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dimanche 19 octobre 2014

ARCHIPEL DE MADERE

L’ÎLE DE   PORTO  SANTO

Porto Santo n’est pas une destination très courue par les plaisanciers ; les navigateurs en route pour une traversée de l’Atlantique pourraient être tentés d’y faire une escale de repos. Mais à partir d’octobre les vents en décident souvent autrement. Le cap est alors mis sur les îles Canaries plus faciles d’accès. En revanche les habitués, amateurs de quiétude et de simplicité, y séjournent très régulièrement entre le printemps et l’automne. Les infrastructures de l’unique marina de l’île sont basiques mais le personnel y est d’une amabilité et d’un dévouement extrêmes comme bien souvent dans les îles Portugaises. Les services sont rendus sans compter et avec empressement. Quel contraste avec les ports méditerranéens trop courtisés en période estivale où l’amabilité est une option d’autant plus rare que le site est touristique.

Nous garderons longtemps en mémoire l’accueil qui nous a été réservé à notre arrivée à la marina ; une équipe de quai composée de nos amis de Black Niboune, d’équipiers de voiliers en escale et d’un marinier du port nous attendaient sur le ponton pour réceptionner nos aussières et nous amarrer au catway1. Un accostage de rêve,  le manœuvrier Brigitte n’avait pas besoin de se précipiter de la proue à la poupe de Philéas et de sauter sur le quai pour tourner les amarres. Ici l’entraide entre marins n’est pas un vain mot. L’ambiance village prévaut naturellement à la marina.   

Les premiers jours de notre séjour nous ne nous hâtons point nous laissant envahir par cette atmosphère sereine et reposante sans pour autant sombrer dans l’oisiveté. Nous redonnons un coup de jeunesse à Philéas : tâches ménagères, approvisionnement, etc… le tout entrecoupé de discussions sur les pontons, de visites chez les uns et les autres, de repas en commun. Ici le mot précipitation semble avoir été banni du vocabulaire. Nous faisons connaissance dans une ambiance familiale avec le Cherbourgeois Galaad de la fratrie des RM 1050.

A Porto Santo comme à Horta aux Açores les équipages des voiliers en escale immortalisent leur passage en peignant sur les murs bordant les pontons des fresques à l’effigie de leur bateau. Philéas n’a prévu ni peinture ni pinceau, mais surtout n’a pas la main artistique.

Présentation de Porto Santo


Située à environ 40 km au nord-est de Madère, l’île de Porto Santo offrit en 1418 un refuge au capitaine Zarco et à son équipage surpris par une tempête alors qu’ils se dirigeaient vers la côte ouest de l’Afrique. Percevant l’intérêt d’une telle base en plein océan, l’explorateur revint en 1419 revendiquer cette terre sauvage au nom du Portugal. Les premiers colons introduisirent des lapins et des chèvres, qui dépouillèrent Porto Santo de sa végétation. 

Falaises arides de Porto Santo 
Surnommée « l’île dorée » en raison de la couleur désertique de ses paysages et de sa longue plage de sable dorée de plus de sept kilomètres, elle jouit d’un climat méditerranéen très agréable influencé par le Gulf Stream.
 L’archipel de Madère comprend les îles de Madère, de Porto Santo, les Desertas et les Selvagens. Si toutes sont d’origine volcanique, seules Madère et Porto Santo sont habitées. Beaucoup plus aride et plus petite que l’île principale, Porto Santo ne mesure que 11 km de long pour 6 km de large.

La visite de l’île, côté terre, confirme l’aridité du climat constatée depuis la mer. De nombreuses résidences secondaires, la plupart récentes, fleurissent sur Porto Santo à des endroits improbables et sans cachet. L’ensoleillement et la douceur du climat semblent balayer l’absence d’attrait de ses paysages. 

S’agit-il de placements immobiliers comme certains de nos interlocuteurs le laissent supposer ou d’un réel engouement pour Porto Santo ?

