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samedi 17 mars 2012

10 - PHILEAS A MARIE GALANTE



  
10 mars 2012 -  6 heures du matin – En route vers Marie Galante

Nous laissons derrière nous la Dominique, cette île sauvage et attachante qui a su nous séduire dès les premiers instants de notre atterrissage.

Nous saisissons le cadeau offert par Éole ; un vent de sud-est force 4 favorable à une route directe vers Marie Galante. Pas de multiples bords à tirer pour rejoindre cette dépendance de la Guadeloupe si souvent délaissée par les navigateurs peu enclins à se compliquer la vie. Le marin au long court devient paresseux au fil des milles parcourus....

Bientôt la silhouette de Marie Galante se dessine à l'horizon. Sa forme circulaire à relief bas très caractéristique lui vaut le surnom de "grande galette". Mais attention les Marie- Galantais n'apprécient pas cette image peu flatteuse. Alors chut, gardez ce sobriquet pour vous. D’ailleurs dès que nous quitterons  les trois bourgs installés dans la plaine littorale, nous constaterons  que l'île n'est pas aussi plate qu'elle n'y paraît –son point culminant atteint 204 mètres-  et réserve une étonnante palette de paysages.

Marie Galante ne se laisse pas apprivoiser si facilement. Les abords de l'île sont piégés. Les mines en question n'explosent pas mais emprisonnent safrans, hélices ou quilles. D'innombrables filets et casiers sont mouillés tout le long de la côte, tels des soldats alignés de façon tantôt méthodique tantôt anarchique.  L'heure n'est pas à la rêverie mais à la veille attentive. Nous louvoyons entre les bouées et finalement affalons les voiles et manœuvrons au moteur à un demi nautique des passes.

Nous pénétrons dans le tout petit port de Grand Bourg et y jetons l'ancre en face du quai des pêcheurs entre  deux autres voiliers déjà mouillés. Le port de Grand Bourg peut accueillir 4 voiliers, 5 tout au plus. Il surprend par son côté anachronique et charme le navigateur. Où peut-on encore trouver des petits ports aux allures familiales autorisant le mouillage ? Certainement pas aux Antilles...


Matin et soir nous  saluons les pêcheurs -que nous avons tant maudits lors de notre approche de l'île-  rentrant avec leur cargaison de poissons. Les clients sont déjà sur le quai et attendent le débarquement de la pêche du jour en palabrant dans une ambiance chaleureuse pour passer le temps. S'agit-il de restaurateurs ayant passé commandes ? Oui
mais pas seulement. L’abondance de thons et dorades coryphènes permet de satisfaire professionnels de la restauration et particuliers. Avec plaisir je me rends sur le ponton quotidiennement  pour y faire mon marché. Les pêcheurs sont cordiaux et discutent avec plaisir. Ils me livrent les secrets de leurs techniques de pêche mais ne se gardent bien de dévoiler les sites de leur gagne-pain. Durant  tout notre séjour à Marie Galante nous sommes  la politesse des habitants qui nous saluent systématiquement comme si nous étions des enfants du pays.


Présentation de Marie Galante pour les curieux


Marie Galante fut la 1ère île de l'archipel guadeloupéen  à accueillir Colomb au cours de son 2ème voyage le 25 septembre 1493. Il en prit possession au nom de la couronne d'Espagne et la baptisa du nom de sa caravelle  "Marie Galanda".

D’un diamètre de 15  km et d'une superficie de 158  km², l'île compte  trois communes  et  12 410 habitants. Elle fait partie de l’archipel Guadeloupéen , département français depuis 1946 et région monodépartementale depuis 1982 au même titre que les îles Grande-Terre, Basse-Terre, Marie-Galante, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Terre de Haut, Terre de Bas et la Désirade.

Ile essentiellement rurale sur laquelle la culture de la canne est omniprésente, elle a su rester authentique (selon la formule à la mode) en marge d'un développement touristique effréné (à la mode). Ici pas de grand hôtel, pas de casino ou de grand yacht.

