Vendredi 23 mars
2012 - 7 heures du matin – Retour vers La Guadeloupe
Par vent
d’est de force 3, nous laissons derrière nous les îles de la Petite Terre et
faisons route vers la capitale guadeloupéenne. Après une navigation au près,
nous arrivons six heures plus tard en vue du bourg de Gosier. Nous changeons de programme et y jetons l'ancre.
Nous rejoindrons plus tard la marina de Bas du Fort, située à 3 nautiques. Je
viens de lire dans le guide de croisière de Chrys Doyle que le vendredi à
partir de 16h00 est jour de marché. Je souhaite y parfaire notre avitaillement.
Nos
amis d'Athos sont là, mouillés non loin de l’ilet Gosier. Partis une heure
après nous de Petite Terre, ils ont fait route directe, mais au moteur.... Raoul
est fier de nous annoncer qu'il a pêché un beau thazard et nous invite à venir
le partager le soir même. Pendant qu'il nettoie sa prise, nous partons avec
Marie-Ange au marché. Nous y trouvons un panel varié de produits locaux :
fruits et légumes bien sûr mais aussi du boudin créole et des plats locaux qui
ne demandent qu'à être goûtés. Je peux recommander le boudin préparé par
"mamy boudin". Ils sont tout simplement exquis. Quelques stands d'artisanat sont également
déployés.
Nous
sommes à peine de retour sur Philéas que Maéla et Yves de DEO GRATIAS, voilier
medatlantiste passent nous saluer. Nous sommes ravis de les revoir.
Opération
maintenance
Il est
grand temps maintenant d'aller à la marina pour tirer au clair cette histoire
de sail drive. Christian a fait une vidange il y a un mois mais reste inquiet.
Il est fort probable qu'il faille changer le
joint de l'hélice (joint SPI).
Nous accostons donc à la marina du Bas du Fort pour une semaine chargée : dessalage, nettoyage
intérieur, extérieur, lessives et entretien divers (inox à astiquer, annexe et
défenses à rafraîchir...) et quelques travaux de maintenance. Philéas débute sa
période d’indisponibilité pour entretien(1) ! Rien à voir avec
des vacances, les marins le savent bien.
Christian
va s'enquérir de l'avis du technicien de VOLVO
PENTA pour le sail drive. Pas de doute, il faut sortir Philéas de l'eau et
changer le joint SPI. Le technicien
préconise un remplacement tous les ans. La notice technique n'en fait
aucunement mention, nous ne l’avons donc pas fait avant notre départ de Toulon.
Rendez-vous est pris pour une mise à sec en fin de semaine.
La marina
est un lieu de rassemblement de RM. Nous en avons rarement rencontrés autant,
nous les méditerranéens. Ce type de voiliers fréquente davantage les côtes
atlantiques. Bel ami, Pen Gwen déjà rencontrés l'un à Mindelo
et l'autre à la Dominique mais aussi Coquelicot,
nous sommes tous sur le même ponton. Zedibule
quant à lui a pris une bouée en face du ponton mais nous n'avons pas vu son
propriétaire. Les RM semblent avoir rendez-vous aux Antilles cette année !
Lorsque nous évoquons notre problème de sail drive, ni Bel ami, ni Penn Gwen ne
sont informés que le joint doit être changé. La notice du constructeur
mériterait d'être complétée !
Jeudi
29 mars, Philéas met les pieds sur terre (enfin les quilles). L'hélice est
démontée, nettoyée, polie, le joint objet de nos inquiétudes est changé. La
vidange est faite. Nous profitons de ce passage hors de l'eau pour rafraîchir
la coque. L'opération est rapide. Nous avons déjà nettoyé la coque avec
ventouses et éponges il y a une dizaine de jours. Nous ne pouvons que nous
réjouir d'avoir choisi le traitement Océoprotec à base de cuivre. Les algues et
coquillages ne l'apprécient pas et le nettoyage de la coque en est facilité.
Le
capitaine est rassuré, Philéas a retrouvé sa bonne santé. Nous allons pouvoir
passer à la séquence tourisme.
