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jeudi 26 avril 2012

14 - PHILEAS A ANTIGUA

21 avril 2012 - Objectif  Antigua

Il est 5 heures, l'équipage s'éveille, il est 5 heures Philéas n'a pas sommeil....

Nous remontons l'ancre et quittons le mouillage de Deshaies en silence. Nos voisins dorment encore. Nous faisons route au largue sous grand voile et génois par vent d'est force 2 à 3. Philéas file une moyenne de 6 nœuds et s'éloigne du bassin de navigation guadeloupéen. Nous nous retournons pour saluer une dernière fois la Guadeloupe qui a su nous retenir plus d'un mois dans ses eaux. Le transit vers Antigua, notre nouvelle destination est agréable. Le vent est régulier. Les cirés bien rincés par les grosses averses d'hier soir restent suspendus bien au sec.


Approche d'Antigua
En fin de matinée nous discernons les contours d'Antigua. Un spectacle d'une rare beauté nous attend aux abords des côtes. Le plan d'eau est maculé de voiles qui défilent sous nos yeux. Et pas n'importe quelles voiles...! Point d'orgue de la saison, la 25ème édition annuelle de “l'Antigua Yacht Regatta” a débuté le 19 avril. Pendant six jours English et Falmouth harbours hébergent de splendides vieux gréements. Ils accueillent la 1ère régate 2012 réunissant de superbes voiliers classiques Chaque année 10 événements d'un tel prestige, témoins d'une époque révolue, sont organisés entre les Caraïbes, l'Amérique du Nord, l'Espagne, l'Italie et la France. La “régate royale de Cannes” clôture la saison en septembre avec le 10ème et dernier rassemblement annuel de cette ampleur.


English harbour
L'Antigua Classic Yacht Regatta s'enorgueillit d'avoir attiré depuis 1988, date de sa création 456 voiliers classiques différents.  La 1ère édition n'en comptait que 7. Un quart de siècle après, une cinquantaine de voiliers d'exception prennent possession du bassin de navigation entre English  et Falmouth harbours.

Philéas approche avec précaution, ralentit l'allure, passe derrière la dernière goélette de la course et s'engage dans la baie en laissant à tribord les fameuses colonnes d’hercule, roches ciselées par l’érosion dans la falaise de Charlotte Point. De taille relativement modeste, elles ne sont visibles qu’à faible distance de l’entrée de Freeman bay.

colonnes d'Hercule

Jumelles à poste, nous ne nous lassons pas d'observer ces voiliers  de caractère toutes voiles dehors. Un tel rassemblement est assez exceptionnel pour s'en émerveiller et mérite à lui seul le déplacement. Les connaisseurs ne rateraient sous aucun prétexte cet événement singulier. Et pourtant lors de la grande parade, les spectateurs ne se comptent pas par centaines. Pas de foule qui se bouscule, contrairement aux voiles de St Tropez (anciennement nioulargue) qui déplacent connaisseurs et profanes en nombre. Nous ne nous en plaindrons pas. Confortablement installés sur Philéas, mouillé dans Freeman bay nous sommes aux premières loges. Nous avons le sentiment d'être des privilégiés et dégustons ces instants magiques avec volupté.


Eilean, ketch bermudien de 22 mètres, conçu et construit en 1936 par un chantier écossais, glisse sur l'eau avec grâce. Nous admirons avec émotion ses lignes sobres et élégantes. Eilean revient de loin. A la voir si pimpante il est difficile d'imaginer qu'elle était condamnée à finir tristement ses jours rongée par les termites au fond de la mangrove antiguane. Sa résurrection, elle la doit à la passion d'un amateur de voiliers de la belle époque. Angelo Bonati, président des fabricants de montres de luxe et  sponsor officiel du défi des yachts classiques Panerai qui a racheté l'épave en 2007 pour la ramener à la vie. 

Après 2 ans et demi de travaux de restauration, les horlogers de Panerai ont su remettre du vent dans les voiles d'Eilean. Méticuleux, les restaurateurs Bonati(1)  ont puisé dans les archives du musée maritime écossais pour se conformer aux plans d'origine de la grande dame. Le défi fut gagné : Eilean, remise à flot en 2009 à la base navale de La Spezia en présence de la petite nièce du constructeur initial, a retrouvé sa splendeur d'antan.

 
La grande Elena nous fait également de l’œil. Goélette traditionnelle de 55 mètres construite et lancée en 2009, elle fut consciencieusement recréée à partir du yacht de 1928 du même nom sur les plans du célèbre Nathanaël Herreschoff. 
 http://www.fky.org/news/sttropez2010-4/14916_2_VST10cb_2249.jpg 
Si les lignes sont fidèles au modèle d'origine, l'intérieur d'Elena a été modernisé (salles de bains, toilettes, climatisation, téléviseurs...) et propose un hébergement de luxe pour 10 personnes maximum (5 cabines doubles).Une bonne adresse pour les amateurs de croisières d'une gamme exceptionnelle.
 
