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jeudi 19 février 2015

L’ARCHIPEL DE LA GUADELOUPE


MARIE GALANTE - ILES DE LA PETITE TERRE ET POINTE A PITRE

L’archipel de la Guadeloupe n’a rien perdu de sa séduction. Nous sommes sous le charme de ce bassin de navigation hors du commun. Nous savourons chaque instant de notre présence.

Marie Galante, la discrète, vit au rythme de ses pêcheurs et des navettes journalières débarquant leur flot de touristes en quête d’un rapide tour de l’île. Bien peu s’y attardent davantage hormis les gens de mer qui y jettent l’ancre de Grand Bourg à l’anse  Canot. Le soir Marie Galante retrouve sa quiétude et sa nonchalance pour notre plus grand plaisir.

Port de Grand Bourg - Marie Galante
 Notre séjour y sera de courte durée car nous entendons profiter d’une fenêtre météo favorable pour un pèlerinage aux îles enchanteresses de la Petite Terre. Point de forte houle de nord-est en prévision, la navigation dans la passe d’accès est praticable. Nous nous engouffrons dans le petit chenal séparant les deux petits îlots inhabités en quête d’une bouée d’amarrage. Le site est victime de sa réputation, une bonne partie des 13 coffres d’amarrage est déjà occupée par des catamarans tandis que  les autres ont fait le bonheur des monocoques. Le mouillage dans cette réserve marine protégée est interdit. Pas de chance nous allons devoir rebrousser chemin la mort dans l’âme lorsque… j’aperçois, bien cachée derrière un voilier, une…LA bouée salvatrice. Elle attendait Philéas. Nous sommes soulagés et fêtons notre bonne fortune le soir même autour d’un ti ’punch à la lueur des étoiles.
Equipée de palmes, masque et tuba je profite de la marée basse pour explorer le platier situé à l’est des îlots. A certains endroits les coraux sont pratiquement à fleur d’eau, je me fraye un chemin entre les pâtés de corail, explore les cavités dans lesquelles se cachent de timorés diodons porc-épics aux aguets. Les poissons coffres moutons, aux corps rigides en forme de fer à repasser ont une allure singulière. Leur carapace de plaques osseuses hexagonales ne laisse de passage que pour la bouche, l’anus, les narines, les ouvertures branchiales et les nageoires. En abondance des chirurgiens bleus, des girelles, des agoutis, des balaous au rostre étroit et pointu tel une aiguille, des poissons perroquets, feux tricolores reconnaissables à leurs dents soudées en forme de bec et pour les adolescents dits intermédiaires à leur dos et tête couverts de mouchetures d’un brun rougeâtre mélangées à des écailles blanches. Cachée dans une cavité une langouste évolue lentement.
 
 
Après deux bonnes heures de « snorkeling » je me rapproche de la plage, mon regard est attiré par une raie Pastenague américaine aux yeux exorbités peu esthétiques. Elle tente de se dissimuler dans le sable, trop tard nous nous regardons dans le blanc… des yeux. J’évite cependant de m’approcher trop près, la base de sa queue est armée d’un aiguillon venimeux dont la piqûre est douloureuse voire mortelle.



 A terre la visite de l’île dévoile un autre type de faune : des iguanes ont pris possession des lieux depuis longtemps. Au milieu des chemins, sous les feuillages, sur les buissons, ils sont omniprésents. Ces gros lézards à l’allure de dinosaures peuvent impressionner mais ils sont totalement inoffensifs.
 
 

En bordure de plage, dans de faibles profondeurs d’eau évoluent des jeunes requins citrons qui attendent de s’étoffer avant d’aller en découdre de l’autre côté de la barrière de corail. 




