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vendredi 7 juin 2013

ESCALE A BARCELONE





Mercredi jour de marché à Pollensa, touristes et autochtones déambulent d’un étal à l’autre. Nous profitons de nos derniers instants en terre majorquine avant l’appareillage. Peu avant midi nous relevons l’ancre et mettons le cap sur Barcelone situé à 100 nautiques. Nous doublons une dernière fois le cap Formentor et filons 7,5 nœuds au portant vers notre destination. A la tombée de la nuit le vent faiblit progressivement jusqu’à devenir inexistant. La brise volvo reprend du service en attendant mieux. Le vent joue au chat et à la souris avec Philéas jusqu’à notre arrivée à Barcelone. 

Après 23 heures de navigation nous dépassons la darse nationale et accostons à la marina de port de Vell en travaux mais disposant néanmoins de nombreuses places vacantes. Remarquablement bien située au cœur de Barcelone, la marina est l’endroit idéal pour visiter la capitale de la Catalogne. Pendant trois jours nous usons nos semelles de chaussures à parcourir la seconde ville d’Espagne à la découverte de nombreux édifices (heureusement le métro facilite nos déplacements..). L’empreinte de l’architecte Antoni Gaudi est omniprésente d’un point à l’autre de l’agglomération. Le soir nous sommes véritablement épuisés par la vie trépidante de la ville et la foule quasi-permanente. En ce début du mois de juin les touristes sont déjà légion. Mais peut-être en est-il ainsi toute l’année ! Dans la rambla il faut littéralement se frayer un chemin pour progresser. Une période d’adaptation est nécessaire aux amateurs de grands espaces que nous sommes ! 


PRÉSENTATION DE BARCELONE

1 615 908 habitants. Son agglomération en compte 5 327 872 d’après les estimations de 2008.

Barcelone, capitale administrative et économique de la Catalogne, est la deuxième ville d'Espagne en termes de population et d'activités, la onzième ville la plus peuplée de l'Union européenne et la sixième en incluant sa banlieue. Située sur le littoral méditerranéen, elle est traversée par les fleuves Llobregat et Besós et bordée à l'ouest par la Serra de Collserola qui culmine à 512 mètres (sommet : Tibidado). Elle est considérée comme ville mondiale en raison de son importance dans les domaines de la finance, du commerce international, de l'édition, des arts, du divertissement et des médias. Barcelone est incontestablement un centre économique majeur qui de surcroît est doté d'un des principaux ports méditerranéens et du deuxième aéroport espagnol derrière celui de Madrid-Barajas. Elle est aussi la ville qui possède le plus grand parc métropolitain du monde, le parc Collserola, plus vaste que Central Park de New York. Ayant été fondée par les Romains, la ville devint la capitale des comtes de Barcelone puis l'une des villes majeures de la Couronne d’Aragon. Redessinée plusieurs fois pendant son histoire, elle est aujourd'hui une destination touristique majeure et jouit d'un patrimoine culturel. Le palais Güell (en 1984), la Casa Milà, le parc Güell, le Palais de la musique catalane et l'Hôpital de Sant Pau figurent d'ailleurs sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. En outre, la ville est également connue pour avoir accueilli les Jeux olympiques en 1992 et, plus récemment, le siège de l'union pour la Méditerranée.


TOPONYMIE de  BARCELONE

Plusieurs hypothèses subsistent :

- On sait qu'à l'origine se trouvait une ville ibère, de la tribu des Laietans (Layetanos), d'abord conquise par les Carthaginois puis par Scipion Emilien, et devint par la suite une colonie romaine nommée colonia Faventia Julia Augusta Pia Barcino.

- Durant le Moyen Âge, Barcelone a été connue avec les noms suivants : Barchinona, Barçalona, Barchelona ou Barchenona. La principale théorie attribue l'origine du nom à Hamilcar Barca, fondateur supposé de la ville, ou à son fils Hannibal Barca, tous les deux de la dynastie des Barcides. Il n'existe cependant aucune preuve formelle du lien entre ces deux noms.

- Une autre théorie s'appuie sur une inscription en ibère retrouvée sur une pièce de monnaie pour affirmer que le nom vient du phénicien Barkeno

- Il existe enfin une légende qui donne une origine mythologique au nom de la ville. Selon cette légende, Hercule aurait rejoint les Argonautes après le quatrième de ses douze travaux, pour les aider à trouver la Toison d'or. Lorsqu'ils passèrent la côte catalane, une tempête aurait dispersé les navires et fait disparaître la 9e embarcation. Hercule aurait alors trouvé les restes du Barca Nona, le 9e navire, près de l'actuel Montjuïc. L'équipage du navire aurait trouvé l'endroit si accueillant qu'ils auraient décidé, avec l'aide d'Hermès (dieu du commerce et des arts) de fonder une ville qu'ils nommèrent Barcanona. On trouve dans l'Antiquité la ville sous plusieurs noms : Βαρκινών en grec ancien, et en latin Barcino ("Colonia Julia Augusta Faventia Paterna Barcino"), Barcilonum ou Barceno.