 
Christian a un grand béguin pour Tuiga, un «sublissime»(2) cotre aurique centenaire. Mais chut, ne le répétez pas, Philéas, pourrait être jaloux !

Christian en admiration devant Tuiga

Tuiga commandé  par le Duc  de Medinaceli pour régater contre son sistership Hispania est un cotre franc aurique de 15 mètres, construit en 1909 par le chantier naval William Fife sur le Firth of Clyde en Écosse. En 1994, le prince Albert de Monaco, président du Yacht Club de Monaco, rachète la coque en ruine de Tuiga et la fait intégralement  rénover par le chantier naval Fairlie Restorations. Battant toujours pavillon monégasque il est le voilier amiral du Yacht Club de Monaco.

croisement de"Marie des Isles" et "Tuiga "de Monaco
A l'issue de la grande parade, nous sommes conviés à un apéritif dînatoire organisé au port de Falmouth, une belle occasion de rencontrer d'autres «voileux». Nous nous y rendons avec nos amis autrichiens Helga et Ernst du voilier Nita que nous avons retrouvés Freeman bay. Nous en profitons pour admirer une fois encore les coques ornant le port et leurs gréements subtilement mis en valeur par les projecteurs.


Présentation d’Antigua
 

Antigua est l'une des  îles de l'archipel  Antigua-et-Barbuda. Relativement plate elle occupe une superficie de 280 km2 et compte une population de 72 000 habitants dont 24 000 vivent dans la capitale, Saint John's.


Les principales ressources de l'île sont essentiellement issues du tourisme. Entourée de récifs coralliens, Antigua offre des fonds sous-marins exceptionnels. Ses côtes découpées abritent des plages de rêve. Elles seraient au nombre de 365, une pour chaque jour de l'année si l'on en croit les slogans publicitaires.  De luxueux hôtels bordent les plages de sable blanc. Le yachting est sans conteste le produit phare de la panoplie touristique.  Hauts lieux du yachting, English et Falmouth harbours accueillent  entre autres les fameuses «régates de la semaine d'Antigua» (sailing week) clôturant la saison nautique qui se déroule une semaine après la régate des vieux gréements.

English harbour
English harbour bien protégé par une imposante barrière de corail est l'endroit idéal pour y abriter une flotte. Ce port  a été le bastion de l'escadre anglaise des «îles sous le vent» à la fin du  XVIII° siècle. Les navires de l'amiral  Horacio Nelson pouvaient contrôler toute la zone maritime antillaise.Le port et les installations  de l’arsenal, abandonnés par la Royal  Navy en 1889 ont été restaurés. 

ancien sentier de halage
La maison de l'amiral a été transformée en  musée. Les vestiges de l'ancien sentier de halage, des piliers de pierre, se dressent à proximité  des anciens ateliers hébergeant  aujourd’hui un luxueux hôtel restaurant.  Plus de 200 ans plus tard le repaire de Nelson reste  certainement le lieu le plus réputé d'Antigua.

Napoléon comme vous ne l'avez jamais imaginé !
Nous souhaitons connaître davantage Antigua et nous éloignons des sentiers battus pour découvrir l'Antigua de l'intérieur. Le changement de décor est flagrant. Le niveau de vie des autochtones semble similaire  à celui de la population de la plupart des autres îles antillaises visitées jusqu'à présent. Les 72 000 habitants sont loin de tous profiter des revenus de la manne touristique.


St John's la capitale construite au XVIIème siècle est l'un des plus anciens ports commerciaux des Antilles. L'imposante cathédrale «The divine» est le seul monument d'intérêt. Malheureusement en cours de restauration l'intérieur n'est pas accessible au public. Un marché coloré est installé près du port et une zone «hors taxes» a été aménagée pour les touristes des paquebots qui ne s'attardent pas plus de quelques heures dans la capitale. La ville ne présente que peu d'attraits.

Mercredi 25 avril dans la matinée nous quittons le mouillage agréable et tranquille de  Freeman bay pour nous rendre côte ouest, à Five Islands. Nous jetons l'ancre juste avant la pointe Pearns. Le paysage est magnifique et le site reste peu fréquenté par les plaisanciers. Nous mettons pieds à terre sur une plage déserte, contournons la pointe et débouchons sur une autre baie encore plus jolie. L'eau y est limpide et tente le baigneur. Il n'en fallait pas tant pour que je m'y glisse pour un bain rafraîchissant.

Five islands

Nous ne séjournons que peu de temps dans ce mouillage paradisiaque. Christian a effectué les formalités d'immigration avant de quitter English harbour.  Les autorités locales sont de loin les plus tatillonnes des Petites Antilles. Ils adorent amasser des formulaires redondants et à s'attarder sur des points de détails. Bien entendu ils ne font pas preuve d'une grande amabilité. Fort heureusement notre mouillage à Five Islands clôture notre séjour à Antigua sur une note agréable. 


Nous appareillons demain pour NEVIS.   








(1)     chantier Francesco Del Carlo
(2)     «sublissime» : dixit  Christian, le skipper
 



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