 Plus loin des pluviers courent sur le sable et à mon approche, se sentant menacés par mon appareil photos, s’envolent.
Inutile de préciser qu’un séjour aux îles de la Petite Terre est un moment de pur bonheur. Nous sommes délogés de ce site paradisiaque par l’annonce d’une houle de nord-ouest. Nous empruntons la passe avant d’être pris au piège par la mer. Le cap est mis sur la Guadeloupe, côte sud de Grande Terre et mouillons quelques heures plus tard devant l’îlet Gosier.

Le bourg de Gosier situé à 7 km de Pointe à Pitre doit son nom au pélican. Cet oiseau de mer doté d’une grande poche dilatable destinée à attraper les poissons est également appelé grand gosier. Il est devenu l’emblème de la ville. Nombril touristique de la Guadeloupe elle concentre hôtels, restaurants, bars et un casino. Sa situation géographique en fait un point de départ central pour les excursions à Basse Terre et à Grande Terre, les deux ailes du papillon, surnom imagé de la Guadeloupe. Ici aussi Gosier est victime de son activité touristique ; la commune est de plus en plus bétonnée et le bourg lui-même ne jouit d’aucun intérêt particulier.
Le choix de ce lieu d’escale est lié au côté pratique ; nous devons effectuer quelques achats sur le site de la marina et avons un rendez-vous avec …mamy boudin. Le vendredi en fin après-midi un marché rassemble primeurs locaux, traiteurs et petits artisans. Nous avons gardé en mémoire la délicieuse saveur des boudins antillais cuisinés par notre fameuse mamy boudin. Nos papilles salivent déjà à la perspective de ces friandises. Fruit (de l’arbre) à pain, corossols, caramboles, papayes et bananes remplissent également notre panier.
Plus loin des tiges de canne à sucre sont aplaties dans un broyeur artisanal pour en extraire le jus. Hop là une bouteille complète mon avitaillement, le ti ‘punch du soir n’en sera que meilleur !

Complètement déshydratée j’épanche ma soif non pas au bar du coin, lieu par trop commun, mais en sirotant de l’eau de coco aspirée à la paille directement du coco frais. Puis sabrée par un petit coup de machette, la noix se fend en deux et me livre sa chair gélatineuse que je mange avec délice. Pas de colorant, pas de conservateur, pas de sucre ajouté. La simplicité au service de la santé !
Si en 2012 la visite de Pointe à Pitre nous avait échappé, nous entendons bien l’inscrire dans le programme de notre journée. Nous flânons nonchalamment dans les rues de la capitale épargnée par les centres commerciaux. Les magasins tenus par les chinois, ici aussi, sont légions. Des petites boutiques, garantes d’un centre ville animé,  égayent les rues. Nous déambulons au milieu de rues et ruelles tracées au carré et bordées d’habitations aux façades ouvragées agrémentées de balcons aux rambardes de bois ou de fer forgé. Ici les amateurs d’architecture traditionnelle sont comblés par les plus beaux alignements de façades créoles de la ville. Un peu plus loin l’hôtel de ville trace la frontière avec les nouveaux quartiers probablement plus fonctionnels mais beaucoup moins gracieux.

La place de la victoire, ainsi nommée en souvenir de celle remportée face aux Anglais en 1794, est une vaste esplanade tapissée de vert, de massifs fleuris et de palmiers. La sous-préfecture et l’office du tourisme occupent deux des plus belles maisons la bordant. Le kiosque est l’emblème de la place.
Impossible de manquer le marché couvert St Antoine, fort animé, situé sur la plus ancienne place de Pointe à Pitre. Appelée aussi « marché à la viande » il accueillit au début des années 1960 les bouchers  sur des étals bétonnés, construits au fond de la halle au marché. Les halles métalliques datent de la fin du XIXème siècle. Ici les fruits (goyaves, ananas, bananes  jaunes et vertes) sont des promesses permanentes de douceur caraïbe. Fleurs, corbeilles d’épices, paniers artisanaux se mélangent gracieusement pour créer une ambiance exotique. Les vendeuses sont maîtresses dans l’art de mettre leurs étals en valeur.