VILLE MARITIME

Barcelone est avant tout une ville maritime, géographiquement et historiquement tournée vers la mer Méditerranée, comme en témoigne la présence de nombreux ports.

Le port de Barcelone est le plus important port de la Méditerranée, surtout en matière de transport de passagers. Le port est divisé en deux grandes parties, industrielle et commerciale.
Depuis 1995, le port Vell,  offre un large éventail d'activités, que ce soit dans le domaine de la culture, des loisirs ou bien des affaires. S'y concentrent le Maremagnum, l'aquarium, le musée d'Histoire de la Catalogne, le musée Maritime ou encore la Marina Port Vell où nous avons fait escale avec Philéas. 
Le port Olympique a été aménagé à l'occasion des Jeux olympiques d’été de 1992. Le village olympique a été construit sur d'anciens terrains industriels. Ce port invite au mouvement, de jour comme de nuit : sports nautiques, discothèques, bars.


PRINCIPALES CURIOSITÉS TOURISTIQUES

La Rambla est l'emblématique avenue et lieu de promenade de Barcelone reliant la Plaça de Catalunya, centre névralgique de la ville, au vieux port où se dresse la colonne Christophe Colomb. Un séjour à Barcelone ne se conçoit pas sans une promenade sur la rambla : marchands d’oiseaux, fleuristes, artistes de rue, grands édifices, superbe marché alimentaire mais aussi une foule souvent compacte se côtoient sur 1,25 km.
Le marché couvert adjacent de la Boqueria, achevé en 1914 avec son design aux influences modernistes, est l’un des rares bâtiments barcelonais où l’architecture est éclipsée par ce qu’il héberge : les produits frais d’Espagne. On s’égare parmi les étals de fruits et légumes méticuleusement aménagés, les étals de fromages, les abondants étals de poissons frais ou encore de viande et charcuterie en tous genres dont le fameux jámon. On s’émerveille devant ces innombrables variétés et ces couleurs chatoyantes ! Et quelle d’effervescence !


Au cœur de la Vieille Ville, le Barri Gòtic est le quartier le plus ancien de Barcelone. Il regroupe de nombreux édifices de l'époque médiévale dont la cathédrale Sainte-Eulalie et abrite différents bâtiments administratifs dont la Casa de la Ciutat. Du dédale de ruelles, se dégage la Plaça Nova comportant deux tours cylindriques datant de l'époque romaine ou encore la Plaça del Rei siège du Palau Reial Major, résidence comtale puis royale, se caractérisant par ses réverbères, œuvres de jeunesse d' Antoni Gaudi. Très fréquentée aussi,
la Plaça del Pi est l'un des pivots centraux de ce quartier s'étendant jusqu'aux abords de celui du Born. L’église de Santa Maria del Pi est emblématique du gothique catalan avec sa façade imposante et son vaste intérieur et sa nef unique. La sobriété du sanctuaire principal contraste avec les luxueuses chapelles et les superbes vitraux qui laissent pénétrer à l’intérieur une faible lumière. La magnifique rosace surmontant le portail est l’une des plus grandes du monde.


Place de la Seu, l’incontournable Cathédrale, cœur spirituel de Barcelone depuis des siècles, est le contrepoids traditionnel des fioritures architecturales avant-gardistes de la Sagrada Familia. Tandis que les fantaisies de Gaudi traduisent les aspirations d’une ville qui repousse les limites et se projette dans le future, la Cathédrale gothique, à la fois sobre et somptueuse, rappelle le passé de la ville. Sa construction commencée à la fin du XIIIème siècle et achevée seulement six siècles plus tard, fait de cet édifice un témoin de l’histoire de Barcelone.

La Ribera abrite le musée Picasso.  Le peintre passa de nombreuses années à Barcelone et la ville accueille tout  naturellement le plus grand musée du monde consacré aux années de formation de l’artiste et à son extraordinaire talent précoce. Les peintures cubistes qui font sa renommée brillent par leur absence, mais l’endroit n’en reste pas moins une galerie de première classe qui retrace le développement du peintre.


