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mercredi 1 octobre 2014

J’AI VOULU VOIR CARTAGENE, ON A VU GIBRALTAR (1)




Pendant que nous musardions d’île en île les jours se sont égrenés inexorablement. L’automne s’est installé à notre insu ; il est grand temps de se rapprocher de Gibraltar. La sagesse du marin l’emporte sur l’envie du touriste.

Pour la seconde fois Cartagène ne sera pour moi qu’une ville fantôme, une utopie. Nous mouillons néanmoins le temps d’une nuit complète de sommeil au large de la plage Subida, mouillage bien abrité recommandé par des navigateurs anglais en 2008.

Contre fortune bon cœur (enfin surtout pour moi) nous mettons le cap au sud. La visibilité est réduite et une pluie fine persiste. Les cartes nous auraient-elles menti ? Serions-nous en Bretagne ?  La mer est bien formée, des creux de 2 mètres bousculent violemment Philéas. Tenir un cap vent arrière dans de telles conditions relève de la gageure. Nous manquons d’empanner2 plusieurs fois ; la houle ne permet pas de garder un cap régulier. A l’intérieur de Philéas, nous nous essayons d’un pas incertain et maladroit au tango.
Las de cette situation inconfortable, nous affalons la grand-voile, enroulons le génois et faisons route sous trinquette3. Les mouvements deviennent moins brutaux et Philéas file tout de même 6 à 7 nœuds avec des pointes à 8 nœuds4.

En début d’après midi, AlexMarie, un des voiliers de la flottille MedhHermione, tente un contact radio. Nous l’entendons « fort et clair » mais il ne nous reçoit pas. Son antenne VHF5 doit être plus puissante que la nôtre. Dommage nous n’aurons pas de vacation radio aujourd’hui6.

Un peu avant l’aube, le vent tombe pour devenir insignifiant, en Méditerranée il ne connaît pas de juste milieu. Fort heureusement la mer s’assagit, les moutons font place aux vaguelettes. Rien n’est plus terrible qu’une mer bien formée sans vent. Le bateau est alors balloté, le roulis et le tangage deviennent un vrai supplice pour les estomacs. L’accalmie annoncée a au moins 24 heures d’avance sur les prévisions ; Eole a décidé d’un repos dominical, ce qui ne nous sied guère ! Nous avons parcouru la moitié de la distance nous séparant de Gibraltar. Notre vitesse chute et notre heure probable d’arrivée est retardée. La navigation à la voile requiert de la patience, mot inconnu du vocabulaire de la génération actuelle du « tout, tout de suite ».

La visibilité reste médiocre sur cette autoroute de la mer, moult bateaux croisent notre route. La nuit surtout l’attention du veilleur est à son paroxysme et la tension monte lorsque cargos ou paquebots se dirigent droit sur nous, petit voilier. Contactés par VHF5, ils font souvent la sourde oreille, ignorant le risque de collision avec une coquille de  noix. Nous enrageons et maneouvrons pour les éviter, opération pas toujours aisée sous voiles.

Cette zone poissonneuse attire de nombreux dauphins. Les uns passent leur chemin rapidement mais la majorité joue avec Philéas ; ils plongent sous l’étrave, partent, reviennent. En fin d’après-midi nous avons le plaisir  d’assister à un ballet aquatique d’une quinzaine de minutes. 


Une nouvelle nuit de veille s’annonce, la circulation s’intensifie encore à l’approche de Gibraltar. Au lever du jour la mer est d’huile, la luminosité reste blafarde et la visibilité est inférieure à 1 nautique. Nous avons l’impression d’évoluer dans du coton. La vie animale n’est pas pour autant endormie ; les goélands sont en quête de leur petit déjeûner, les poissons sautent pour échapper à leurs prédateurs, les thons émergent de l’eau et jouent à saute-moutons. Nous n’avons jamais vu autant des bandes de dauphins autour de nous.

Gibraltar est dans son petit chausson, les températures ont fraichi !  

Lundi 29 septembre, fin de matinée nous arrivons enfin à Gibraltar après 48 heures de navigation.

le rocher de Gibraltar, amer bien connu des navigateurs

Si vous souhaitez en savoir davantage sur Gibraltar, je vous invite à consulter l'article posté sur ce blog en 2011 :  

2011 - octobre :  2 - En route vers Gibraltar 2011


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