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mardi 4 novembre 2014

ESCALE A LANZAROTE

Une semaine déjà s’est écoulée depuis notre arrivée à Arrecife. Que le temps passe ! Nous avons retrouvé nos camarades de la flottille MedHermione. Ceux partis de Toulon le 12 octobre ont rejoint le point de regroupement en décalé après de très courtes escales de repos à mi-parcours. Un « apéro ponton » pour les premiers arrivés et un repas de cohésion à mi-séjour furent l’occasion d’échanges sur les conditions de navigation rencontrées par les uns et les autres.

Les peintures de la marina qui nous accueille ont juste eu le temps de sécher ; Marina Lanzarote a ouvert ses pontons aux navigateurs le 18 octobre et tous les travaux ne sont pas encore terminés. Conçue selon des plans dans l’air du temps, elle est bordée d’une multitude de boutiques n’ayant aucun rapport avec le monde de la mer. En revanche si vous avez oublié vêtements, chaussures, sous-vêtements, cosmétiques vous aurez matière à compléter votre trousseau ; des commerces flambants neufs vous attendent. Un petit supermarché offre essentiellement des alcools, valeur sûre pour les « apéros ponton ». Les quais sont arpentés le weekend par les autochtones attirés non pas par les voiliers mais par la concentration d’enseignes tendance. Pour fêter halloween et retenir le chaland, des animations, des ateliers « travaux manuels pour les enfants » sont organisés pendant deux jours sur le quai-promenade. Après trois jours au mouillage à Graciosa la sauvage et désertique, nous sommes plongés sans transition dans la civilisation.


C’est hors de la marina que Lanzarote nous dévoile son vrai visage. Hérissée de 300 cônes volcaniques, son paysage revêt un aspect rude et lunaire émaillé çà et là de vallées plantées de palmiers qui contrastent avec des champs de lave noire à l’aspect irréel. La visite de l’île n’a pas fini de nous étonner. 


Lanzarote - Canaries

Arrecife, environ 54 000 habitants, la capitale de l’île depuis 1852 est une ville sans cachet. Elle compte un nombre limité de lieux dignes d’intérêts –parmi lesquels deux châteaux- mais a l’avantage d’être une vraie ville, un lieu de vie et non exclusivement animé à des fins touristiques. En revanche Teguise, située à 12 km au nord, a des allures de village espagnol ou de medina nord-africaine. Quelques monuments rappellent que cette agglomération fut autrefois la capitale de l’île. Le dimanche matin, un immense marché monopolise ses rues bordées d’étals essentiellement destinés à une clientèle de touristes. Amateurs d’authenticité, s’abstenir ! Lors de notre passage un jour de semaine nous avons été frappés par le manque de vie dans les rues de Teguise. Cependant au détour d’une ruelle, notre attention a été attirée par un atelier discret. A l’intérieur un luthier nous a ouvert sa porte et laissé découvrir les différentes phases de fabrication du timple, sorte de ukulélé d’origine mal connue, probablement introduit dans l’archipel au XV° siècle par des esclaves berbères. Emblématique du patrimoine canario, ce petit instrument en bois à 5 cordes aux sonorités aigues est de toutes les fêtes traditionnelles. Le timple berbère était, semble-t-il, composé d’une carapace de tortue.



Cependant au détour d’une ruelle, notre attention a été attirée par un atelier discret. A l’intérieur un luthier nous a ouvert sa porte et laissé découvrir les différentes phases de fabrication du timple, sorte de ukulélé d’origine mal connue, probablement introduit dans l’archipel au XV° siècle par des esclaves berbères. Emblématique du patrimoine

Une autre surprise m’attendait plus loin, à Los Valles ; le coiffeur du village me convia avec insistance à pénétrer dans son salon, un salon d’un autre âge loin des design modernes. A l’intérieur des photos un peu jaunies, sur lesquelles figurait mon hôte, tapissaient l’un des murs. Non sans fierté il me montra les nombreuses coupes gagnées au fil des combats. Mon lutteur me fit comprendre qu’il était sourd et muet. Etaient-ce les conséquences de la pratique de  ce sport ? Je ne saurais le dire. Affiche à l’appui il m’invita à assister au prochain match organisé, disputé 15 jours plus tard.