Barcelone compte un grand nombre d’église mais l’Eglise de Santa Maria del Mar mérite un détour. De style gothique elle se dresse au milieu des immeubles du quartier El Born. S’opposant à l’étroit dédale des rues voisines, un véritable sentiment de lumière et d’espace envahit le sanctuaire de l’église. Son intérieur en pierre, proche de la perfection fait d’elle une digne rivale de la Cathédrale et de la Sagrada Familia.


La casa Batlló est l’un des produits les plus étranges de la fertile imagination de Gaudi. Du génie espiègle de sa façade aux jeux de lumières et formes architecturales révolutionnaires, cet immeuble, construit pour attirer les regards (et le pari est gagné !), est l’un des plus beaux édifices de Barcelone où la concurrence est féroce. Les lignes droites sont rares et le mobilier intérieur a dû être conçu spécialement pour s’adapter aux formes  hors normes des murs.  Nous nous contenterons d’observer sa façade extérieure, la file d’attente pour visiter son intérieur étant longue. Pour Salvador Dali elle ressemblait à des « nuages du crépuscule sur l’eau», belle image pour des navigateurs, non ?… D’autres y voient une ressemblance avec le chef-d’œuvre impressionniste de Monnet, Les Nymphéas. Parsemée de fragments de céramique bleus, mauves et verts, de cadres de fenêtres ondoyants et de balcons en forme de masque cette façade fantasque attire l’imagination. J’ai l’impression d’être Alice aux pays des merveilles  et de l’imaginaire.

Nous empruntons le métro pour nous rendre à un site qui ne laisse pas non plus indifférent. Lieu touristique le plus important d’Espagne, en construction depuis plus d’un siècle, la Sagrada Familia,  temple expiatoire de la Sainte Famille de son nom complet, est une œuvre architecturale unique et extraordinaire de 115 mètres de hauteur. Temple conçu pour expier les péchés de la modernité de Barcelone, cette église géante est devenue la mission sacrée de Gaudi. Une fois achevée (si elle l’est un jour…) elle pourra accueillir 13 000 fidèles et comme les œuvres médiévales, elle racontera l’histoire de l’art. Riche en iconographies et en symboles religieux, elle peut être qualifiée à la fois d’ancienne et de profondément moderne. Gaudi passa les 12 dernières années de sa vie à élaborer les plans pour achever la Sagrada Familia. A sa mort en juin 1926 (il fut renversé par un tramway,  pris pour un vagabond et mourut trois jours plus tard) moins d’un quart de la basilique était construit. S'agissant d’un temple expiatoire, les travaux débutés en 1886 sont exclusivement financés grâce à l’ aumône. A défaut de moyens suffisants, il n’a pas été possible de construire simultanément les différentes parties du monument, mais depuis les années 1990, l’affluence de visiteurs et le renom mondial de l’œuvre ont fait évoluer la situation économique.

Si vous souhaitez en savoir davantage cliquer sur la Sagrada Familia  et sur l’œuvre d'Antoni Gaudí.


Une autre des autres créations de Gaudi est le parc Güell. Destiné au départ aux Barcelonais aisés,  il s’étend sur un flanc de colline au nord du centre ville. Le grand architecte se mit au paysagisme. Le résultat est un vaste et joyeux espace vert parsemé de structures d’un autre monde aux éclats de céramique scintillants. 



A l’entrée les escaliers et les deux maisons de gardiens, sorties tout droit du conte Hansel et Gretel, s’ornent d’un ensemble de fontaines, de vieux symboles catalans et d’un lézard très …photographié.
Au sommet des escaliers trône la Sala Hipostila, une forêt de 86 colonnes doriques qui devait abriter un marché. Plus haut  une vaste esplanade est délimitée par le Banc de Trencadis, un banc ondoyant couvert de céramique, symbolisant pour certains un serpent mythique et pour d’autres les vagues typiques de Gaudi. L’architecte est à l’origine de la forme mais les motifs en morceaux de céramique sont l’œuvre de son bras droit, Joseph Maria Jujol. A l’ouest du banc de Trencadis la casa surmontée d’un clocher est la maison où vécu Gaudi la majeure partie de ses vingt dernières années. Son intérieur est sobre et contraste avec l’extravagance de ses œuvres. Enfin une grande partie de l’extrémité est du parc est dominé par les viaducs, la solution de l’architecte pour y faire venir les gens et les véhicules. Colonnes penchées et pierres locales créent un effet surprenant semblant sortir d’un conte de fées. Elles laissent croire que la structure entière à été sculptée directement dans la montagne. 
 
