10 mars 2012 - 6 heures du matin – En route vers Marie Galante
Nous laissons derrière
nous la Dominique, cette île sauvage et attachante qui a su nous séduire dès
les premiers instants de notre atterrissage.
Nous saisissons le cadeau
offert par Éole ; un vent de sud-est force 4 favorable à une route directe vers
Marie Galante. Pas de multiples bords à tirer pour rejoindre cette dépendance
de la Guadeloupe si souvent délaissée par les navigateurs peu enclins à se
compliquer la vie. Le marin au long court devient paresseux au fil des milles
parcourus....
Bientôt la silhouette de
Marie Galante se dessine à l'horizon. Sa forme circulaire à relief bas très
caractéristique lui vaut le surnom de "grande galette". Mais
attention les Marie- Galantais n'apprécient pas cette image peu flatteuse.
Alors chut, gardez ce sobriquet pour vous. D’ailleurs dès que nous quitterons les trois bourgs installés dans la plaine
littorale, nous constaterons que l'île
n'est pas aussi plate qu'elle n'y paraît –son point culminant atteint 204
mètres- et réserve une étonnante palette de paysages.
Marie Galante ne se
laisse pas apprivoiser si facilement. Les abords de l'île sont piégés. Les
mines en question n'explosent pas mais emprisonnent safrans, hélices ou
quilles. D'innombrables filets et casiers sont mouillés tout le long de la côte,
tels des soldats alignés de façon tantôt méthodique tantôt anarchique. L'heure n'est pas à la rêverie mais à la
veille attentive. Nous louvoyons entre les bouées et finalement affalons les
voiles et manœuvrons au moteur à un demi nautique des passes.
Nous pénétrons dans le
tout petit port de Grand Bourg et y jetons l'ancre en face du quai des pêcheurs
entre deux autres voiliers déjà
mouillés. Le port de Grand Bourg peut accueillir 4 voiliers, 5 tout au plus. Il
surprend par son côté anachronique et charme le
navigateur. Où peut-on encore trouver des petits ports aux allures familiales
autorisant le mouillage ? Certainement pas aux Antilles...
Matin et soir nous saluons les pêcheurs -que nous avons tant
maudits lors de notre approche de l'île- rentrant avec leur cargaison de poissons. Les
clients sont déjà sur le quai et attendent le débarquement de la pêche du jour
en palabrant dans une ambiance chaleureuse pour passer le temps. S'agit-il de
restaurateurs ayant passé commandes ? Oui
mais pas seulement. L’abondance de thons et dorades coryphènes permet de satisfaire professionnels de la restauration et particuliers. Avec plaisir je me rends sur le ponton quotidiennement pour y faire mon marché. Les pêcheurs sont cordiaux et discutent avec plaisir. Ils me livrent les secrets de leurs techniques de pêche mais ne se gardent bien de dévoiler les sites de leur gagne-pain. Durant tout notre séjour à Marie Galante nous sommes la politesse des habitants qui nous saluent systématiquement comme si nous étions des enfants du pays.
mais pas seulement. L’abondance de thons et dorades coryphènes permet de satisfaire professionnels de la restauration et particuliers. Avec plaisir je me rends sur le ponton quotidiennement pour y faire mon marché. Les pêcheurs sont cordiaux et discutent avec plaisir. Ils me livrent les secrets de leurs techniques de pêche mais ne se gardent bien de dévoiler les sites de leur gagne-pain. Durant tout notre séjour à Marie Galante nous sommes la politesse des habitants qui nous saluent systématiquement comme si nous étions des enfants du pays.
Présentation de Marie Galante pour
les curieux
Marie Galante fut la 1ère
île de l'archipel guadeloupéen à
accueillir Colomb au cours de son 2ème voyage le 25 septembre 1493. Il en prit
possession au nom de la couronne d'Espagne et la baptisa du nom de sa caravelle "Marie Galanda".
D’un diamètre de 15 km et d'une superficie de 158 km², l'île compte trois communes et 12
410 habitants. Elle fait partie de l’archipel Guadeloupéen , département
français depuis 1946 et région monodépartementale depuis 1982 au même titre que
les îles Grande-Terre, Basse-Terre, Marie-Galante, Saint-Martin,
Saint-Barthélemy, Terre de Haut, Terre de Bas et la Désirade.
Ile essentiellement
rurale sur laquelle la culture de la canne est omniprésente, elle a su rester
authentique (selon la formule à la mode) en marge d'un développement
touristique effréné (à la mode). Ici pas de grand hôtel, pas de casino ou de
grand yacht.
