Pour notre second séjour aux
Antilles nous débutons nos pérégrinations à Grenade encore inconnue pour
l’équipage de Philéas. En 2012 le temps nous avait manqué pour descendre aussi
sud.
l'équipage à Grenade |
Notre arrivée à la marina Port
Louis, à proximité de St George, est très arrosée. Un grain, encore une fois,
se charge de rincer abondamment nos cirés ; la foule ne se précipite pas
pour réceptionner nos aussières. Bienvenue à l’île aux épices ! Pas
étonnant que fruits, légumes, épices et fleurs y poussent en abondance.
Les premiers jours de notre
escale sont consacrés avec plaisir aux retrouvailles avec nos amis de la
flottille. Les échanges sur les conditions de navigation des deux semaines
écoulées rencontrées par les uns et les autres vont bon train.
Chacun y va de
de son anecdote et des moments forts de la traversée. Avant notre appareillage
de Mindelo l’idée d’un concours de pêche avait été initiée par les plus mordus.
Les lauréats sont impatients d’annoncer leur score. Le premier prix est
attribué sur présentation de la nageoire caudale à l’équipage d’Embellie V pour
la prise d’un marlin de 1,40 mètre. Philéas, quant à lui, s’est contenté d’un
thazard d’environ 80 cm ; une belle dorade d’un bon mètre nous a faussé
compagnie et donné de l’hameçon à détordre.
Pour le dernier regroupement de
l’année des MedHermionistes et pour marquer notre retour à la civilisation, un
repas-buffet avec orchestre local est organisé dans une ambiance festive il va
de soi. Les musiciens sont infatigables, nous sommes bien aux Antilles, aucun
doute.
rhumerie .... |
Le lendemain, le tour de l’île
nous réserve des surprises, notamment la visite d’une rhumerie artisanale d’un
autre siècle. Les infrastructures sont vétustes et rudimentaires. Point de
norme « Hygiène et sécurité du travail », nous sommes plongés dans un
roman de Zola. Les ouvriers en bout de chaîne, préposés à l’embouteillage
respirent les effluves d’un alcool à 75° tout au long de la journée et tirent
probablement un ticket gagnant pour une cirrhose du foie...
Quant aux
conditions sanitaires elles sont à même de rebuter tout amateur de ti ’punch.
Et pourtant le produit fini d’une couleur cristalline étonne dans un premier
temps et finalement réconcilie avec le rhum…
usine noix de muscade |
A Gouyave, l’usine de traitement et de
conditionnement des noix de muscade s’apparente davantage à un grand entrepôt
qu’à une usine au sens où nous l’entendons. La visite de ce site complètement
anachronique, ne manque cependant pas d’intérêt. La modernisation et la mécanisation ne sont
point arrivées jusqu’ici ; seule l’enveloppe de la noix est pré-cassée par
un broyeur. L’épice est ensuite libérée manuellement de son écorce puis triée,
lavée, séchée sur des claies, calibrée et mise dans des sacs de jute,
principalement par des femmes. La noix de muscade orne le pavillon national de
l’archipel. Jusqu’en 2004, La Grenade se targuait d’être le deuxième producteur mondial derrière
l’Indonésie et l’ensemble de ses épices faisait vivre plus de 3 000
exploitants. Mais cette année-là, l’ouragan Ivan ravagea 60%
des plantations sur son passage, Aujourd’hui, dix ans, après Grenade se
place au 7ème rang.
Usine noix de muscade |
Le 7 septembre 2004, l'ouragan Ivan dévasta la Grenade. 90 % des habitations
ou immeubles furent détruits. Plus de 90 % des bateaux ancrés
régulièrement ou réfugiés à Grenade pour échapper à Ivan furent coulés ou
endommagés. Ivan, cyclone de force 5 (« catastrophique », maximum sur
l'échelle de Saffir-Simpson) fit 37 morts, 500 blessés et laissa 60 000
personnes sans abri. Il fut l'ouragan le plus redoutable ayant frappé les
Caraïbes en un demi-siècle.
Notre guide, conscient de
l’importance du tourisme pour l’économie de son île, est au petit soin pour
nous. Très en verve, il répond à nos questions avec plaisir, les anticipe et
abonde en qualificatifs élogieux pour nous présenter Grenade. Des routes
scéniques nous dévoilent de magnifiques paysages, toujours verdoyants, des
maisons très colorées bordées d’hibiscus, de bougainvillées fuschia ou jaunes
ou d’allamandas, des cascades de-ci de-là. Le relief, montagneux, permet néanmoins aux bananiers,
cacaoyers, muscadiers, caféiers, arbres à pain de proliférer. Les amateurs de
fruits exotiques peuvent se délecter de papayes, de goyaves, de corossols,
d’ananas, de caramboles et bien sûr comme dans toutes les Antilles de bananes. L'île de Grenade est très fertile ; les cinq
huitièmes en sont cultivés. Toutefois, l'agriculture ne représente plus que le
quart du PIB du pays. Grenade compte aujourd'hui sur le tourisme en tant que source principale de devises étrangères,
particulièrement depuis la construction d'un aéroport international en 1985.
cacaoyer |
A l’île aux épices entre noix de
muscade, cannelle, curcuma et même gingembre nous faisons notre shopping. Des
colliers très odorants sont proposés pour quelques dollars caraïbes à la sortie
des marchés et de l’usine à noix de muscade.