Route de Philéas entre Porto Santo et Madère 

L’ÎLE   DE   MADERE

Une fois encore nous sommes aux ordres de monsieur Météo. Un fort vent de sud-ouest est annoncé dans les prochains jours. A la marina le personnel s’empresse d’arrimer les bateaux stationnés à sec. L’archipel est coutumier des forts coups de vent et les dégâts occasionnés par la furie d’Eole et de Neptune n’épargnent pas les marinas. Il est grand temps d’appareiller pour rejoindre Madère si nous voulons éviter d’être bloqués à Porto Santo pour 6 jours supplémentaires.
Sur les trois marinas de l’île principale une seule accepte de nous recevoir ; celle de Funchal la capitale est complète, celle de Quinta do Lorde  au sud de Madère se ravise après avoir validé notre réservation et à Calheta Philéas est le bienvenu mais l’accueil de notre ami Black Niboune, plus grand que notre RM, fait l’objet de négociations. Une fois sur place nous comprenons aisément la situation ; Calheta a été ravagée par une forte tempête en février 2010 engendrant d’importants dégâts matériels aux infrastructures et aux voiliers amarrés : d’énormes vagues déferlèrent par-dessus les digues de protection du port, une solide houle  entraîna de tels remous que les pontons et les taquets s’arrachèrent. Depuis aucun travaux de restauration n’a été engagé ;  catways et pontons montrent toujours des signes de faiblesse. La marina a dû avoir maille à partir avec les assurances et est réticente à accepter de grosses unités nécessitant des pontons fiables.

Près de 60 nautiques nous séparent de notre point de destination. Nous appareillons vers 10h30 cap au sud-ouest en tirant des bords au près. La première moitié du trajet Philéas progresse vite sur une mer légèrement agitée. Aux abords de la pointe sud de Madère Eole pris d’un coup de folie, change de direction et toussote. Nous nous éloignons de la côte pour toucher un peu plus de vent. En l’espace de deux minutes le vent s’époumone, la mer se creuse et nous ballote. A la hâte nous prenons un ris dans la grand-voile et troquons le génois contre la trinquette. Philéas gite à 45 degrés. Black Niboune situé à 1 ou 2 nautiques derrière nous est resté à proximité de la côte et  semble naviguer sur une mer paisible toutes voiles dehors. Nous faire secouer par choix n’est pas à vrai dire notre tasse de thé, nous nous rapprochons du littoral pour nous extraire de cette zone tourmentée.

Sud est de Madère
Un peu avant minuit nous embouquons le chenal d’accès très étroit de la marina. Nos amis des voiliers AlexMarie et Atène nous attendent sur les pontons malgré l’heure tardive. Ce soir nous sommes quatre voiliers de la flottille MedHermione en escale à Calheta ; l’ambiance des jours à venir promet d’être animée !

Madère nous voici ! Si en novembre 2011 un coup de vent nous avait interdit l’accès à l’archipel nous avons aujourd’hui l’intention de parcourir l’île en profondeur. Pendant trois jours  nous sillonnons l’île aux tunnels d’un point cardinal à l’autre. 223 tunnels (223 ce n’est pas une erreur…), routes sinueuses et escarpées, des points de vue spectaculaires plongeant tantôt dans la mer tantôt dans des vallées, des fleurs en abondance, telle est Madère. J’imagine la végétation au printemps : un festival de couleurs et de senteurs enivrantes offert avec générosité !

Les tunnels de Madère

A Madère le regard du visiteur prend de la hauteur ; les bananiers poussent à flanc de coteau. Le relief de l’île impose des cultures en terrasses. Les bananeraies abondent sur une grande partie de Madère y compris à Funchal la capitale. L’agriculture à échelle familiale est omniprésente. En revanche le relief escarpé n’est pas propice à l’élevage. Quelques rares bovidés broutent au nord-ouest de l’ile. Les produits laitiers sont importés des Açores.



