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mardi 10 avril 2012

12 - PHILEAS EN GUADELOUPE - TOURISME A BASSE TERRE


Vendredi 23 mars 2012 -  7 heures du matin – Retour  vers La Guadeloupe


Par vent d’est de force 3, nous laissons derrière nous les îles de la Petite Terre et faisons route vers la capitale guadeloupéenne. Après une navigation au près, nous arrivons six heures plus tard en vue du bourg de Gosier. Nous  changeons de programme et y jetons l'ancre. Nous rejoindrons plus tard la marina de Bas du Fort, située à 3 nautiques. Je viens de lire dans le guide de croisière de Chrys Doyle que le vendredi à partir de 16h00 est jour de marché. Je souhaite y parfaire notre avitaillement.
Nos amis d'Athos sont là, mouillés non loin de l’ilet Gosier. Partis une heure après nous de Petite Terre, ils ont fait route directe, mais au moteur.... Raoul est fier de nous annoncer qu'il a pêché un beau thazard et nous invite à venir le partager le soir même. Pendant qu'il nettoie sa prise, nous partons avec Marie-Ange au marché. Nous y trouvons un panel varié de produits locaux : fruits et légumes bien sûr mais aussi du boudin créole et des plats locaux qui ne demandent qu'à être goûtés. Je peux recommander le boudin préparé par "mamy boudin". Ils sont tout simplement exquis.  Quelques stands d'artisanat sont également déployés.

Nous sommes à peine de retour sur Philéas que Maéla et Yves de DEO GRATIAS, voilier medatlantiste passent nous saluer. Nous sommes ravis de les revoir.

Opération maintenance

Il est grand temps maintenant d'aller à la marina pour tirer au clair cette histoire de sail drive. Christian a fait une vidange il y a un mois mais reste inquiet. Il est fort probable qu'il faille changer le  joint de l'hélice (joint SPI). Nous accostons donc à la marina du Bas du Fort pour une  semaine chargée : dessalage, nettoyage intérieur, extérieur, lessives et entretien divers (inox à astiquer, annexe et défenses à rafraîchir...) et quelques travaux de maintenance. Philéas débute sa période d’indisponibilité pour entretien(1) ! Rien à voir avec des vacances, les marins le savent bien.

Christian va s'enquérir de l'avis du technicien de VOLVO PENTA pour le sail drive. Pas de doute, il faut sortir Philéas de l'eau et changer le joint SPI. Le technicien préconise un remplacement tous les ans. La notice technique n'en fait aucunement mention, nous ne l’avons donc pas fait avant notre départ de Toulon. Rendez-vous est pris pour une mise à sec en fin de semaine.

La marina est un lieu de rassemblement de RM. Nous en avons rarement rencontrés autant, nous les méditerranéens. Ce type de voiliers fréquente davantage les côtes atlantiques. Bel ami, Pen Gwen déjà rencontrés l'un à Mindelo et l'autre à la Dominique mais aussi Coquelicot, nous sommes tous sur le même ponton. Zedibule quant à lui a pris une bouée en face du ponton mais nous n'avons pas vu son propriétaire. Les RM semblent avoir rendez-vous aux Antilles cette année ! Lorsque nous évoquons notre problème de sail drive, ni Bel ami, ni Penn Gwen ne sont informés que le joint doit être changé. La notice du constructeur mériterait d'être complétée !

Jeudi 29 mars, Philéas met les pieds sur terre (enfin les quilles). L'hélice est démontée, nettoyée, polie, le joint objet de nos inquiétudes est changé. La vidange est faite. Nous profitons de ce passage hors de l'eau pour rafraîchir la coque. L'opération est rapide. Nous avons déjà nettoyé la coque avec ventouses et éponges il y a une dizaine de jours. Nous ne pouvons que nous réjouir d'avoir choisi le traitement Océoprotec à base de cuivre. Les algues et coquillages ne l'apprécient pas et le nettoyage de la coque en est facilité.
Le capitaine est rassuré, Philéas a retrouvé sa bonne santé. Nous allons pouvoir passer à la séquence tourisme.   