La lucha canaria –lutte canarienne- remonterait aux Guanches, un peuple de robustes guerriers très portés sur les épreuves de force, qu’il s’agisse de sauter par-dessus les précipices, de plonger depuis de vertigineux promontoires ou de combattre corps à corps. Un membre de chaque équipe se place en face de son adversaire sur le terrain et, passé le salut protocolaire et quelques autres manifestations de bonne volonté, chacun tente de faire mordre la poussière à l'autre. Aucune partie du corps à l’exception de la plante des pieds ne doit toucher le sol et le premier à manquer à cette règle perd la partie. Les facteurs essentiels ne sont pas la taille et le poids des lutteurs –quoique que ces lutteurs soient aussi charpentés que des piliers de rugby- mais plutôt le talent des combattants à saisir leur adversaire et à le forcer à prendre la position dans laquelle il pourra facilement être renversé.

Haria
En remontant vers le nord-ouest, Haria, village installé au milieu d’une vallée plantée de palmiers et ponctuée de bougainvillées et de poinsettias  aux couleurs éclatantes, rompt la monotonie des paysages volcaniques. Aux XVII° et XVIII° siècles, les habitants plantaient traditionnellement un palmier pour célébrer la naissance d’un enfant -plus exactement 2 pour un garçon et 1 pour une fille-. Plus tard, cette oasis de style nord-africain devint une destination thermale fréquentée par des Canariens fortunés.

Au mirador del Rio un superbe panorama plongeant sur l’île de Graciosa captive le promeneur, spectacle grandiose au pouvoir envoûtant. Une autre curiosité de Lanzarote est la cueva de los Verdes. Un gouffre béant de 1 km de long est la partie la plus spectaculaire d’un tunnel de lave de plus de 8 km, généré par une éruption volcanique 5000 ans auparavant. En creusant un sillon vers la mer –plus de 6 km de galeries se trouvent désormais au-dessus du niveau de la mer et 1,5 km sous l’eau-, les couches supérieures se refroidirent et formèrent une croûte sous laquelle le magna en fusion continua à couler jusqu’à la fin de l’éruption.

Ile de Graciosa
 La route la plus pittoresque de l’île s’étire à l’opposé, au sud-ouest, entourée par des sommets volcaniques d’un côté et par la mer et les plages de sable noir de l’autre côté. A son extrémité une petite piscine vert émeraude située en face de la plage, tire sa couleur de l’algue qui s’y trouve. Il a constitué la toile de fond de l’affiche du film Un million d’années avant J.-C. dans lequel Raquel Welch s’expose dans un bikini en fourrure. Sa couleur est rehaussée par les roches volcaniques environnantes.

Piscine naturelle vert émeraude
La découverte de Lanzarote ne saurait être complète sans un petit tour du côté de la route des vins. Plantée de bien curieux vignobles, elle serpente à travers à travers la région du sud-ouest. Le sol de lave noire enrichi par les séismes successifs, convient parfaitement à la vigne cultivée dans de petits creux, derrière des murets en demi-lune appelés zocos. L’île s’enorgueillit de cultiver un cépage disparu des vignobles en Europe suite à l’épidémie de filoxera : le malvoisie.

Vignes en zocos
Nous n’aurons pas le temps cette fois de découvrir d’autres îles canariennes ; nous sommes attendus au Cap Vert situé à quelques 880 nautiques pour embarquer mon oncle.

Un dernier approvisionnement en vivres frais et nous appareillons avec Alain qui vient compléter l’équipage de Philéas. 
Trajet Canaries vers Cap Vert


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