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vendredi 20 avril 2012

13 - PHILEAS AUX ILES DES SAINTES



Bouillante (Basse Terre Guadeloupe)
A l’issue du week-end pascal, Philéas largue les amarres et  appareille pour les Saintes. Après deux semaines passées à la marina de Pointe à Pitre nous sommes ravis d'hisser les voiles et de respirer l'air du large.
 
Présentation des îles des Saintes

Les îles des Saintes sont un archipel d'ilots volcaniques baignant dans la mer des Caraïbes. Elles se situent au sud de la Guadeloupe, à l'ouest de Marie-Galante et au nord de la Dominique, au cœur de l'arc interne des Petites Antilles. Les Saintes se composent de deux îles habitées montagneuses, Terre-de-Haut et Terre-de-Bas, auxquelles viennent s’ajouter sept autres îlets inhabitées : l'îlet Cabrit, le Grand-Îlet, la Coche, les Augustins, la Redonde, le Pâté, les Roches percées. Les 2 8621  saintois sont pour la plupart des descendants de colons normands, bretons, poitevins, saintongeais et angevins. 
La Guadeloupe et ses dépendances
Ce petit archipel fut découvert par Christophe Colomb le 4 novembre 1493, qui le baptisa «Todos Santos». Ce n'est que le 18 octobre 1648, que ce «Gibraltar des Antilles» devient une possession française, et fera l'objet dès lors de nombreuses batailles de colonisation entre les deux principales puissances navales de l'époque : la France et l'Angleterre. La plus célèbre eu lieu le 12 avril 1782, vers la fin de la guerre d'indépendance des États-Unis et entre dans l'histoire sous le nom de «Bataille des Saintes». Les vestiges de ce passé militaire sont encore visibles et font partie du patrimoine culturel de l'archipel. Aujourd'hui, les Saintes forment une dépendance administrative du département d'outre-mer de la Guadeloupe et sont définitivement intégrées à la République française, en tant que communes.


Les îles des Saintes ne s’étendent que sur 12,8 km2 mais elles sont caractérisées par un  littoral conséquent. Les 22 km des côtes de l'archipel sont dépourvus de récifs mais leurs fonds rocheux sont tapissés de coraux. Les fonds sableux sont eux plus ou moins colonisés par des herbiers de Phanérogames marines.
Depuis une trentaine d'années, les Saintes sont devenues un lieu touristique d'envergure et cette activité constitue désormais la plaque tournante de l'économie locale. Terre-de-Haut accueille de nombreux bateaux de plaisance qui mouillent dans l'anse du Bourg, « une des plus belles baies du monde » d'après l'évaluation faite par le "club des plus belles baies du monde". L'hôtellerie et les chambres d'hôtes prolifèrent, sans pour autant dénaturer cet archipel qui a su rester sauvage. La baie attire yachts de luxe, paquebots et grands voiliers qui croisent dans les Antilles. Terre-de-Haut reçoit annuellement plus de 380 000 visiteurs.

Philéas à la découverte des Saintes

Après avoir dépassé le «Pain de Sucre » nous faisons route vers Terre de Haut et nous amarrons à une bouée d'amarrage disponible devant le bourg des Saintes. Nos amis du voilier Pen Gwen (un RM 1200) arrivés la veille nous saluent au passage. Nous débarquons et découvrons une jolie petite ville bien entretenue. La rue principale est bordée de petites boutiques proposant vêtements estivaux, souvenirs et produits locaux. Le Bourg est charmant mais les Saintois ne sont pas très accueillants. Ils dédaignent répondre à nos saluts, détournent la tête ou nous fixent d’un regard sans expression. L’affluence de touristes serait-elle la cause d’une si grande indifférence ? Ici pas ou peu de métissage, les autochtones ont la peau et les cheveux clairs. Terre de Haut, île trop sèche pour supporter la culture de la canne à sucre, n’a pas connu la main d’œuvre servile.

Les Saintes  -Anse du Bourg (Terre de Haut)
Nous nous rendons au Fort Napoléon situé au sommet du morne Mire, à 114 mètres d’altitude. Transformé en musée, il relate l'histoire des Saintes et la bataille de 1782 qui a opposé les escadres des amiraux De Grasse et Rodney. La forteresse est assez bien restaurée et entourée de douves non remplies. Le jardin entourant le fort surplombe la baie en arc de cercle des Saintes et son Pain de Sucre, sentinelle avancée veillant sur  Terre  de  Haut.

