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mardi 25 octobre 2011

2 - EN ROUTE VERS GIBRALTAR

Les MEDATLANTISTES poursuivent au gré du vent leur progression vers le Sud. Au gré du vent n’est pas seulement une expression mais une réalité concrète et palpable que les 3 navigateurs perçoivent bon gré mal gré. Fin du jeu de mots… les éléments ne font pas toujours QUE sourire...

19 octobre, après deux jours d’escale à IBIZA mis à profit pour faire quelques menus travaux, faire un brin de propreté à Philéas et bien sûr pour visiter Eivissa, l’équipage hisse les voiles.

Le vent est de retour. Plus de vent portant et de mer « houleuse-rouleuse», changement  de décor : du près  serré. Philéas « plante des pieux », tangue (rien à voir avec le tango) !!!!!  Il en faut pour tous les goûts. Il va falloir tirer des bords pour arriver à destination.

20h00 : Brigitte prend son quart de nuit. Pas encore de lune visible, les étoiles scintillent dans le ciel, pas de ferry en vue. La nuit est douce pour la saison. Le capitaine a du mal à trouver le sommeil. Après 2 nuits à quai, il a perdu le rythme. Jean-Pierre ne semble pas avoir de souci, un ronflement émanant de la cabine arrière parvient jusqu’à la table à cartes. Le ronflement du juste, du marin qui se hâte de profiter de sa première moitié de nuit. A minuit, il prendra la veille pour quatre heures alors pas de temps à perdre. Quart tranquille avec un vent régulier.

Le capitaine sera moins chanceux, dès 5h00 des grains s’annoncent, le vent forcit. Christian règle les voiles, scrute le ciel de près, évite autant que faire ce peut les grains et évite de justesse une tornade entrevue entre deux éclairs. Ouf soulagement, elle est passée à côté. La journée du 20 sera une journée pendant laquelle les vents ne cesseront d’être capricieux, nécessitant une attention de tous les instants et des réglages des voiles en permanence. Vitesse moyenne de la journée 5 nœuds. Finis les 8/9 nœuds des  premiers jours. La mer est cependant bien formée et des creux de 2 mètres - 2 mètres cinquante poursuivent ou affrontent selon l’allure PHILEAS. Les quarts de nuit sont maintenant plus pénibles, nous n’apprécions guère le petit jeu du vent qui ne cesse de changer de direction et a perdu de sa constance et de sa régularité. Nous passons du bon plein au grand largue.

22 octobre, 3h30, Jean-Pierre a presque terminé son quart lorsque le génois(1) se décroche. La manille retenant le point de drisse de la voile a dû se dévisser. Alerte générale, tout le monde sur le pont. Le capitaine et Brigitte sautent de leur bannette(2), et se précipitent à l’avant pour remonter la voile tombée à l’eau sur l’avant bâbord avant qu’elle ne passe sous la coque de Philéas et se prenne dans les quilles (notre voilier est un biquille) Jean-Pierre à la barre, éloigne l’arrière de Philéas de la voile. La remontée du génois en pleine nuit est sportive  mais il est hors de question de le perdre. Soulagement le « sauvetage » est un succès. La trinquette(3)  est hissée en attendant le petit jour. Philéas continue à filer 6 nœuds. Il nous faudra hisser le génois avec la drisse du spi mais bien sûr nous devrons nous passer de l’enrouleur en attendant de pouvoir grimper au mât pour remettre une manille.

Philéas fait route directe vers Cadix. La visibilité est très médiocre et la pluie s’est installée depuis l’aube et perdure. Les cirés commencent à être bien trempés…et …. j’ai perdu mon suroît lors d’une manœuvre, emporté par la mer !!!  et bien sûr la gaffe n‘était pas à portée de main…  Le nombre de cargos et ferries augmentent. Le trafic s’intensifie au fur et à mesure de notre progression vers le sud. 

Changement de programme, les fichiers GRIB(4) récupérés via notre IRIDIUM (téléphone satellite) annoncent des vents de 35 nœuds (65 km/h) après le détroit de Gibraltar pendant 3 jours. Le capitaine décide de faire escale à Gibraltar. Les quarts de nuit demandent toute la vigilance des veilleurs car les cargos et ferries prennent possession de la mer. Une vraie  autoroute, Gibraltar et ses abords sont connus pour ses routes commerciales très fréquentées. Il s’agit de veiller car les cargos sont peu manoeuvrants et une collision avec une petite coque de 10,50 mètres serait à peine perceptible à la passerelle de ces « mastodontes ». La mer est un vrai sapin de Noël. Pendant son quart Brigitte a la visite de dauphins joueurs qui passent et repassent sous la coque. Ils semblent escorter Philéas et leur petit jeu dure plus d’une heure et demi. Dommage que dans l’obscurité il soit difficile de les voir avec plus de netteté. 