Opération tourisme

Pont de la Gabarre
 La forme de la Guadeloupe ressemble  à un papillon comme je l'ai déjà énoncé. La rivière salée, bras de mer séparant les 2 ailes, débouche au sud sur le Petit cul de sac du marin et au nord sur le Grand cul de sac du marin. S'y aventurer n'est pas un jeu d'enfant pour un voilier.  Le mât ne passe ni sous le pont de la Gabarre ni sous le pont de l'Alliance reliant les deux ailes et les fonds dans cette mangrove sont peu profonds. Il faut attendre l'unique ouverture journalière du pont à 5h00 du matin.  Ce canal est un raccourci intéressant pour rejoindre les îles situées au nord de l'arc antillais. Notre prochaine destination étant les Saintes situées au Sud, un réveil aussi matinal ne s'impose pas. 
la mangrove
 Aussi la formule proposée par l'aquarium nous convient tout à fait : une demi-journée à la découverte de la mangrove et du grand cul de sac du marin. Nous remontons la rivière salée en bateau à moteur accompagné d'un guide naturaliste, moniteur de plongée. La traversée est ponctuée de commentaires instructifs et d'arrêts fréquents pour nous laisser le temps d'observer. Pas de doute une navigation de nuit avec Philéas ne nous aurait pas permis de contempler cette rivière peu ordinaire. Nous débouchons ensuite sur un immense lagon fermé par un récif de corail de 25 km de long. Notre guide se fraye un passage dans ce dédale de madrépores. 

Non loin de la barrière corallienne, équipés de palmes, masque et tuba nous nageons et plongeons dans cet aquarium géant pour le plus grand plaisir des yeux.
 

raie
     

                                                              
Plongée au grand cul de sac

 Séquence "agriculture"

Visite de la plantation Grand Café. Il ne s'agit aucunement de la production de café comme son nom pourrait le laisser supposer mais de bananes. L'habitation est vieille d'un siècle et le domaine s'étend sur une centaine d'hectares. Laurent, 3ème génération de planteurs, nous fait découvrir l'art de cultiver la banane et visiter la propriété familiale. Les bananes -des Cavendish-  sont récoltées lorsqu'elles sont conformes au cahier des charges de l'acheteur, c'est à dire encore vertes et d'un calibre pré-requis. Les régimes sont chargés sur des remorques, puis transportés dans le hangar de tri où ils sont suspendus. Les bananes en sont détachées, triées manuellement avant d'être lavées et emballées dans des cartons. Toute la production est destinée à l'exportation vers la métropole.. La banane doit impérativement arriver encore verte sous peine d'être refoulée par le grossiste. L'exploitation est gérée de manière à obtenir une récolte par semaine tout au long de l'année.

tri et lavage des bananes "Cavendish"
bananes suspendues dans le hangar après la récolte 
Séquence "nature et civilisation"

L'éco musée de Guadeloupe présente un arboretum dévoilant une riche collection d'espèces tropicales dont certaines sont en voie de disparition tels les vanilliers, les canneliers, les muscadiers, les poivriers... Nous y avons apprécié les informations sur les utilisations traditionnelles et scientifiques des plantes. Des scènes de la vie quotidienne d'antan, culture du cacao notamment, y sont reproduites. Une allée est consacrée à la civilisation caribéenne. Nous regrettons toutefois un manque d'entretien des vitrines d'exposition et la longueur de la vidéo portant sur la fabrication du bâton de cacao. Ce musée se targuant d'être le témoin des traditions ancestrales manque un peu de couleur.

