjeuner, cala décrite comme spectaculaire par
le guide Imray. Plusieurs anses se rejoignent par trois petits tunnels
éclairés. Un ravin, creusé dans les hautes falaises par le ruisseau tranquille Torrente de Pareis, est visible du nord
de la plage. L’eau turquoise appelle le baigneur. Je plonge et pars explorer ce
site réputé de Majorque. Ruisseau tranquille,
bel euphémisme, l’eau y est rare !
Nous
sympathisons avec Romain et Hélène autour d’un café et nous donnons rendez-vous
dans quelques heures à Porto Soller.
Joueur,
Fils du vent se met à la poursuite de Philéas. Nous entamons une partie de
« rattrape- moi si tu peux » jusqu’au mouillage, à 7 milles de là. Philéas
plus lourd et surtout plus lourdement chargé tire bien son épingle du jeu :
l’équipage aura droit à la demi double pour le tiers de quart6.
1 Vent de force 2 : 4 à 6
nœuds (6 à 11 km/h) - force 3 : 7 à 10 nœuds (12 à 19 km/h)
2 Vitesse 1 nœud = 1 mille
à l’heure soit 1.852 km/h
3 Génois voile d’avant plus
grande en superficie que la trinquette
4 Prendre un ris : opération consistant à
réduire la surface de la voile. Sur Philéas toutes les manœuvres se font en
pied de mât.
5 Corps mort : bouée d’amarrage.
6 Demi double pour le tiers de quart : Lorsque le commandant était
particulièrement satisfait d’une manœuvre, il octroyait une récompense à la
fraction de quart (tiers ou bordée) qui l’avait effectuée : augmentation
de la ration d’alcool.
Imprévisible Méditerranée!!!!
RépondreSupprimerVous avez été vite dans le bain.....
A bientôt
Denys
A très bientôt Denys et bon courage pour la suite de tes préparatifs
SupprimerMerci Brigitte pour le récit de votre aventure. Bonne continuation et j'espère que le vent sera au RDV mais justement dosé pour vous faire plaisir dans votre navigation. Gros bisous à vous 2
RépondreSupprimerMerci mais qui publie ce commentaire ?
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