Après quelques jours de tourisme intensif il est temps de reprendre la mer. Mais auparavant un réapprovisionnement de la cambuse du bord en produits frais n’est pas superflu. Je me rends au marché le plus proche de la marina, celui de Santa Caterina. L’architecte barcelonais Enric Miralles l’a concu sur le site d’un marché du XIXème siècle, lui même bâti à l’emplacement d’un monastère dominicain du Moyen Age. Les étals sont moins nombreux qu’au mercat de la Boqueria et l’effervescence est moindre. Mais j’y  trouve largement mon bonheur : fruits, légumes, poissons, viande et fromages. Que demander de plus !

En Espagne les marchés couverts restent la norme. Les ménagères y affluent tous les jours de la semaine mais le samedi les files d’attente sont parfois longues. Un distributeur de tickets régulent l’ordre de passage comme aux rayons frais de nos supermarchés. A Santa Caterina les inscriptions sont en catalan ce qui n’est pas sans poser de problème de compréhension à mon castillan en cours d’acquisition. Un gros orage éclate, le tonnerre gronde, des trombes d’eau déferlent sur le toit ondulant en carrelage polychrome du marché. Je m’attarde plus que nécessaire entre les allées et observe vendeurs et acheteurs en attendant une accalmie. Santa Caterina est essentiellement fréquentée par les barcelonais à la différence du mercat de la Rambla qui attire de nombreux touristes.  


lundi 6 mai 2013

NAVIGATION AUX BALEARES : 6 MAI AU 6 JUIN 2013

Philéas a quitté son port d'attache dès les premiers jours de mai à destination des îles des Baléares.

Les îles Baléares (en catalan Illes Balears, en castillan Islas Baleares) sont une communauté autonome de  l'Espagne.
Il s'agit d'un archipel situé en mer méditerranée qui comprend cinq îles principales, ainsi que quelques îlos, réparties en deux groupes :




Minorque (Menorca en catalan et en castillan ; du latin Balearis Minor) est une des  Îles Baléares. Elle est située au nord-est de Majorque. Elle a été appelée Nura (îlot du feu) par les Phéniciens en l'honneur de leur dieu Baal. Son point culminant, El Toro, s’élève  à 358 m au-dessus de niveau de la mer. L'île a de nombreux monuments en pierre mégalithique : navetes, taulas, et talaiots. Rocailleuse et battue par les vents, l'île est la plus préservée de l'archipel.

Sa capitale est Maó (ou Mahón) d’où viendrait le nom de la sauce mayonnaise.

L'origine du mot mayonnaise est controversée, la première acception du mot apparaissant en 1806. Il pourrait venir de Mahón, ville occupée par les Anglais et conquise par le maréchal de Richelieu en 1756. Son cuisinier lui aurait présenté cette sauce, baptisée « la mahonnaise », fabriquée avec les deux seuls ingrédients dont il disposait : œuf et huile. Néanmoins, cette sauce commençait à être décrite un peu avant cet évènement.

Un produit typique de l'archipel est la soubressade (sobrasada), élaborée à partir de viande de porc hachée, assaisonnée d'une quantité plus ou moins importante de poudre de piment rouge piquant. Le flao, un flan au lait de brebis, est un des desserts typiques de l'archipel. Le fromage de Maó connaît une belle popularité à l'extérieur de l'île.

Une présence prolongée des Britanniques se traduit par un goût des Minorquins pour le gin, que les insulaires mélangent à de la limonade pour obtenir de la pomada à l'occasion des fêtes patronales.

Paysage typiquement méditerranéen, très rocailleux : de nombreuses calanques, accessibles parfois uniquement par bateau ou de longues heures de marche. Elles font le bonheur des touristes aussi minorquins qu’étrangers. Eloignée des grands centres de location de voiliers , Minorque reste l’un des rares endroits de méditerranée où il fait bon naviguer pendant les mois de juillet et août. En 2010, nous avons pris le temps de flâner le long de ses 200 kilomètres de côtes, parsemées de plus de 70 plages, la plupart de sable fin et éloignées des voies carrossables.  Avec un  bord de mer aussi  préservé et des paysages aussi sauvages, Minorque a tout naturellement été classée réserve de biosphère par l'UNESCO.


C’est avec plaisir que nous faisons découvrir Minorque à Flore, notre équipière en herbe. Fornels est notre escale d’atterrissage après notre traversée. Mahon et Ciutadella sont bien sûr au programme. Notre séjour à Minorque sera court, nous nous attarderons davantage à Majorque cette fois.