Opération
tourisme
Pont de la Gabarre |
La
forme de la Guadeloupe ressemble à un
papillon comme je l'ai déjà énoncé. La rivière salée, bras de mer séparant les
2 ailes, débouche au sud sur le Petit cul de sac du marin et au nord sur le
Grand cul de sac du marin. S'y aventurer n'est pas un jeu d'enfant pour un
voilier. Le mât ne passe ni sous le pont
de la Gabarre ni sous le pont de l'Alliance reliant les deux ailes et les fonds
dans cette mangrove sont peu profonds. Il faut attendre l'unique ouverture
journalière du pont à 5h00 du matin. Ce
canal est un raccourci intéressant pour rejoindre les îles situées au nord de
l'arc antillais. Notre prochaine destination étant les Saintes situées au Sud,
un réveil aussi matinal ne s'impose pas.
la mangrove |
Aussi
la formule proposée par l'aquarium nous convient tout à fait : une demi-journée
à la découverte de la mangrove et du grand cul de sac du marin. Nous remontons
la rivière salée en bateau à moteur accompagné d'un guide naturaliste, moniteur
de plongée. La traversée est ponctuée de commentaires instructifs et d'arrêts
fréquents pour nous laisser le temps d'observer. Pas de doute une navigation de
nuit avec Philéas ne nous aurait pas permis de contempler cette rivière peu
ordinaire. Nous débouchons ensuite sur un immense lagon fermé par un récif de
corail de 25 km de long. Notre guide se fraye un passage dans ce dédale de madrépores.
Non loin de la barrière corallienne, équipés de
palmes, masque et tuba nous nageons et plongeons dans cet aquarium géant pour
le plus grand plaisir des yeux.
raie |
Séquence "agriculture"
Visite
de la plantation Grand Café. Il ne s'agit aucunement de la production de café
comme son nom pourrait le laisser supposer mais de bananes. L'habitation est
vieille d'un siècle et le domaine s'étend sur une centaine d'hectares. Laurent,
3ème génération de planteurs, nous fait découvrir l'art de cultiver la banane
et visiter la propriété familiale. Les bananes -des Cavendish- sont récoltées lorsqu'elles sont conformes au
cahier des charges de l'acheteur, c'est à dire encore vertes et d'un calibre
pré-requis. Les régimes sont chargés sur des remorques, puis transportés dans
le hangar de tri où ils sont suspendus. Les bananes en sont détachées, triées
manuellement avant d'être lavées et emballées dans des cartons. Toute la
production est destinée à l'exportation vers la métropole.. La banane doit
impérativement arriver encore verte sous peine d'être
refoulée par le grossiste. L'exploitation est gérée de manière à obtenir une
récolte par semaine tout au long de l'année.
tri et lavage des bananes "Cavendish" |
bananes suspendues dans le hangar après la récolte |
Séquence "nature et
civilisation"
L'éco
musée de Guadeloupe présente un arboretum dévoilant une riche collection d'espèces
tropicales dont certaines sont en voie de disparition tels les vanilliers, les
canneliers, les muscadiers, les poivriers... Nous y avons apprécié les
informations sur les utilisations traditionnelles et scientifiques des plantes.
Des scènes de la vie quotidienne d'antan, culture du cacao notamment, y sont
reproduites. Une allée est consacrée à la civilisation caribéenne. Nous
regrettons toutefois un manque d'entretien des vitrines d'exposition et la
longueur de la vidéo portant sur la fabrication du bâton de cacao. Ce musée se
targuant d'être le témoin des traditions ancestrales manque un peu de couleur.
