L’été indien génère une envie de flâneries ; les températures sont encore élevées en journée et l’eau du bain atteint 28 à 29 degrés. L’équipage se laisse gagner par cette atmosphère agréable ; Phileas le promène d’île en île : Minorque, Majorque, Ibiza puis Formentera.
Samedi 20 septembre - Puerto de Soller (Majorque) est encore très animé
en cette fin de saison. La veille, un orchestre où se produisaient chanteuses
et chanteurs locaux a agrémenté notre
soirée au mouillage ; pas du bruit à rendre sourd, non, non, de la
musique, de la vraie !
Puerto de Soller est relié par un tramway antique, à Soller, littéralement
« vallée dorée ». Cette ville majorquine fut longtemps réputée pour
ses oranges et ses citrons qui étaient exportés dans des balancelles, petits
navires à un seul mât. Aujourd’hui encore les oranges y abondent. Lors de nos
passages en mai puis en juin 2013, elles étaient de tous les étals. En
septembre 2014 elles sont encore là. Rassurez-vous ce ne sont pas les mêmes… Le
jus en est toujours aussi exquis.
Le séjour est bien doux ici. Cependant il est temps de partir pour Ibiza
située à 82 milles à vol d’oiseau. A défaut d’ailes et de vent portant1
nous devrons tirer des bords2 pour atteindre notre destination.
20h00, quel drôle d’horaire pour appareiller ! Le charme de Puerto de
Soller nous a retenus quelques heures supplémentaires. En journée tirer des
bords peut devenir vite déprimant, la côte semble inaccessible, tantôt proche
tantôt lointaine. Dans l’obscurité cette impression démoralisante nous est
épargnée. 19 heures plus tard, vers 15h00, nous cessons nos zigzags pour
mouiller sur fonds de sable à la Cala Llonga, côte est d’Ibiza. Nous avons
parcouru 114 milles soit un tiers de plus qu’en route directe.
A nous le repos et la baignade ! Philéas, salé et surtout nappé de
sable, patientera jusqu’à demain pour un lessivage à la marina d’Eivissa. Les
pluies sporadiques qui auraient dû rincer pont et cockpit les ont en fait
colorés d’un maquillage marron peu seyant.
Ibiza, la plus ouest des îles des Baléares s’étend sur 40 km de long et 25
de large. La partie nord et l’extrémité sud-ouest présentent un relief
accidenté. Les falaises sont coupées de nombreuses criques. Les promoteurs,
comme trop souvent hélas en Espagne, ont fait appel à des architectes au sens
esthétique pour le moins douteux pour y
faire croître des hôtels et des résidences d’une laideur remarquable. Ibiza qui
accueille chaque été des hordes de touristes, est surtout réputée pour attirer
des jeunes (et moins jeunes) avides de boites branchées.
Lundi 22 septembre, temps orageux,
visibilité réduite, nous accostons au club nautico pour nous refaire une
beauté. Tuyau d’arrosage, balai brosse, éponges sont de sortie. Mais bientôt
des trombes d’eau s’abattent sur nous. Fin de l’opération propreté. Du moins
pour aujourd’hui : la pluie durera jusqu’au lendemain.
Notre passage au bureau de la marina nous rappelle la situation économique
difficile de l’Espagne. Notre porte-monnaie va s’en souvenir ; depuis
notre passage en 2011 les prix se sont envolés, ils ont doublé et la TVA est
passée de 14 à 21 %…
Le beau temps est de retour avec Abalone arrivé vers 2 heures du matin
après une escapade à l’île de Cabrera. Les prévisions météo annoncent un vent
portant1 pour rejoindre Carthagène, à partir de jeudi.
Nous disposons de deux jours pour découvrir Formentera, la plus méridionale des
quatre îles des Baléares.
Ile vedra, îlot rocheux accore (pic 382m).
Elle a été le lieu de tournage pour le film Bali Hai, cadre censé être situé
dans le Pacifique Sud.
Ile Vedranell (125 m) et les passages vers Ibiza.
Plus petite qu’Ibiza et aussi moins développée que sa grande sœur, Formentera ne
mesure que 18 km de long pour 15 de large mais avec sa forme de S allongé elle
ne couvre que 95 km2. Au nord se trouve une plaine basse dont la
majeure partie est formée de lagunes et de salines. Le nudisme sur Formentera
est accepté depuis longtemps. Si vous êtes amateurs de baignade dans le plus
simple appareil, c’est le lieu adéquat !
Salines |
Après une bonne nuit de repos nous appareillons, route au Sud. Nous
adoptons notre rythme de croisière pour les 36 heures à venir et progressons au
grand largue 3. Les grains et les orages tournent autour de
Philéas pendant mon quart nocturne mais nous évitent. Je veille au grain
« prête à envoyer le perroquet4 ». En revanche Christian
aura moins de chance ; il louvoiera pour leur échapper tout en composant
avec les nombreux bateaux présents aux alentours. La relève est accueillie avec
soulagement…
Nous évoluons dans une zone de navigation très fréquentée ; des cargos
croisent continuellement notre route.
Une veille attentive est de rigueur, notre AIS5 récemment installé
me seconde à merveille.
Une heure après cette prise, des invités surprises font de la natation
synchronisée autour de Philéas ; ils plongent pour une inspection de
coque, remontent, sautent… Une dizaine de dauphins nous saluent et nous
souhaitent une bonne navigation dans les eaux espagnoles. Muchas gracias
amigos, hasta pronto6 !
1 Vent portant : vent soufflant d’un secteur de l’arrière.
2 Tirer des bords : A la voile
pour aller d’un point A à un point B, il n’est pas toujours possible de
naviguer en route directe, le bateau ne peut progresser à moins de 45° du lit
du vent. Il faut louvoyer, c’est à dire tirer des bords. Le chemin à parcourir
est beaucoup plus long. « Au louvoyage, deux fois la route, trois fois le
temps, quatre fois la rogne ! » disaint-on jadis.
3 Grand largue : une des
allures du vent portant qui sont le « vent arrière », le « grand
largue » et le « largue ».
4 Perroquet : il ne s’agit pas
de l’oiseau des îles mais d’une voile carrée qui se trouvait en haut des
huniers sur les mâts de misaine et d’artimon et sur le grand mât à l’époque des
grands voiliers.
5 AIS : système
d’identification automatique qui permet de connaître l’identité, le statut et
la position des navires aux alentours, mais qui permet surtout de prévenir d’un
risque de collision.
6 Merci les amis, à bientôt !
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