PHILEAS en Martinique - 11 décembre 2011 au 15 janvier 2012
Après deux mois de navigation parfois dans des conditions musclées, l'équipage de PHILEAS, enfin Christian et Brigitte, Jean-Pierre ayant débarqué à Fort de France le 16 décembre, s'offre un mois de navigation à la journée entre Ste Pierre, au nord et le MARIN au sud et de farniente en Martinique.Nous retrouvons toujours avec plaisir nos amis medatlantistes au hasard d'un mouillage. Nos rencontres sont bien souvent l'occasion de siroter un ti'punch ou un rhum arrangé à bord de l'un ou l'autre voilier. Nous contribuons ainsi au maintien de la tradition martiniquaise... N’ayez crainte nous veillons à ne pas finir alcoolique !!!Les jeunes Martiniquais, quant à eux considèrent que le rhum est une boisson de "vieux" et lors de leurs fêtes, il est de bon ton d'apporter une bouteille de champagne.
Nous avons délaissé les paysages "carte postale" du Sud et ses mouillages fréquentés pour St Pierre, commune pittoresque du nord de l'île, située au pied de la montagne pelée. Avant le 8 mai 1902, le "petit Paris" des Antilles possèdait un théâtre, ses consulats, son jardin botanique et son architecture unique. L'éruption de la montagne pelée a malheureusement détruit les habitations. Depuis 1990, St Pierre est classée ville d'art et d'histoire.
L'équipage de Philéas s'est bien adapté au style de vie local. Nos navigations sont rarement un long fleuve tranquille. Rien à voir avec la navigation estivale en méditerranée. Le vent ne souffle jamais en dessous de 20 noeuds et la houle est omniprésente. Au portant tout va bien mais au près serré le temps de navigation s'allonge. Il faut tirer des bords, ce qui est bien souvent le cas entre le Diamant et le Marin, ou faire route au moteur pour ceux qui en ont un assez puissant. Dans ces conditions la côte Est (côte atlantique), avec ses nombreux hauts fonds et le ressac important, n'est guère accessible sauf à être téméraire. Peu importe la côte caraïbe ne manque pas de charme. Grande Anse d'Arlet, où nous avons fêté Noël avec Clarisse et Denys, à bord de P'tit Mousse puis la St Sylvestre avec les équipages et amis de Bellatrix, de Deo Gratias, de Babur Amor et de Clara, est un plaisir pour les yeux. Le mouillage devant une grande plage jonchée de cocotiers avec en arrière plan une végétation luxuriante y est très agréable. Après les averses tropicales, les arcs en ciel sont toujours un ravissement.
Côté relations humaines, nous sommes agréablement surpris. La population n'est pas hostile bien au contraire même à Fort de France. Nous avons le privilège d'être invités à une fête privée. Notre hôte est à nos petits soins, nous expliquant les us et coutumes martiniquais. Les mets y sont légions et les convives cordiaux.
PHILEAS A STE LUCIE - 16 au 18 janvier 2012
Le 16 janvier après quelques travaux de réparation, Philéas appareille pour Ste Lucie. Ste Lucie, la plus petite île de la Caraïbe est à 40 km au sud de la Martinique. On y parle anglais et un créole proche de celui de la Martinique. L'île fut découverte en 1502 par Christophe Colomb lors de son 4ème voyage vers les Caraïbes. Les Français y arrivèrent en 1651. De 1660 à 1814 Français et Anglais s'affrontèrent pour la possession de l'île qui changea 14 fois de mains. La bataille la plus mémorable eut lieu en 1780 lorsque l'amiral Rodney, à la tête de la flotte anglaise, surprend les navires français commandés par l'amiral de Grasse à Pigeon Island. Ste Lucie a gagné son indépendance en 1979.
Le vent dans le canal séparant la Martinique de Ste Lucie atteint force 6 et la houle 2,20 à 2,50 mètres. Philéas file 7 noeuds. En 4 heures nous arrivons à Rodney marina où nous effectuons les formalités d'immigration et de douane. La marina fréquentée par les voiliers participant à l'A.R.C. (Atlantic Rallye Crossing) est moderne et bien équipée mais très impersonnelle. Les voiliers accostés ont tous une taille moyenne tournant autour de 49-50 pieds. Philéas avec ses 34 pieds est bien petit....