Abondance de fruits locaux
Le marché des cultivateurs à Funchal vaut le détour. Les étals très colorés regorgent de fruits locaux : bananes-ananas, figues de barbarie, nèfles, anones, goyaves, papayes, mangues, fruits de la passion… Les vendeurs invitent les chalands aux allures de touristes à goûter leurs produits. Les prix de vente s’adaptent à la clientèle touristique ! Les légumes, viandes et poissons achetés essentiellement par les autochtones sont épargnés par cette inflation opportune. Au sous-sol, les poissonniers s’affairent, taillant dans la chair des thons, des espadons et des bonites. Le sabre, présent sur tous les stands, n’a pas une allure sympathique mais ce poisson à chair ferme, blanche et goûteuse est sur la carte de tous les restaurants madériens. Il est généralement servi grillé avec de la banane frite.

Présentation de l’île de Madère

De forme allongée d'est en ouest, Madère s'étend sur environ 55 km de long et 24 km de large et dispose de 160 km de côtes. L'altitude moyenne est de 1300 mètres. Sur la côte sud, à l'ouest de Funchal s'élève le cabo Girao, l'une des plus hautes falaises du monde.
  

De hauts sommets volcaniques séparés par de profonds ravins forment l’essentiel du cœur de Madère. Une différence marquée existe en le nord et le sud. Une importante population cultive les contreforts méridionaux où des toits de tuiles rouges tranchent avec le vert des vignobles et des bananeraies. Au nord les pentes plus arrosées sont densément boisées. Le long de la bande côtière, des terrasses s’accrochent aux flancs abrupts des vallées. En bord de mer des bassins creusés à même la roche constituent des piscines naturelles à eau de mer. Lors de notre passage les vagues déferlaient avec une telle puissance que nous n’avons pas eu le plaisir de nous y tremper.

La forêt de lauriers qui couvrait l'île avant sa colonisation et lui a donné son nom (Madeira signifie "bois" en portugais), a été presque entièrement brûlée par les premiers colons, et seules quelques surfaces dans les vallées au nord de l'île ont été préservées. Aujourd'hui des essences européennes et tropicales apportées par les colons cohabitent avec des espèces endémiques.Le sol volcanique très fertile et l'humidité en montagne favorisent la croissance d'une végétation exubérante, y compris sur des pentes presque verticales.

L'économie de la région repose essentiellement sur l'agriculture et le tourisme (20% du produit national brut). L'agriculture produit des bananes destinées au marché local et métropolitain, des fleurs et le vin de Madère qui jouit d'une grande réputation à l'exportation. L'industrie est peu diversifiée, elle est surtout à caractère artisanal avec la production de broderies, de tapisseries et d'articles de vannerie. La zone franche de Madère concentre des activités financières, industrielles et commerciales assurées par des firmes étrangères attirées par des incitations fiscales avantageuses. L'Union européenne a contribué de façon importante au développement des infrastructures par le moyen de subventions du  FEDER3 . Les travaux très importants d'adaptation du réseau routier -une partie des 223 tunnels notamment- rendus difficiles par la configuration très montagneuse de l'île, ont été financés en grande partie par ces fonds européens.

Notre séjour à Madère va se prolonger un peu. Philéas et ses compagnons de voyage reprendront la mer, d’ici quelques jours, en direction des îles Canaries dès qu’une fenêtre météo favorable  se présentera.




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1 Catway : Un catway est un petit appontement flottant de la longueur d'un bateau amarré, destiné à la circulation des personnes. Le catway est fixé à un ponton ou à un quai.
2 Aussière : Une aussière est un gros cordage employé pour l'amarrage et le remorquage de navires. Elles sont traditionnellement faites de trois torons "commis" entre eux, ce qui signifie "réunis en spirale les uns autour des autres".
3 FEDER : Fonds européens de développement régional crées pour renforcer la cohésion économique et sociale au sein de   l’Union européenne.  



1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Merci pour vos nouvelles et vos photos, bonne navigation vers les Canaries.
    Ici le temps est encore beau, les vacances s'annonce pour moi, je vais en Savoie quelques jours, Raoul me rejoint la semaine prochaine.
    Prenez soin de vous
    Bises les Athos

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