Plus loin, le quartier des grand-mères savantes dont les talents d’herboriste font merveille dispensent leurs recettes miraculeuses : une pincée de poudre et le mal de dos disparaît ! une macération de cette écorce et fini les jambes lourdes et pour vous monsieur,  le célèbre bois-bandé qui « pa ni pwoblèm » permet en deux cuillères à soupe de retrouver vos élans de jeunes hommes !
Ici encore plus qu’à Fort de France, le marché est une explosion de couleurs, de saveurs, d’odeurs de mille épices et de bonne humeur. 
Si vous n’avez rien prévu pour vos vacances estivales, la Guadeloupe vous invite le 10 août, jour de la St Laurent, patron des cuisiniers à célébrer ses cuisinières. Venues de tous les villages de l’île, elles se retrouvent à la basilique de Pointe à Pitre en vêtements traditionnels avec des paniers remplis de mets plus appétissants les uns que les autres.  

Un peu d’histoire

Pointe à Pitre ne prend véritablement son essor qu’avec l’occupation anglaise. En 1748 les habitants d’un bourg voisin rattachent leur commune à la mer, les Anglais ayant créé les bases du développement des échanges maritimes.
En 1763 les Français reprennent l’île et le gouverneur de la Bourlamaque apporte un soutien régulier à son développement. Sortant dès lors d’une existence presque confidentielle, Pointe à Pitre devient progressivement la plaque tournante de la Caraïbe. La ville est marquée par la Révolution mais plus encore par le tremblement de terre de 1843 qui la détruit presque entièrement. Reconstruite en 1847 elle connaît ensuite bien d’autres malheurs : épidémie de choléra en 1865, incendie en 1899, conflits sociaux à la fin du siècle et violent cyclone de 1928. Pointe à Pitre est aussi un important centre industriel depuis la construction à Carénage en 1869 de l’usine Darboussier qui accueille la canne à sucre venant de Baie Mahault, Petit Bourg  et d’une partie de Grande Terre jusqu’en 1974.
A partir de 1935 l’arrivée des premiers hydravions à la Darse, en provenance de métropole, donne un nouvel essor à la ville jusqu’en 1966 date à laquelle la Guadeloupe construit son premier aérodrome. Pointe à Pitre devient le poumon économique de la Guadeloupe. Le passage du cyclone Hugo en 1989 fait des ravages mais toutefois épargne les vastes maisons coloniales à balcons de bois de la ville.

Un peu de géographie 




La géographie s’est montrée malicieuse en offrant à la Guadeloupe une silhouette de papillon posé sur la mer des Caraïbes. Ses deux ailes entourent Pointe à Pitre capitale économique du département. A l’est Grande Terre est tapissée de champs de cannes à sucre et est bordée de plages.

A l’ouest, Basse Terre offre les tropiques en version nature sur les pentes boisées de la Soufrière, son volcan pointe à 1467 mètres d’altitude.


Nous quittons la vie citadine pour Les Saintes, un archipel plein de charme composé de deux iles principales habitées et d’ilets déserts aux noms très imagés qui font sourire : l’îlet à Cabris, les Roches Percées, le Grand Ilet, la Redonde, la Coche, le Pâté, les Augustins… Aucun ombre de présence humaine sur ce chapelet d’îlots rocheux … hormis à l’îlet à Cabris qui accueille un Hermite et ses cabris.

Nous mettons le cas sur Terre de Haut, l’une des deux îles habitées de l’archipel, mais aussi la plus prisée par les touristes.









lundi 9 février 2015

MARIE GALANTE NOUS REVOILA


Début février je retrouve la Martinique après un séjour imprévu de 3 semaines en métropole. Les températures hivernales de l’est de la France en dessous de zéro degré et la neige sont restées derrière moi. Et moi qui pensais en septembre dernier éviter un hiver métropolitain !
A mon atterrissage à l’aéroport Aimé Césaire du Lamentin, je m’empresse, tel un oignon d’enlever quelques couches de… vêtements. Il fait déjà nuit mais le thermomètre du taxi qui me ramène au mouillage baie des Flamands à Fort de France indique tout de même 27°.