Dès le lendemain, une fois le plein d'eau effectué, nous faisons route vers Marigot Bay, crique qualifiée de " crique carte postale" par tous les guides touristiques. Nichée dans une anse complètement fermée, elle est bordée de sable blanc, cocotiers et palétuviers. Le film "docteur Dolittle" y a été tourné il y a quelques années. Sur le pourtour de cette baie se dressent hôtels, restaurants et bars aux couleurs chamarrées. Le mouillage se fait sur bouées si rapprochées les unes des autres que les voiliers s'entassent beaucoup trop à notre goût. Un tel encombrement rompt le charme de ce mouillage jadis certainement enchanteur mais qui a perdu de son cachet. Des vendeurs en bateau (boat boys) nous proposent poissons, fruits et légumes locaux. Corossols et rougets feront notre affaire. Le lendemain dès l'aube nous quittons sans regret ce mouillage en direction des 2 pitons. Le mouillage y est prisé mais le nombre de place limité. Mieux vaut ne pas traîner.
Les deux pitons de Ste Lucie vus de PHILEAS - Spectacle fascinant |
Nous longeons la côte et sommes captivés par les paysages magnifiques qui déroulent sous nos yeux. En arrivant à la Soufrière, la végétation devient de plus en plus dense. La Soufrière est la première ville construite sur l'île en 1764. Elle a aussi été la première capitale de l'île. Mais en raison du danger latent représenté par le volcan, elle a été délaissée pour Castries.
La Soufrière
Nous poursuivons notre route et mouillons entre les 2 pitons, pains de sucre jumeaux qui plongent à 800 mètres dans la mer. Les 2 pitons résultent d'anciennes éruptions volcaniques. Ces deux impressionnantes montagnes, en forme de triangle, revêtues d'un épais manteau émeraude charment le navigateur. Le mouillage n'est pas encombré. Nous sommes aux anges même si une odeur de soufre est omniprésente. Cette odeur suscite des souvenirs d'un précédent séjour en Nouvelle Zélande, souvenir d'une odeur acre qui nous avait réveillés en pleine nuit....
Baie et village de la Soufrière
Captain Bob nous accueille et nous organise une excursion au jardin botanique de Toraille et au parc naturel de Sulphur springs. Sur place nous rencontrons Joël responsable de la section voile au club nautique de la base navale de Fort de France. Au mouillage de la Soufrière nous croisons Hubert et ses amis de retour des îles Grenadines. Nous n'avons malheureusement le temps de nous attarder, captain Bob nous emmène à terre pour notre excursion.
PHILEAS AUX GRENADINES DE ST VINCENT - 19 au 25 janvier 2012
B E Q U I A
prononcez Bécoué
Le 19 janvier au matin nous quittons avec regrets ce mouillage idyllique non sans jeter un coup d'oeil en arrière vers les 2 pitons charmeurs. Ste Lucie s'éloigne peu à peu et l'archipel des Grenadines se dessine devant Philéas. St Vincent, Bequia, Moustique, Canouan, Mayreau, Union, Tobago Cays.... impossible d'énumérer les 32 îles composant l'archipel.
Pour les navigateurs Port Elizabeth à Bequia est le passage obligé pour effectuer les formalités d'immigration. Port Elizabeth est un petit port pittoresque où il est agréable de flâner.
Lycéens à Bequia |
MOUSTIQUE
Le 20 janvier nous jetons l'ancre à Moustique, paradis des S.D.F. Mais ne vous y trompez pas il s'agit bien sûr du paradis des "Sans Difficulté Financière", le royaume des milliardaires ! Royaume est bien le terme adéquat. Allons voir de plus près à terre. Les gardes nous accueillent et nous informent qu'il est interdit de photographier et qu'une infime partie des 6 km2 est accessible aux touristes pour les jours à venir, sans autre explication. A Moustique résident des milliardaires dans de majestueuses villas bien gardées. De grands noms du show-biz et de la jet set internationale y ont jeté l'ancre : Mick Jagger, Raquel Welch, David Bowie....
Christian au paradis des S.D.F.