En route vers Majorque, la météo est encore instable et le temps n'est guère de saison. Cependant l'équipage ne se plaint pas car les mouillages ne sont pas surpeuplés.
A puerto de Soller une fête n'attendait que nous, la fête des Moros i Cristians.  Journée agréable pendant laquelle la population locale se déplace en masse pour commémorer la bataille de 1561  qui opposa les chrétiens et les maures.
Le mouillage ne manquait pas d’animation : défilés des autochtones  en costumes d’époque, arrivée par la mer des attaquants à grands coups de pétards et feux d’artifice et….maquillage à la suie des badauds (dont nous faisions partie) par  les combattants des lieux. Spectacle intéressant pour les yeux mais les oreilles ont souffert et s’en souviennent encore….

Mouillage de Puerto de Soller


Du jeudi 16 mai au dimanche 19 mai : Relâche à Palma de Majorque pour quelques jours pour visites touristiques et pour y déposer notre apprentie équipière Flore qui doit rejoindre la France dimanche matin.

Palma de Majorque (en catalan : Palma ; en castillan : Palma de Mallorca) est la ville principale de l'île de Majorque, capitale des îles Baléares et constitue à elle seule l'une des comarques de l'île. Le nom de la ville remonte à 123 avant J.-C., l'année où Quintus Cecelius Metellus fonda la cité et lui donna le nom des palmes reçues lors de son triomphe à Rome. Généralement appelée, par simple usage, Palma de Majorque, son nom officiel a toujours été Palma, ce qui fut confirmé en 2008. En 2011, une nouvelle loi (Ley de Capitalidad) redonna, cette fois à titre officiel, son nom de Palma de Majorque à la capitale régionale.


Palma de Majorque et sa fameuse cathédrale

Lundi 20 mai, Philéas quitte Palma pour faire du tourisme  le long de la côte Ouest de Majorque. 

Un retour à Toulon est prévu fin juin pour une période d'indisponibilité pour entretien pendant les mois d'été.

Lundi 20 mai 2013 : Ile de Cabrera (l’ile aux chèvres)
Située au sud-sud ouest de Majorque, Cabrera, petite île de sept kilomètres sur cinq, creusée de plusieurs baies profondes est entourée de nombreux îlots. Son relief est accidenté et son point culminant, Alto de Picamoscas domine à 172 m.


L’archipel a été déclaré Parc National en avril 1991 par le gouvernement espagnol pour préserver les plantes endémiques rares et la faune. L’accès en est limité et nécessite l’obtention d’un permis.

Cabrera est un paradis pour les oiseaux de mer, dont le rare goéland d’Audouin et pour les oiseaux de proie comme l’aigle pêcheur, le faucon pèlerin et le faucon Eleaonora.

Le goéland d’Audouin plus petit que le goéland argenté a un grand bec rouge à bout noir et des pattes foncées. Vu du dessous, en vol, le bout de l’aile paraît beaucoup plus noir que chez son cousin. Son cri est une sorte de plainte nasale.   

Les eaux de l’archipel abritent poissons, tortues, dauphins, baleines (encore faut-il  avoir la chance de les rencontrer…) et certaines variétés de corail. Il est plus aisé de voir les oiseaux de mer.

La grande baie accueillant Philéas nous séduit par son côté sauvage et sa quiétude. Nous sommes sous le charme de ce mouillage calme et tranquille situé à seulement 30 nautiques de Palma de Majorque.



Un peu d’histoire

 L’ile fut probablement habitée dès l’époque préhistorique ; des vestiges de constructions ont été retrouvés. Des céramiques et des pièces de monnaies romaines et byrantines ont également été découvertes.

Si l’île est aujourd’hui paisible et sauvage, son passé est bien mouvementé. Elle a de tout temps servi d’escale aux navigateurs, tour à tour  phéniciens, carthaginois, romains et byrantins. Au XIVème siècle pour défendre les îles contre les pirates qui pillent les côtes sans vergogne, une forteresse y est construite. Dès qu’une voile suspecte apparaît à l’horizon, les vigies allument un feu pour la signaler à la côte de Majorque et, bientôt toute la grande île est sur le pied de guerre… Avec les siècles, les assauts des pirates cessent, et Cabrera coule des jours heureux, à l’exception de l’épisode napoléonien.

Cabrera avant Sainte Hélène

Y a-t-il une île de la Méditerranée où Napoléon n’ait pas laissé sa trace ? Cabrera fut le  cadre de l’une des nombreuses tragédies des campagnes napoléoniennes. Défaite en Andalousie en 1808, l’armée française est livrée aux mains de l’Espagne victorieuse et de son alliée britannique. Les soldats survivants sont envoyés  en détention sur la désertique Cabrera. S’ensuivent 5 années de souffrance pour 9 000 prisonniers. Plus de la moitié meurent de maladies et de faim. Ils sont enterrés près du château et un mémorial a été érigé en 1847 au centre de l’île.