En début d'après midi nous continuons à entretenir notre forme et prenons la route du sud, celle menant à l’anse à Cointe. Cette anse nichée au pied du fameux Pain de Sucre, berceau du tourisme à Terre de Bas, héberge l’hôtel du Bois joli du nom de la pointe le jouxtant. Cet hôtel fut le premier à être implanté sur l’île en 1969. Bien entendu il a été rénové et modernisé depuis. De la plage les heureux clients peuvent observer en toute quiétude les orgues de basalte du Pain de Sucre. 

Les Saintes - village de Terre de Bas
Le lendemain matin nous larguons le corps mort(1) pour nous rendre à Terre de Bas, beaucoup moins courue que sa sœur saintoise. Aucun voilier n’est mouillé anse Fideling, anse réputée « rouleuse » par houle de secteur Est et Nord-est. La mer n’est pas toujours inhospitalière et aujourd’hui nous accueille avec bienveillance. Nous nous présentons au milieu de cette petite baie et y jetons l’ancre à proximité de barques de pêcheurs. Nous apprécions le calme et la sérénité du lieu et nous en imprégnons silencieusement. Nous saluons un pêcheur coiffé d’un salako, chapeau traditionnel, Il détourne la tête et ignore notre salut. Décidemment les Saintois ne sont guère sympathiques. Nous regrettons la gentillesse et la politesse de Marie-Galantais.
  
 Anse Fideling (Terre de Bas)
Des rafales tournantes, apparemment fréquentes ici, s’engouffrent dans l’anse. Le vent taquin a décidé de jouer avec Philéas et le fait valser au gré de son humeur. Christian préfère rester à bord. Je pars donc seule à la découverte de l’île tout d’abord en direction du village aux habitations beaucoup plus disséminées qu’à Terre de Haut. Puis je me dirige vers Grande Anse d'où j'observe longuement les "grands gosiers", survolant la mer à la recherche d'une proie et plongeant lourdement dans l'eau, technique de pêche "de poids" très surprenante... Un vieux monsieur vient s'entretenir avec moi sur le ballet de ces pélicans. Enfin un saintois cordial !

 

                  Grands Gosiers (pélicans)

Ma carte indique une table d'orientation sur la route du Nord. Sans hésitation, j'emprunte, sous un soleil brulant, cette voie à forte inclinaison. Mes mollets souffriront bien un peu d'exercice. Le détour vaut l'énergie dépensée : le panorama est grandiose ! Je reste comme hypnotisée par cette vue enchanteresse de la baie de l'archipel des Saintes. Face à moi s'étalent en arrière plan de gauche à droite, la Guadeloupe, la Désirade, Marie Galante et la Dominique. Au premier plan l'intégralité de l'archipel des Saintes, de l'îlet Cabrit à l'ouest aux Augustines à l'est, est peinte comme sur un tableau géant. Philéas  est là aussi, à une centaine de mètres sous mes pieds, au mileu de l'anse Fideling, occupé à s'éviter au gré du vent. J'engage la discussion avec un saintois surveillant apparemment ses chèvres. Nous échangeons quelques mots sur la vie  à Terre de Bas et sur les techniques de pêche. Je vais finir par me réconcilier ave les saintois ! S'ils étaient tous comme cela..... 

Archipel des Saintes
Sur le chemin du retour, je fais une halte chez un artisan réalisant des salakos. Il est ravi de me faire découvrir de plus près ce fameux chapeau introduit par des tirailleurs annamites à la fin du XIXème. Fabriqué en fibres végétales de bambou, au bout pointu et originaire d'Indochine, le salako est traditionnellement recouvert de tissu blanc sur le dessus et de  bleu en dessous. Mais il peut également être habillé de tissu madras. 

