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mardi 5 mai 2015

CUBA : PHILEAS A LA HAVANE

3ème et dernier épisode : Philéas à La Havane

Notre séjour « nature et découverte » cède sa place à la séquence « rencontre » avec la Havane. Une semaine n’est pas de trop pour faire connaissance avec les trois principaux quartiers : la Habana Vieja, Centro Habana et le Vedado ainsi que le  Malecón.



Cette avenue de bord de mer, repère incontournable s’est imposé comme l’une des images cultes de la capitale cubaine. Il s’étire sur 8 k entre Centro Habana, Vedado et Miramar.



Dans le centre historique de la capitale, où que le regard se pose, l’histoire est omniprésente. Le musée de la révolution, au programme de nos visites, s’avère un peu décevant. La propagande en est le fil conducteur. Mais devions-nous nous attendre à autre chose ? Quant à l’architecture de la Havane elle n’est pas sans rappeler la faune et la flore de l’ile : inclassable et parfois assez étrange.




Habana Vieja est parsemée de joyaux architecturaux de toutes les époques, malheureusement beaucoup ne sont pas restaurés et tombent en décrépitude. Dommage car la ville propose aux visiteurs l’une des plus belles collections d’édifices urbains au cachet jadis sans conteste. La vieille ville compte à elle-seule plus de 900 édifices historiques déclinant toutes sortes d’architectures illustres du baroque alambiqué au fastueux art déco.


Dans Centro Habana,  quartiers populaires, palais somptueux et décatis côtoient  les immeubles délabrés. Plusieurs menacent de s’écrouler. Seules les façades donnent encore un aperçu de l’opulence des années fastes. Le pays a évité l’asphyxie grâce aux subventions soviétiques estimées à 5 milliards de dollars jusqu’en 1990. A partir de cette date les accords avec l’ex-URSS ont été résiliés entraînant un manque à gagner considérable pour CUBA.



Les difficultés quotidiennes se multiplient dans tous les domaines. Le malaise est flagrant, le peuple cubain a du mal à subvenir à ses besoins. Les problèmes d’approvisionnement n’offrent aucune diversité de produits. Un résident français m’a déclaré avoir fait 150 km pour trouver du papier toilette.



En revanche, en saison, les fruits et légumes locaux ne manquent pas : mangues, papayes, ananas, tomates, patates douces…. Les producteurs sont autorisés à vendre 10% de leur production aux consommateurs, le reste revient à l’Etat. Des marchands ambulants, proposent également dans les rues de la capitale un petit échantillon de ces produits frais. Nous y avons rempli notre panier à la fin de nos journées de visites.

Le salaire moyen d’un travailleur est de 20 CUC(1) par mois. Celui des médecins atteint les 100 CUC. Tous les emplois sont gérés par l’Etat. Si un résident étranger souhaite employer un chauffeur par exemple il devra acquitter la somme de 1 000 CUC par mois à l’Etat, le salaire remis au conducteur ne sera que de 20 CUC. En contrepartie les Cubains s’approvisionnent dans les magasins d’Etat où les prix sont très bas mais les articles de pauvre diversité. Les soins médicaux sont pris en charge par l’Etat également. 

Pas étonnant qu’un marché noir se développe pour arrondir les fins de mois. Durant notre séjour à La Havane, Philéas était accosté derrière la porte de service d’un restaurant. Nous étions aux premières loges pour assister à l’un des modi operandi. Chaque jour à l’issue de leur service les cuisiniers et serveurs emportaient un sac plastique généreusement rempli. Ce petit rituel nous intriguait. Au fil des discussions avec les résidents nous fîmes le rapprochement. Les denrées détournées étaient probablement destinées au marché parallèle.


Le Cubain ne se départit pas de sa bonne humeur ; le chant, la danse et la musique s’inscrivent dans les fondamentaux de la société. Les arts musicaux, fruit d’un métissage entre les cultures espagnoles et africaines, sont également nourris d’influences françaises, haïtiennes et italiennes. Cuba a littéralement la musique dans la peau : son, salsa, rumba, songo, opéra, jazz…

Impossible de parler de Cuba sans penser à Hemingway ! Journaliste, écrivain, prix Nobel de littérature en 1954, grand voyageur dans les Caraïbes, Hemingway a élu domicile à Cuba, à la Havane dans un premier temps puis dans un petit village à une quinzaine de kilomètres de la capitale. Après son retour d’Espagne, l’écrivain rencontre un pêcheur qu’il immortalisera dans son œuvre « Le vieil homme et la mer ». Chez un bouquiniste à la Havane j’ai acheté un exemplaire, version espagnole, de ce livre, en pensant à Esperanza, ma professeure d’espagnol du Beausset.  
Cuba aujourd’hui reste attachée au souvenir de cet illustre résident. Pour preuve la marina où nous séjournons porte son nom. Au bar El Floridita une statue d’Ernest Hemingway rend hommage à l’artiste. Les murs bleus délavés, couverts de graffitis et de photos noir et blanc des stars qui s’y sont attablées, tentent de faire revivre la Belle Epoque.



S’il est bien un domaine dans lequel l’île n’a pas son égal dans le monde, c’est bien dans la qualité de ses cigares. Les producteurs de cigares profitent de conditions climatiques propices à la constance de la production et de la qualité des feuilles de tabac. A Cuba le cigare est un monument national. Tout y est sous la main : le planteur, la récolte… et le rouleur.





Je pourrais passer encore bien des heures à vous faire partager mon expérience cubaine au risque de vous lasser. Cependant je ne peux clôturer mon récit sans aborder le thème de l’hospitalité. Les Cubains font partie des hôtes les plus chaleureux et les plus accueillants rencontrés depuis notre départ. Pour moi, Cuba fut et reste un vrai  coup de cœur. Un regret : ne pas avoir disposé de davantage de temps pour profiter de la beauté sauvage des cayos(2) et pour découvrir l’intérieur du pays. Mais l’Amérique, la grande rivale, nous attend à Key West pour une nouvelle phase.



(1) 1 CUC équivaut à peu près à un euro. Il est indexé sur le dollar US.
(2) cayo : îlot


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