Séquence " halte
gourmande"
Friande
de chocolat, je ne pouvais passer à côté de la maison du cacao sans y faire une
halte. Au cours d'un parcours didactique dans une cacaoyère, l'art de cultiver
le cacao, l'origine du chocolat et sa fabrication sont retracés ici. Le profane
y apprend qu'il existe trois sortes de cacao : le forastero, le criollo et le
trinitario. Le forastero, originaire d'Amazonie, est le plus courant, et
représente plus de 80% de la production
mondiale. Le criollo, originaire d'Amérique centrale, donne un cacao fin mais
fragile car sensible aux maladies et
représente à peine 5% du marché. Le trinitario, espèce hybride originaire de
Trinidad obtenue aux alentours du XVIII° siècle
à partir du croisement du forastero et du criollo constitue le reste du marché.
cacaoyer |
La récolte des cabosses (fruits du cacaoyer) a lieu deux fois par an et dans
les régions très humides la cueillette peut s'étendre toute l'année. Elle
s'effectue lorsque les fruits sont mûrs, la maturité étant estimée à la couleur des cabosses. La cueillette, opération
délicate nécessite dextérité pour détacher le fruit de l'arbre sans endommager
le pédoncule, les fleurs ou les bourgeons afin de ne pas compromettre la
récolte suivante. Les outils utilisés sont le coutelas, le sécateur et
l'émondoir. L'écabossage consiste ensuite à ouvrir le fruit avec une machette
pour en extraire les graines de cacao. Celles-ci sont ensuite séparées du
rachis auquel elles sont rattachées. Cette opération est manuelle. La
fermentation débute 24 heures après l'écabossage et permet à la graine de se
libérer de son mucilage, de provoquer des réactions chimiques et enzymatiques
qui donneront naissance aux précurseurs d'arôme et de couleur chocolat. Le
séchage permet alors de réduire le taux d'humidité des graines de 60 à 8 %. Il s'effectue au soleil avec un brassage
régulier des graines. C'est à ce stade que les grains prennent le nom de fèves
de cacao. Une fois séchées les graines sont contrôlées et triées puis stockées
pour l'exportation ou transformées sur place. La fève peut alors être torréfiée, dépouillée de sa peau, pillée et broyée
pour donner une pâte molle.
cabosses |
La visite
s'achève par un commentaire instructif sur la fabrication de la pâte de cacao
et par une dégustation de chocolat des îles en pur cacao....
Séquence "botanique"
Ouvert
au public depuis le 1er avril 2001, le jardin botanique de Deshaies
est une petite merveille pour les passionnés de nature et les amateurs de
plantes tropicales. 800 espèces végétales et quelques espèces animales (Loris,
perroquets, flamands roses, poissons koï…) ont été introduites sur les hauteurs
du bourg de Deshaies.
Banian - Lori
Dans ce
jardin tout appelle à l’émerveillement et à la détente. Les plates-bandes
s’ourlent d’esthétiques bordures, les sous-bois s’égayent de tapis colorés, les
arbres s’ornent de plantes épiphytes (fougères, orchidées, philodendrons…) et
ressemblent à des jardins suspendus. L’ensemble du site traduit le souci du
détail et reflète le soin apporté à son entretien. Ici l’intérêt botanique
s’associe au plaisir des yeux. Les chemins incitent à la flânerie, des bancs
invitent à profiter des plus beaux points de vue et à rêver.
jardin suspendu
(plantes épiphytes)
fleur
de lune
La
beauté du lieu, idéalement situé, n’avait pas échappé à Michel Colluci alias
Coluche qui en fit l’acquisition en 1979. Michel Gaillard, ami de l’humoriste
et paysagiste d’intérieur, y installa une pépinière en 1985. Mais le décès de
Coluche remet l’avenir de la propriété en question. Michel Gaillard la rachète
en 1991 avec l’intention d’y créer un jardin botanique. Le résultat est
surprenant, le paysagiste a gagné son pari.
ex-villa de Coluche reconstruite en 1993 après le cyclone Hugo |
Après
deux semaines à quai il faut songer à hisser les voiles si nous ne voulons pas
perdre le pied marin.... Notre destination suivante sera l'archipel des
Saintes.
Basse Terre (Guadeloupe) |
(1) l'indisponibilité pour entretien est une période plus communément appelée I.E. dans la marine nationale. Marine à voiles ou marine à moteurs passent par les mêmes contraintes finalement. A ceci près que notre I.E. sera plus courte que celle d'une frégate... Fort heureusement !
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