Salako
Une houle de sud-est rend le mouillage inconfortable. Nous levons l'ancre et allons nous installer au pied de l'ilet Cabrit. Cette petite île n'est aujourd'hui habitée que par des cabris, des poules... et un anachorète vivant d'artisanat. Mais la vie ne fut pas toujours de tout repos sur ce petit bout de terre. Tour à tour pièce maitresse de la défense de la rade contre l'ennemi de par sa position stratégique, prison de femmes puis boite de nuit, il garde encore les stigmates d'une histoire bien particulière. Aujourd'hui le conservatoire du littoral est propriétaire du l'îlet et veille au respect de sa faune et de sa flore.

En fin de journée, une forte houle de nord s'installe et rend l'ensemble des principaux mouillages de l'archipel très inconfortable. Au pied de l'ilet Cabrit nous sommes épargnés et restons là quelques jours en attendant une accalmie pour pousuivre notre route. La côte ouest de Basse Terre, notre prochaine destination, n'offre pas de bon abri par houle de secteur nord. Nous assistons à la fuite des voiliers mouillés au pied du Pain de Sucre, au balancement  incessant de ceux amarrés aux bouées du Bourg des Saintes et à l'arrivée nocturne de plaisanciers ballotés par une houle insupportable n'ayant qu'une envie : trouver un petit coin abrité pour pouvoir dormir.

Retour en Guadeloupe

La mer s'est assagie, les effets du front froid venu du nord se sont dissipés. Nous mettons les voiles pour rejoindre la côte ouest de la Guadeloupe qui sera la dernière étape de notre séjour guadeloupéen. A Petite Anse nous avons rendez-vous avec Claire, copropriétaire du voilier Clara lors de notre rencontre aux Canaries. Rattachée en qualité de membre d'honneur à la transat, par le président de notre club et organisateur du Medatlan, Clara a intégré le rallye  de La Palma à la Martinique. Claire a jeté son sac à terre depuis peu et s'est installée en Guadeloupe. Elle nous accueille à bras ouverts. Nous passons trois journées très agréables en sa compagnie et faisons la connaissance de ses amis fort sympathiques. Avec Georgi nous découvrons la véritable Guadeloupe, pas celle survolée par les touristes. Histoire de l'île, culture guadeloupéenne ou encore phénomènes de société, Georgi est intarissable. Nous prenons plaisir à l'écouter et à échanger avec lui.

Christian et Claire - Petite Anse
Nous quittons Petite Anse pour les îlets Pigeon, mieux connus sous le nom de réserve Cousteau. Claire embarque à bord de Philéas, prête à explorer les fonds sous-marins réputés pour leur beauté. Pendant près de deux heures nous nageons dans un aquarium géant tapissé de coraux aux formes excentriques : corail cerveau, corail balle de golf, corail cierge, corail corne de cerf, corail corne d'élan ou encore corail de feu. L'eau claire laisse s'infiltrer les rayons du soleil qui mettent en exergue les couleurs chatoyantes des poissons perroquets, des chirurgiens bleus, des anges des Caraïbes, des girelles clowns, des demoiselles bicolores pour ne citer que ceux là. 
                  
Le lendemain en milieu d'après midi nous prenons congé de Claire avec regrets et appareillons pour notre dernière escale guadeloupéenne, l'anse Deshaies. Très vite la pluie fait partie du voyage sans y avoir été conviée. Elle est habituellement la bienvenue mais uniquement en soirée ou la nuit pour le dessalage de Philéas..... S'agirait-il d'un quiproquo?

A proximité de la pointe Deshaies nous sommes accueillis par deux dauphins qui nagent devant l'étrave de Philéas et semblent nous indiquer la direction à suivre. Nous ne nous lassons jamais de ces moments privilégiés et en oublions la pluie persistante.

La baie de Deshaies entourée de collines et de montagnes abrite un pittoresque village de pêcheurs où nous nous sommes arrêtés lors de notre tour terrestre de l'île. Nous ne nous y attarderons pas cette fois, notre appareillage pour Antigua est prévu pour le lendemain à l'aube.

http://www.fleursdesiles.net/wp-content/gallery/guadeloupe-deshaies/fleurs-des-iles-88.jpg
Baie de Deshaies

 

                                                                                   



(1) bouée de corps mort : bouée, reliée à une grosse masse de béton posée sur le fond, servant d'amarrage à un bateau


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