 En 1916 l’île tombe dans le giron de l’armée et à partir de 1973 elle devient le théâtre de manœuvres militaires. Pendant la saison de nidification, les côtes et les îlots reçoivent des déluges de fer et de feu massacrant une partie des oiseaux nicheurs et faisant fuir le reste. Les écologistes ont gain de cause en 1986 et le classement en « parc national » est acquis en 1991. Souvenir de ces années d’acier, on ne peut toujours pas se balader partout car le sol reste truffé d’obus qui n’ont pas encore explosé !  


Jeudi 23 mai en route vers La calo d’Els homos morts -(nom barbare pour un site aussi charmant…)


Nous nous décidons à quitter le mouillage idyllique de Cabrera pour rejoindre la côte sud de Majorque. L’île est sans conteste le lieu de villégiature des touristes allemands. Les autochtones ne s’y trompent pas  et s’efforcent de répondre à leurs attentes. L’allemand y est couramment utilisé et les commerçants s’adressent à moi dans la langue de Goëthe sans hésitation alors que je m’essaie à mes quelques connaissances fraichement acquises d'un espagnol encore hésitant …. Les cartes des restaurants sont traduites en allemand, anglais mais jamais en français. A Porto Petro une vendeuse d’un commerce local fait office d’exception elle parle 6 langues dont le français.

A cette époque de l’année en tout cas, nous ne rencontrons, sur le plan d’eau, que de très rares voiliers navigant sous pavillon français. Lorsque l’occasion se présente nous nous congratulons de loin ou de près…. Au mouillage à Porto Colom un catamaran de 17 mètres, l’un des premiers lagoon aux lignes plus marines que ses descendants modernes est attiré par le petit Philéas (petit mais racé) et hop c’est parti pour un apéro avec tapas à bord de notre voisin géant. Avec l’équipage, des fiers marins bretons amis de grands noms de la voile dont feu Tabarly (dont c’est d’ailleurs bientôt le triste anniversaire de sa disparition en mer), nous parlons bien sûr bateaux et souvenirs de navigation. Ah ces marins !!!!.   



Samedi 25 – Dimanche 26 mai 2013 – Porto Cristo


Petit port de pêche plaisant dont les origines remontent au XIIème siècle. La ville servait alors de port à Manacor. Il n’en reste pas trace aujourd’hui et les édifices actuels datent des XIXème et XXème  siècles. La bourgade a réussi à garder un certain charme malgré l’afflux de visiteurs. 


La région est célèbre
pour ses grottes et pour une tentative de débarquement ratée des forces communistes pendant la guerre civile.  Nous ne manquons pas de nous rendre aux fameuses grottes du Dragon (coves del Drach) découverte par le spéléologue français  Edouard-Alfred Martel qui l’explora en 1896 suivant les indications de l’archiduc Louis Salvador.
Quatre salles et l’un des plus grands lacs souterrains du monde (177m de long par 40 m de large pour une profondeur de 7 à 9m) se dévoilent peu à peu. Après avoir cheminé sur un parcours balisé en observant les stalactites, stalagmites et autres prouesses de la nature nous atteignons le lac Martel.
Là des musiciens donnent un concert de musique classique depuis une chaloupe illuminée à l’issue duquel nous traversons le petit lac à bord d’une barque en direction de la sortie. Une formidable visite !



La contrée eut également la faveur des rois de Majorque pour leurs vacances estivales. 
 Lundi 27 mai 2013 au petit matin Appareillage en direction du Nord-Est 

Comme d'habitude en méditerranée le vent ne se distingue pas par sa régularité. Tantôt Philéas file 7 noeuds, tantôt le compteur affiche 4,5 noeuds. Mais bon nous sommes en vacances...