Séquence " halte gourmande"

Friande de chocolat, je ne pouvais passer à côté de la maison du cacao sans y faire une halte. Au cours d'un parcours didactique dans une cacaoyère, l'art de cultiver le cacao, l'origine du chocolat et sa fabrication sont retracés ici. Le profane y apprend qu'il existe trois sortes de cacao : le forastero, le criollo et le trinitario. Le forastero, originaire d'Amazonie, est le plus courant, et représente plus de  80% de la production mondiale. Le criollo, originaire d'Amérique centrale, donne un cacao fin mais fragile car sensible aux maladies  et représente à peine 5% du marché. Le trinitario, espèce hybride originaire de Trinidad obtenue aux alentours du XVIII° siècle à partir du croisement du forastero et du criollo constitue le reste du marché. 
cacaoyer
La récolte des cabosses (fruits du cacaoyer) a lieu deux fois par an et dans les régions très humides la cueillette peut s'étendre toute l'année. Elle s'effectue lorsque les fruits sont mûrs, la maturité étant estimée à la couleur des cabosses. La cueillette, opération délicate nécessite dextérité pour détacher le fruit de l'arbre sans endommager le pédoncule, les fleurs ou les bourgeons afin de ne pas compromettre la récolte suivante. Les outils utilisés sont le coutelas, le sécateur et l'émondoir. L'écabossage consiste ensuite à ouvrir le fruit avec une machette pour en extraire les graines de cacao. Celles-ci sont ensuite séparées du rachis auquel elles sont rattachées. Cette opération est manuelle. La fermentation débute 24 heures après l'écabossage et permet à la graine de se libérer de son mucilage, de provoquer des réactions chimiques et enzymatiques qui donneront naissance aux précurseurs d'arôme et de couleur chocolat. Le séchage permet alors de réduire le taux d'humidité des graines de 60 à 8 %.  Il s'effectue au soleil avec un brassage régulier des graines. C'est à ce stade que les grains prennent le nom de fèves de cacao. Une fois séchées les graines sont contrôlées et triées puis stockées pour l'exportation ou transformées sur place. La fève peut alors être torréfiée, dépouillée de sa peau, pillée et broyée pour donner une pâte molle.

cabosses
La visite s'achève par un commentaire instructif sur la fabrication de la pâte de cacao et par une dégustation de chocolat des îles en pur cacao....

Séquence  "botanique"

Ouvert au public depuis le 1er avril 2001, le jardin botanique de Deshaies est une petite merveille pour les passionnés de nature et les amateurs de plantes tropicales. 800 espèces végétales et quelques espèces animales (Loris, perroquets, flamands roses, poissons koï…) ont été introduites sur les hauteurs du bourg de Deshaies.


 



                          Banian -   Lori

Dans ce jardin tout appelle à l’émerveillement et à la détente. Les plates-bandes s’ourlent d’esthétiques bordures, les sous-bois s’égayent de tapis colorés, les arbres s’ornent de plantes épiphytes (fougères, orchidées, philodendrons…) et ressemblent à des jardins suspendus. L’ensemble du site traduit le souci du détail et reflète le soin apporté à son entretien. Ici l’intérêt botanique s’associe au plaisir des yeux. Les chemins incitent à la flânerie, des bancs invitent à profiter des plus beaux points de vue et à rêver.
 


    
 jardin suspendu (plantes épiphytes) 

               fleur de lune  
  
                                                                                                                                               

La beauté du lieu, idéalement situé, n’avait pas échappé à Michel Colluci alias Coluche qui en fit l’acquisition en 1979. Michel Gaillard, ami de l’humoriste et paysagiste d’intérieur, y installa une pépinière en 1985. Mais le décès de Coluche remet l’avenir de la propriété en question. Michel Gaillard la rachète en 1991 avec l’intention d’y créer un jardin botanique. Le résultat est surprenant, le paysagiste a gagné son pari.
ex-villa de Coluche reconstruite en 1993 après le cyclone Hugo

Après deux semaines à quai il faut songer à hisser les voiles si nous ne voulons pas perdre le pied marin.... Notre destination suivante sera l'archipel des Saintes.


    
Basse Terre (Guadeloupe)










(1) l'indisponibilité pour entretien est une période plus communément appelée I.E. dans la marine nationale. Marine à voiles ou marine à moteurs passent par les mêmes contraintes finalement. A ceci près que notre I.E. sera plus courte que celle d'une frégate... Fort heureusement !


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