Ils vont embaumer Philéas pendant quelques semaines.
noi |
A Grenade les salaires sont peu
élevés et paradoxalement le coût des fruits et légumes et les prix en général
sont disproportionnés. Nous nous étonnons de voir de nombreuses grandes
maisons, d’architecture plutôt élégante, fleurirent du nord au sud de l’île.
L’explication nous est donnée par notre guide ; elles appartiennent à des
expatriés rentrés au pays après une vie de labeur en Angleterre.
Notre retour sur le plancher des
vaches se présente bien ; soleil, chaleur, paysages exotiques et… pluie
tout de même pour rincer Philéas, qu’espérer de plus ? Grenade est une
bonne transition pour réadapter le marin. Familles et amis restés dans
l’hexagone ont déjà troqués tee shirt, short, et jupes légères contre des
vêtements plus couvrants et surtout plus chauds et entrent dans l’hiver que
nous éviterons cette année encore.
Après quelques jours à la marina,
la flottille se disperse peu à peu pour deux mois de programme libre.
Philéas appareille pour
Carriacou. Le mouillage de Tyrell bay est toujours aussi paisible ; la vie
à terre tourne au ralenti. Nous apprécions la quiétude de cette île loin des
sentiers touristiques. Depuis 2012 quelques changements toutefois, des maisons
d’un style identique à celui des résidences rencontrées à Grenade bordent
harmonieusement les chemins de Carriacou. Les connexions wifi peu répandues
jusqu’alors, se démocratisent.
Nous nous attardons peu à Tyrell
bay, notre intention étant de séjourner dans les Grenadines et notamment aux
Tobago cays avant l’arrivée massive des vacanciers de Noël. Un mouillage
encombré perd de son charme.
Nous appareillons pour l’île
d’Union, passage obligé pour y accomplir les formalités d’entrée dans les
Grenadines de Saint Vincent.
Présentation de La Grenade
Grenade est située au nord de Trinité et Tobago. D'une superficie de 340 km2, ce pays compte environ 90 343 habitants (2008) et est composé de l'île principale. Grenade et de quelques îles parmi les Grenadines, Carriacou et Petite Martinique. Saint-George est la capitale de la Grenade.
La Grenade est située à 200 km au nord du Venezuela. Le mont Sainte-Catherine est le point culminant avec 840 m. Son littoral mesure 121 km de long.
Et pour les plus curieux, histoire de La Grenade
Avant l'arrivée de Christophe Colomb en 1492, l'île était habitée par les Caraïbes. Christophe Colomb baptisa cette île Concepcion. Une compagnie fondée par le cardinal français Richelieu acheta l'île aux Anglais en 1650. La Grenade resta sous domination française jusqu’en 1762. Elle devint officiellement britannique en 1763 par le traité de Paris qui mit fin à la guerre de Sept Ans. Les Français s'emparèrent à nouveau de l'île en 1779 mais les Britanniques la reprirent peu après. La paix fut rétablie lors de la signature par les deux camps du traité de Versailles en 1783. Provoquée par Victor Hugues une révolte pro-française éclata en 1795 mais fut matée par les troupes britanniques.
De 1958 à 1962, la Grenade devint une province de la Fédération des Indes occidentales qui éclata rapidement.
L'île accéda à l'indépendance le 7 février 1974 devant un Royaume du Commonwealth, avec Eric Gairy comme premier ministre. Mais le gouvernement de celui-ci devint progressivement autoritaire, déclenchant un coup d'Etat en 1979 par le populaire et charismatique leader populiste Maurice Bishop qui mit en place le Gouvernement révolutionnaire populaire de La Grenade (People's Revolutionary Government of Grenada PRG). Bishop n'organisa pas d'élections et sa politque socialiste le rapprocha considérablement du régime de Cuba. Ceci était dérangeant pour les pays voisins comme Trinité et Tobago, la Barbade, la Dominique et surtout les Etats-Unis. Au sein du gouvernement socialiste, les dissensions entre une section pro-soviétique loyale à Moscou et les partisans de Bishop conduisirent à l'arrestation de ce dernier. Il fut exécuté le 19 octobre 1983, l'armée (dominée par les éléments pro-soviétiques) prenant le pouvoir.
Six jours après la prise de pouvoir par l'armée en octobre 1983, la Grenade était envahie par une coalition menée par les Etats-Unis. Cette intervention fut demandée par l'Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale (ECO). La requête fut rédigée à Washington. L'opération fut le plus grand déploiement américain depuis la guerre du Viêt Nam.
La guerre fut rapide et la coalition américaine (7 000 soldats américains et 300 hommes d'Antigua, de la Barbade, de la Dominique, de la Jamaïque, de Sainte Lucie et de Saint-Vincent qui n'ont pas participé aux combats) vint rapidement à bout des forces grenadiennes (1200 soldats assistés par 784 Cubains et quelques instructeurs provenant d'URSS et d'autres pays communistes). Après la chute du PRG, des élections furent tenues en 1984et virent la victoire du Nouveau Parti National.
Maison très colorée de la Grenade |
Tous mes meilleurs voeux de bonheur et santé pour cette nouvelle année.
RépondreSupprimerBonne continuation pour votre aventure.
Plein de gros bisous
Liliane