Un coup de vent est annoncé à partir de mardi, nous décidons de mouiller dans un premier temps dans la baie d'Alcudia bien protégée puis de rejoindre la marina en fin de séjour. La baie d'Alcudia aurait pu être attrayante si les promoteurs, une fois encore, ne l'avaient pas sacrifiée sur l'autel du tourisme de masse. Le long de la plage les hôtels rivalisent sans jamais discontinuer.
En revanche la  ville ancienne d'Alcudia, située à 2 km du port est un lieu charmant. Il est agréable de flâner dans ses ruelles pittoresques qui se cachent derrière les remparts médiévaux de pierres dorées. Erigée sous le roi Jaume II, la construction date du XIVème siècle.  D'une structure quadrangulaire renforcée par 26 tours cette fortification s'étend sur un périmètre de 1,5 km. Le mur atteint une hauteur moyenne de 6 mètres, un fossé complète ce dispositif. A l'origine 3 portes ouvraient l'accès à la ville, 2 seulement subsistent. En 1974 le centre urbain historique d'Alcudia fut classé "ensemble historique artistique".
Un grand marché prend possession de la ville historique le mardi matin. Pour une fois nous sommes au rendez-vous. Mais que de monde !!! Les vacanciers en quête de soleil et de bronzage envahissent les rues. Beaucoup d'allemands bien sûr mais aussi quelques français en cette fin de mois de mai.
Nous reviendrons pour profiter en toute quiétude de  ce lieu historique à l'heure de la "siesta" ou de la "bronzette". Ici comme dans toutes les villes espagnoles d'ailleurs, les boutiques ferment entre 14h00 et 17h00 voire 18h00. 


Vendredi 31 mai : Alcudia

En ce dernier jour du mois de mai Eole s’en donne à cœur joie en s’offrant un « coup de vent » (1). Autant dire que cela décoiffe…. Nous optons pour la sagesse et attendons tranquillement la fin des hostilités. Le ciel est dégagé et Alcudia bien protégée par ses remparts millénaires est épargnée par le vent rageur.



Dans les ruelles d’Alcudia, une ambiance presque estivale y règne même si les températures atteignent difficilement vingt degrés.


Les touristes nordiques  en tenue légère sont vite repérés parmi les méditerranéens qui  eux déambulent en pulls et pantalons. Depuis un mois nos tenues d’été sont rangées dans les placards, seuls nos bras parfois dénudés et nos visages ont pris quelques couleurs.


Le reste du corps reste éblouissant de blancheur ! Je n’ai gouté à l’eau…salée que par deux fois, la première par obligation lors d’une opération de sauvetage de notre annexe mal amarrée.



A vrai dire je n’ai pas eu le temps de regarder le thermomètre avant de sauter dans la grande bleue (20° tout de même).






Samedi 1er juin : Cala Murta


Agréable petite cala préservée, aux escarpements rocailleux avec une petite plage de cailloux. Un petit rocher en forme de château se dresse à l’entrée telle une sentinelle.  Quelques amateurs prennent le soleil sur la plage. Rares sont les aventuriers qui se jettent à l’eau encore un peu fraîche.  En soirée la cala désertée nous appartient. Juste avant le coucher du soleil la luminosité met en exergue la couleur ocre des rochers. Confortablement installés dans le cockpit nous profitons de ce tableau reposant. Nos yeux ne s’en lassent pas. Au petit matin les animaux profitent de la quiétude du site avant l’arrivée des premiers humains. Deux chèvres se déplacent sur le flanc de la montagne et s’arrêtent pour un petit déjeuner. Les goélands commencent leur balai aérien tandis qu’un cormoran juvénile prend son bain.


Dimanche 2 juin : Journée de labeur

Nous levons l’ancre pour doubler le cap Formentor. La météo semble nous le permettre. Mal nous en prend !!! Les prévisionnistes espagnols ont dû râter un épisode ! Ni la direction ni la force du vent ne reflètent la réalité. Nous prenons un ris(2) puis deux dans la grand-voile, enroulons le génois et hissons la trinquette(3). Après avoir tiré des bords carrés pendant près de trois heures(4), nous doublons le cap Fomentor espérant une situation meilleure de l’autre côté. Que néni, la houle y est encore plus prononcée !  Que faire dans ces conditions ? Continuer ainsi pendant une vingtaine de nautiques pour rejoindre Puerto Soller ou mouiller dans la cala San Vicente ? Cette dernière option est vite écartée, la houle rentre et s’écrase contre le rivage. En tirant des bords il nous reste à parcourir pas loin de 50 nautiques…. Faisant contre fortune bon cœur nous rebroussons chemin et doublons le cap Formentor en sens inverse pour rejoindre la baie bien abritée de Pollensa.

Deux fois la distance, trois fois le temps et quatre fois la peine !



Aujourd’hui nous déjeunerons à l’heure espagnole c’est sûr. Nous mouillons effectivement vers 15h30 après une navigation au près et en boucle de 36 nautiques….