Grand Bourg, capitale de
l'île et port d'arrivée des navettes en provenance de Guadeloupe n'est qu'un
lieu de transit pour les touristes qui ne s'y attardent pas. A vrai dire le
village ne présente que peu d'intérêt. Les édifices publics, notamment la
mairie, mériteraient d'être sérieusement restaurés. En revanche les plages de
sable fin et doré sont un appel à la baignade et au farniente. Sur sa façade
orientale, Marie Galante présente des paysages abrupts et sauvages. Aux bas
rivages sablonneux du couchant s'opposent des falaises escarpées où alternent
dans un équilibre entre yin et yang anses et pointes. Les falaises de l'est
émergent de l'océan à près de 60 mètres de haut. Préservées par leur
éloignement des villes et des villages et par leur difficulté d'accès, elles
sont le refuge d'une population d'oiseaux marins tels le puffin de l'Herminier -oiseau
aux mœurs nocturnes-, le petit et le grand paille en queue, la sterne bridée et
fuligineuse ou encore la frégate.
Quel gourmand ce sucrier ! |
Le farniente de Philéas
Philéas prend quelques
jours de vacances dans le petit port de Grand Bourg. Nous en profitons pour
troquer nos chapeaux de soleil contre des casques et nos pieds redécouvrent
avec réticence des chaussures fermées. Nous sillonnons à scooter et à pied les
routes et chemins de Marie Galante. Ici pas d'embouteillage. Tant mieux nous en
avons perdu l'habitude depuis...la Martinique. Le marin a toujours beaucoup de difficulté
à se replonger dans la foule. Nous
optons pour la route campagnarde en vue de rejoindre Capesterre, la station
balnéaire locale. Et poursuivons en direction de la distillerie Bellevue (ah
ces marins…). Déjà répertoriée sur les cartes de 1769, elle est la plus ancienne et aussi la plus
importante de l'île. Ses rhums y sont
régulièrement médaillés. Comment dans ces conditions refuser une dégustation ?
Rhum blanc, rhum vieux, notre palais n'est pas conquis. Notre préférence reste
au rhum martiniquais.
L'une des curiosités de
l'île reste les moulins à vent qui datent du XVIIIème. En 1830 on
comptait jusqu'à 105 moulins dont plus de la moitié étaient encore actionnés
par des bœufs. De cette époque, Marie-Galante en conserve un autre surnom,
"l'île aux cent moulins". Ils sont les
témoins éloquents de ce que fut l'activité sucrière de Marie Galante. Situés
sur un haut point ils servaient naguère à broyer la canne à sucre afin d'en
extraire le vesou. Ce jus était ensuite acheminé par gouttière à la sucrerie
bâtie en aval. Les ailes pivotantes de ces moulins étaient alignées la majeure
partie de l'année en direction des alizés. Lors des périodes cycloniques elles
étaient remisées. Jusqu'à la révolution industrielle les moulins à vent
jouèrent un rôle essentiel dans l'économie de l'île avant d'être supplantés par
des usines plus performantes. Sur les 72
encore visibles à Marie Galante, l'un d'entre eux le moulin de Bézard,
totalement rénové (charpente et mécanisme) est le seul de la Caraïbe à être en
activité. Il tourne encore pour broyer la canne à sucre au grand plaisir des
touristes.
Moulin Bézard |
13 mars 2012 – Anse Canot
Philéas quitte sans se
hâter le petit port de Grand Bourg qui l'a si bien accueilli et fait route cap
au nord en direction de l'anse Canot. Ce mouillage tranquille et sauvage repéré
lors de notre tour de l'île terrestre nous a fait de l'œil. Un vrai petit coin
de paradis où nous entendons jeter l'ancre quelques jours.
Philéas est bien encadré
: côté terre, une grande plage de sable blanc et côté mer décor insolite,
l'îlet du Vieux Fort, minuscule bout de terre surmonté d'un unique cocotier en
son centre.
Anse Canot |
Marie Galante, île
enchanteresse du fait de sa beauté sauvage, de son environnement préservé, de
la gentillesse de ses habitants nous fait du charme telle une jolie fille et
nous retient. Nous cédons avec grand plaisir à tant de simplicité et de naturel
et prolongeons notre séjour.
Beauté sauvage |
Soyez rassuré Mr Voulzy,
depuis 1980 Marie Galante n'a pas vendu son âme au diable, elle est restée la
même : "une belle île en mer".
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