Baie des Flamands - Fort de France
Pendant mon absence Christian est allé seul en Guadeloupe pour accueillir à bord de Philéas mon cousin et sa compagne. Le circuit classique de découverte du magnifique bassin de navigation de l’archipel, nous l’avions longuement exploré en 2012 : départ de Pointe à Pitre pour un premier mouillage à Gosier avant de rejoindre Marie Galante, retour à Saint François sur la Grande Terre pour un départ par navette vers la Désirade et enfin un séjour aux îles des Saintes. De quoi meubler dix jours de vacances en profitant du soleil, de la mer à 29° et faire du tourisme terrestre en scooter ou en 4X4, le tout agrémenté de spécialités locales et en soirée de dégustation de ti ’punch dans le cockpit de Philéas.

La montagne pelée
8 février, depuis deux jours la pluie nous accompagne et nous colle à la peau du matin au soir presque sans discontinuer. Nous appareillons de Fort de France en direction du nord de l’île et mouillons au pied de la montagne pelée. Le sommet est dissimulé par un épais manteau nuageux. Le regard est attiré par une palette de verts rivalisant de nuances et entrecoupés de brun et d’ocre. Au sud l’église de Saint Pierre se dresse majestueusement face à la mer telle la protectrice des pêcheurs et des gens de mer. 

Pour davantage d’informations sur Saint-Pierre déjà visité en 2011 et 2012 et notamment sur l’éruption volcanique de 1902,  je vous propose de consulter les archives de mon blog "Philéas en Martinique" (première partie de l'article) en cliquant sur le lien ci-dessous :
 rmphileas blogspot.com/2012_03-01  
Saint Pierre au nord de la Martinique

Notre escale est de courte durée, le temps d’un déjeuner et d’un repos avant de faire route vers l’archipel de la Guadeloupe. Notre traversée s’effectue de nuit, nous reprenons le rythme des quarts nocturnes mis de côté depuis le 12 décembre, date de notre arrivée à La Grenade. De nombreux casiers de pêcheurs encerclent Marie Galante et la prudence nous dicte d’éviter une approche dans l’obscurité.
Pour rejoindre Marie Galante, deux options se présentent : soit passer au vent de l’île de la Dominique, côté océan avec du vent dans les voiles, soit passer sous son vent côté mer des Caraïbes mais en faisant route au moteur. Comme toujours Éole décide pour nous et cette fois fait preuve de clémence. Les prévisions annoncent un alizé modéré et une mer peu agitée côté océan Atlantique. Nous retenons avec satisfaction l’option voile.

Aux premières lueurs du jour Philéas s’engage dans le petit port de Grand Bourg situé au sud-ouest de l’île. La zone de mouillage est réduite et ne peut accueillir que quelques bateaux. Aujourd’hui semble être notre jour de chance, trois voiliers battant pavillon canadien, quittent le port. Nous nous engageons et mouillons par trois mètres de fond à l’un des emplacements libérés par « nos cousins de la belle province». En 2012 nous avions déjà été charmés par ce petit port de pêche tranquille et sommes ravis d’y faire à nouveau escale.

Port de Grand Bourg - Marie Galante
Les pêcheurs ne tardent pas à rentrer avec leur cargaison de poissons frais. Les clients attendent patiemment sur le port le débarquement de la pêche de la nuit. Nous nous empressons de mettre l’annexe à l’eau et avec Alain allons rejoindre la queue des habitués. A midi la carte de Philéas va afficher le menu "fraîcheur du jour"  : poisson cru à la tahitienne !

Pour satisfaire votre curiosité sur Marie Galante et si le cœur vous en dit, je vous invite à visiter mon article 2012 archivé sur mon blog en cliquant sur le lien :  rmphileas.blogspot.com/2012/03/10 Marie Galante