Mardi 4 juin : Tourisme dans les terres

Un matin comme je les aime au mouillage ! Tout est calme et tranquille. La mer d’huile semble encore endormie tandis que le soleil pointe le bout de son nez. Confortablement  installée dans le cockpit j’observe, tout en prenant mon petit déjeuner, le plan d’eau, le vol des oiseaux et les voiliers ancrés.

La baie de Pollensa vue de la mer n’est guère attrayante, l’expansion des constructions en a rompu le charme. Les bars, restaurants, et résidences de vacances s’alignent sur le rivage sans discontinuité. En revanche vu de la terre le tableau est plus flatteur. Un décor de voiliers avec pour toile de fond les crêtes découpées de la péninsule de Formentor s’offre aux promeneurs.

Éole a pris un jour de congé. Que faire de mieux qu’explorer l’intérieur de Majorque aujourd’hui ?
Nous dédions notre première visite au monastère de Lluc. En 1229 un berger aurait trouvé une statuette miraculeuse à Lluc. Depuis, ce site a pris une dimension religieuse et en 1268 une chapelle fut érigée et l’endroit est devenu le premier lieu de pèlerinage de Majorque. Une basilique fut construite de 1622 à 1691. Les éléments décoratifs les plus récents datent du XXème siècle, ils sont l’œuvre du célèbre architecte Gaudi. L’intérieur de style baroque n’est guère harmonieux. Les visiteurs affluent en masse à Lluc. Durant notre présence trois bus ont déversé des groupes de touristes français et leurs guides francophones.
Deia, accessible par une petite route pittoresque encaissée entre les rochers est semble-t-il le lieu à ne pas manquer. 
 Nous apprécions (enfin moi surtout le chauffeur se doit de rester attentif aux nombreux virages…) la beauté des paysages et atteignons un adorable petit village de montagne aux maisons blotties autour de l’église. Un petit cimetière tout fleuri au sommet de la bourgade surplombe la mer et la campagne environnante. Installé à Deia en 1895 le poète Robert Graves repose ici. De nombreux artistes ou écrivains comme Picasso ou encore Anaïs Nin se sont laissés séduire eux aussi par le charme de Deia.



Le bourg est devenu LA destinatiion chic des « people » qui descendent à l’hôtel de luxe « La residencia ».



Nous poursuivons notre escapade au cœur de la sierra de Tramuntana. Inscrite au patrimoine de l’UNESCO en 2011 cette chaîne de montagne aux versants escarpés s’étale sur 90 km le long de la côte ouest de Majorque. Entre mer et montagne les paysages naturels préservés cohabitent depuis le moyen âge avec les terrasses agricoles en pierre sèche où se déploient oliveraies, vignes, vergers et potagers. La sierra est ponctuée de villages et de sentiers de randonnées pittoresques. Une authenticité aux antipodes du tourisme de masse !
Nous poursuivons notre ballade et nous attardons un peu plus loin à Valldemossa où les ruelles  sont une incitation à la flânerie. 
 




Nous apprécions l’atmosphère qui y règne, moins huppée qu’à Deia.

Un lavoir siège au cœur du village, réminiscence de ma petite enfance… Il ressemble à celui du village de ma grand-mère. Les lavandières sont d’un autre temps mais les pierres auraient bien des histoires a raconté si elles pouvaient s’exprimer.

En 1835 une ordonnance royale dissout les congrégations, abolit les couvents et expulse les moines. La chartreuse de Valldemossa est alors désertée. Trois ans plus tard, durant l’hiver 1838 George Sand et son amant Frédéric Chopin s’y installent pour quatre mois. Les villageois de l’époque n’apprécient guère la présence de ces deux originaux. A l’intérieur de la chartreuse un petit musée est  consacré à ces deux habitants célèbres. Aujourd’hui les Majorquins leur  rendent hommage. Ironie ? Non pas du tout, plutôt une manne touristique non négligeable !  
   



Après un mois de navigation aux îles Baléares entre Minorque et Majorque notre séjour touche à sa fin. Nous appareillons pour Barcelone à la découverte des œuvres de Gaudi.





Coucher de soleil lors de notre traversée vers Barcelone.



(1)Coup de vent : force 8 soit 62 à 74 km/h avec des rafales      ponctuelles entre 75 et 88 km/h. 
(2)Prendre un ris diminuer la surface de la voile.

(3)Le génois et la trinquette sont deux voiles d’avant. La trinquette a une superficie moindre et est hissée lorsque le vent se renforce.

(4)Tirer des bords : Un voilier ne peut progresser s’il est face au vent. Il est nécessaire de naviguer en zigzags pour utiliser le vent contraire et rejoindre la destination souhaitée.