Le 23 octobre à 3h30, tout l’équipage est sur le pont pour mouiller derrière la digue de la LINEA en attendant le lever du jour. 

vue de la marina de la LINEA
07h30 nous levons l’ancre direction la marina de Gibraltar où nous accostons à 09h00. Les formalités d’arrivée effectuées, le reste de la  matinée  est consacrée à la maintenance. Christian monte en haut du mât pour récupérer la drisse du génois et remplacer la manille « volante » sous l’œil attentif de Jean-Pierre, maître diplômé « es hissage ».



Séquence haute voltige (hauteur du mât 15 mètres)
Brigitte s’affaire pour remettre de l’ordre dans le carré et faire un brin de ménage. Les cirés encore mouillés sont étendus à l’extérieur. Ah vivement le soleil des Antilles !!!

Fin d’après midi, nous allons enfin pouvoir profiter de notre escale. Finalement c’est comme dans la marine : arrivée en escale à 09h00, permissionnaires à 17h00 après la corvée de poubelles et le dessalage.. !!!!

Premier jour sous le soleil - 17h00 permissionnaires !
La marina a bien changé depuis 2008 notre dernier passage. Elle a même changé de nom. Nous ne parlons plus de marina bay mais d’Ocean village. Des bistrots modernes, à l’intérieur desquels les écrans de télévision rivalisent de taille d’un bar à l’autre, ont fait leur apparition sur le quai  et attirent une population jeune. La flotte rencontrée est différente de celle rencontrée à Porquerolles, les voiliers ici sont équipés non pas pour un week-end le long de la côte mais pour la croisière au long cours. Nous sommes dans un autre monde, un monde plus audacieux. 

L'équipage à Gibraltar
Fin d’après midi consacré à une visite de GIBRALTAR. Le centre de la vieille ville est très animé. GIBRALTAR est un territoire Britannique, possession du Royaume  Uni depuis 1704, situé au sud de l'Espagne, en bordure du détroit de Gibraltar qui relie la Méditerranée à l'océan Atlantique Une grande partie du territoire comprend l'immense Rocher de Gibraltar.

Gibraltar
 Les Britaniques ont maintenu dans le passé une présence militaire importante à Gibraltar. Cette présence est à présent réduite, mais il en reste encore beaucoup de traces. Bien que la majorité de sa population y soit opposée Gibraltar est revendiqué par l'Espagne. La question de Gibraltar est une cause majeure de dissension dans les relations hispano-britanniques.

Le territoire a une superficie de 6,543 km2 Une grande partie du territoire comprend l'immense Rocher de Gibraltar. Ce rocher perceptible des milles avant d’embouquer le canal. Ce halo blanchâtre que j’ai aperçu au début de mon quart en me demandant bien qu’elle était cette étrange lumière vers laquelle Philéas se dirigeait. Ce rocher calcaire, point culminant de Gibraltar (426 m) est une réserve naturelle peuplée par des macaques berbères - les seuls singes  sauvages d'Europe. Il n'y a pas de ressources naturelles exploitées ; cependant, une usine de dessalement a été récemment créée à l'intérieur du Rocher.

Bain au château...
Gibraltar est un des territoires les plus densément peuplés au monde (4 290 hab./km²), ceci ayant pour conséquence une demande d'espace de plus en plus forte. Les origines des habitants de Gibraltar sont espagnoles, britanniques et méditerranéennes (principalement  génoises et malaises). La religion principale est le christianisme, catholique en majorité et anglican. On trouve également une grande communauté juive, une population musulmane marocaine et un certain nombre de personnes originaires du sous-continent indien. La langue officielle est l' anglais. Pratique pour nous, à l’aise avec la langue de Shakespeare mais  qui ne maîtrisons pas encore l’espagnol.
Lundi 24 octobre, la pluie ne cesse de tomber, pas de travaux à l’extérieur. Journée du dimanche pour l’équipage avec atelier cuisine pour Christian et Brigitte pendant que Jean-Pierre s’adonne au 7ème art. Les nuages se dissipent enfin. Un petit tour au moorish castle s’impose, un peu d’histoire et de marche sportive pour joindre l’utile à l’agréable.

une ville pour les sportifs.....
 Demain, dernier jour d’escale avant de larguer les amarres direction Cadix, lieu de rassemblement de la flotte des voiliers médatlantistes. Petite traversée estimée à 14 h de navigation, peu de vent d’après la météo.



(1) Génois : voile située à l'avant 
(2) Bannette : couchette 
(3) Trinquette : voile située à l'avant plus petite que le génois 
(4) Fichiers GRIB : cartes avec les prévisions météorologiques (force et direction du vent notamment)


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