Aucune construction à outrance ou de goût douteux ne défigure les plages bordant Moustique. Les milliardaires veillent à la préservation de leur île ! Sur l'eau notre voisin le plus proche, Eclipse, est un yacht battant pavillon britannique, d'au moins 50 mètres, 7 ponts, transportant sur une plate-forme arrière un hélicoptère. Deux petits chalands de débarquement complètent l'armement de cet impressionnant yacht. Eclipse dispose d'autant de moyens de communication qu'un bâtiment de guerre. Nous assistons aux débarquements vers la plage de ses passagers V.I.P. Passagers sous haute protection. Trois à quatre gardes du corps restent en permanence en faction prêts à intervenir au moindre problème : un parasol qui s'envole..., des curieux qui s'approcheraient trop près. C'est l'ambiance Moustique.
Rencontre d'Eclipse et Philéas. Un moustique à côté d'un géant... |
Arrivés en fin d'après midi le 1er jour nous y passons deux nuits mémorables, mémorables car le mouillage est rouleur, très rouleur. Nous y dormons d'un sommeil de bébé : 20 minutes de sommeil, réveil par un coup de roulis plus violent que les autres, une heure pour se rendormir et ça recommence... A la différence des bébés, nous ne pleurons pas entre les différentes phases !
MAYREAU
est notre destination suivante. Le vent a encore forci et la houle est d'au moins 2,5 mètres. Pas question de se faire secouer au mouillage. Saline bay nous offre un bon abri. Le temps est à la pluie et la visibilité très médiocre. Un vrai temps du nord de la France mais avec des températures agréables tout de même. Un mythe s'écroule pour le lecteur : et non il ne fait pas toujours beau aux Antilles ! Sinon comment justifier cette végétation si dense et l'abondance de la flore aux couleurs chatoyantes!
Mayreau
Mayreau fait partie des Tobago Cays. L'île est restée sauvage à l'écart de l'assaut des touristes et le village mérite un détour. Côté ouest de l'île se dessine "Union" tandis qu'à l'ouest une immense plage de sable blanc déserte, bordée de cocotiers et palétuviers, veille sur ses petites soeurs des Tobago Cays. Le spectacle est magnifique et n'a rien à envier à Moustique. Ici pas de V.I.P. mais de nombreux oiseaux de mer s'approvisionnent en poissons frais, ils survolent, planent, descendent en piqué et plongent sur le mets élu plat du jour .... Assis sur la plage nous observons cette danse du ventre !
TOBAGO CAYS
Nous nous décidons tout de même à appareiller pour les Tobago Cays et faisons route contre vent et forte houle (2,5 mètres). Heureusement la distance à parcourir est faible. Nous embarquons des paquets de mer, passagers clandestins sans gêne. La mer est mal pavée, les hauts fonds sont nombreux. Nous suivons méticuleusement l'alignement indiqué sur la carte nous ouvrant les portes de cette réserve maritime naturelle renommée. Sur les cartes les Tobago Cays apparaissent comme cinq petits îlots déserts d'habitants (Petit Rameau, Petit Bateau, Baradel, Jamesby et Petit Tabac) perdus dans une multitude de coraux, accessibles par de multiples passes, protégées du large par une grande barrière de corail appelée le "fer à cheval", et une autre plus à l'Est, le récif de "la fin du monde". Les couleurs de la mer, de la plage et des récifs sont un kaléidoscope d'or, de brun, de bleu turquoise, de bleu cristallin et de vert émeraude.
Magie des couleurs aux Tobagos Cays
Le seul bémol est le taux de fréquentation élevé. Le nombre de voiliers mouillés est impressionnant. Le mouillage est cosmopolite. Nous y rencontrons de nombreux Anglais, Canadiens, Norvégiens, Danois, Suédois, Allemands, Belges, Suisses et même un Polonais et deux Autrichiens et bien sûr beaucoup de Français. Les deux tiers des voiliers rencontrés sont des bateaux de location avec ou sans skipper professionnel. En général ils s'attardent peu, faute de temps.
Nous avons le temps et restons deux jours pour explorer les fonds sous-marins et rendre visite aux nombreuses tortues qui n'ont pas à se soucier des prédateurs.
Notre prochaine destination est les Grenadines de Grenade avant d'amorcer la remontée vers la Martinique où nous devons être le 10 février pour accueillir Amélie, notre fille, pour une semaine de vacances. Formalités de sortie des Grenadines effectuées à UNION nous faisons route vers Carriacou.
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