Grand Bourg, capitale de l'île et port d'arrivée des navettes en provenance de Guadeloupe n'est qu'un lieu de transit pour les touristes qui ne s'y attardent pas. A vrai dire le village ne présente que peu d'intérêt. Les édifices publics, notamment la mairie, mériteraient d'être sérieusement restaurés. En revanche les plages de sable fin et doré sont un appel à la baignade et au farniente. Sur sa façade orientale, Marie Galante présente des paysages abrupts et sauvages. Aux bas rivages sablonneux du couchant s'opposent des falaises escarpées où alternent dans un équilibre entre yin et yang anses et pointes. Les falaises de l'est émergent de l'océan à près de 60 mètres de haut. Préservées par leur éloignement des villes et des villages et par leur difficulté d'accès, elles sont le refuge d'une population d'oiseaux marins tels le puffin de l'Herminier -oiseau aux mœurs nocturnes-, le petit et le grand paille en queue, la sterne bridée et fuligineuse ou encore la frégate.

Quel gourmand ce sucrier !
 
Le farniente de Philéas

Philéas prend quelques jours de vacances dans le petit port de Grand Bourg. Nous en profitons pour troquer nos chapeaux de soleil contre des casques et nos pieds redécouvrent avec réticence des chaussures fermées. Nous sillonnons à scooter et à pied les routes et chemins de Marie Galante. Ici pas d'embouteillage. Tant mieux nous en avons perdu l'habitude depuis...la Martinique. Le marin a toujours beaucoup de difficulté  à se replonger dans la foule. Nous optons pour la route campagnarde en vue de rejoindre Capesterre, la station balnéaire locale. Et poursuivons en direction de la distillerie Bellevue (ah ces marins…). Déjà répertoriée sur les cartes de 1769,  elle est la plus ancienne et aussi la plus importante de l'île.  Ses rhums y sont régulièrement médaillés. Comment dans ces conditions refuser une dégustation ? Rhum blanc, rhum vieux, notre palais n'est pas conquis. Notre préférence reste au rhum martiniquais.

L'une des curiosités de l'île reste  les moulins  à vent qui datent du XVIIIème. En 1830 on comptait jusqu'à 105 moulins dont plus de la moitié étaient encore actionnés par des bœufs. De cette époque, Marie-Galante en conserve un autre surnom, "l'île aux cent moulins". Ils sont les témoins éloquents de ce que fut l'activité sucrière de Marie Galante. Situés sur un haut point ils servaient naguère à broyer la canne à sucre afin d'en extraire le vesou. Ce jus était ensuite acheminé par gouttière à la sucrerie bâtie en aval. Les ailes pivotantes de ces moulins étaient alignées la majeure partie de l'année en direction des alizés. Lors des périodes cycloniques elles étaient remisées. Jusqu'à la révolution industrielle les moulins à vent jouèrent un rôle essentiel dans l'économie de l'île avant d'être supplantés par des usines plus performantes.  Sur les 72 encore visibles à Marie Galante, l'un d'entre eux le moulin de Bézard, totalement rénové (charpente et mécanisme) est le seul de la Caraïbe à être en activité. Il tourne encore pour broyer la canne à sucre au grand plaisir des touristes.

Moulin Bézard

13 mars 2012 – Anse Canot

Philéas quitte sans se hâter le petit port de Grand Bourg qui l'a si bien accueilli et fait route cap au nord en direction de l'anse Canot. Ce mouillage tranquille et sauvage repéré lors de notre tour de l'île terrestre nous a fait de l'œil. Un vrai petit coin de paradis où nous entendons jeter l'ancre quelques jours.

Philéas est bien encadré : côté terre, une grande plage de sable blanc et côté mer décor insolite, l'îlet du Vieux Fort, minuscule bout de terre surmonté d'un unique cocotier en son centre. 

Anse Canot
Marie Galante, île enchanteresse du fait de sa beauté sauvage, de son environnement préservé, de la gentillesse de ses habitants nous fait du charme telle une jolie fille et nous retient. Nous cédons avec grand plaisir à tant de simplicité et de naturel et  prolongeons notre séjour.

Beauté sauvage
 
Soyez rassuré Mr Voulzy, depuis 1980 Marie Galante n'a pas vendu son âme au diable, elle est restée la même : "une belle île en mer".

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